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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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à élever, ils sont forcés de s’arranger comme ils peuvent.
    — Je vais lui recommander de faire appel à Brockley, remarquai-je. On peut vraiment compter sur lui.
    — Il demande au Dr Crichton le plus souvent, expliqua Jennet. Le maître est toujours absorbé dans une chose ou une autre. Je l’entends parler, de temps en temps, et je n’en comprends pas la moitié, mais ça m’émerveille. Quel homme ! Il réfléchit toujours à des choses intelligentes et il n’aime pas qu’on le dérange, alors on s’adresse au Dr Crichton. On a toujours besoin de Thomas aux écuries.
    — Thomas s’intéresse à vous, n’est-ce pas ?
    — Çui-là ?
    Dédaigneuse, Jennet rejeta en arrière sa tête coiffée d’un bonnet blanc.
    — J’ai à peine pointé le bout du nez à la porte de la cuisine qu’il arrive pour m’embêter. Quelle plaie ! J’aimerais bien que le maître l’envoie en commission, quelquefois !
    — Et le Dr Crichton, l’envoie-t-on à Londres ? demandai-je, désinvolte, en enfilant une nouvelle couleur dans mon aiguille.
    Jennet, trop candide, ne s’étonna pas que nous bavardions soudain sur ce ton d’amicale complicité. Pour elle, parler était aussi naturel que respirer.
    — Oui, deux fois depuis que je suis ici. Je crois que ça lui convient. Ça lui donne un peu de repos, loin de ces garçons qui l’ennuient.
    — C’est certain.
    Une vague idée se formait dans ma tête. Je ne savais pas tout à fait où elle me mènerait, et elle ne serait pas facile à pousser jusqu’à son terme. En attendant, je lançai un autre appât, juste pour voir.
    — Jennet, j’ai une petite fille qui vit chez des amis pas très loin de Londres – près de Hampton. Si je voulais lui adresser une lettre et ne pouvais me dispenser de Brockley, trouverais-je un autre messager ? Je ne me rappelle plus qui m’a dit qu’un nommé Dawson avait coutume de rendre ce service aux gens de la région.
    — Dawson ? Oh, lui ! Oui, madame, il y avait bien un Jack Dawson qui venait vendre des couteaux, des aiguilles et des rubans. On disait qu’il portait les lettres contre un peu d’argent, s’il n’avait pas trop à s’écarter de sa route. Je ne m’en suis jamais souciée, ne sachant pas écrire. C’était un drôle de bonhomme, avec un… un visage fermé.
    Jennet possédait un certain sens de l’observation.
    — Je ne l’aimais pas, poursuivit-elle. Un jour, je lui ai demandé d’attendre dans l’entrée pendant que je prévenais le maître, et quand je suis revenue lui dire que Mr. Mason arrivait, il était entré dans la salle à manger. Je jure qu’il écoutait à la porte de la pièce du fond – il y avait des gens qui parlaient derrière, je ne sais pas qui. Il ne s’est pas écarté assez vite en m’entendant approcher. Oui, il était trop curieux. Mais ça fait un bout de temps qu’on ne le voit plus. Paraît même qu’il serait mort.
    — Oh, mon Dieu ! Très bien, Jennet. Je poserai peut-être la question aux Mason. Maintenant, il y a assez de bûches, je pense.
    Elle partit docilement. Je poursuivis mon ouvrage tout en réfléchissant. Ainsi, Dawson écoutait aux portes ! Sa découverte à Lockhill avait donc trait à ce qu’il avait entendu, et non lu ou vu. Je tenais à apprendre ce que c’était, par curiosité, mais aussi parce que cette information revêtait pour moi une importance vitale.
    Je contemplai le feu, les sourcils froncés. Que valait l’idée qui m’était venue en causant avec Jennet ? Ce n’était pas grand-chose, toutefois c’était la seule que j’avais eue jusqu’à présent. Autant l’admettre, je préférais en soupeser les implications que d’entrer à nouveau dans le bureau de Mason. C’était lâche, certes, mais le fait était là.
    D’un petit coup de ciseaux, je finis d’enlever la broderie endommagée du vêtement sur mes genoux. Avec de la concentration, j’aurais terminé dans une demi-heure.
    Quand on tâtonne pour trouver des informations, on ne sait jamais sur quoi l’on va tomber. Auprès de Jennet, j’avais glané un élément intéressant, mais dont je ne discernais pas l’utilité.
    Ou je me trompais fort, ou bien la plus jeune servante de Lockhill repoussait les avances de Thomas le palefrenier, non point tant parce qu’elle ne l’aimait pas (ce que j’aurais compris), mais parce qu’elle était follement éprise de Leonard Mason, dont l’intellect était aussi éloigné du sien que la

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