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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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l’humidité, expliqua messire Paige. Le fleuve est à la fois un bienfait et un fléau. Il porte les navires, mais il engendre ces brumes pestilentielles. Christopher ! Où es-tu ?
    À son appel, un adolescent qui semblait sa réplique juvénile, en beaucoup plus mince, apparut sur la galerie comme par magie et dévala les marches.
    — Voici mon fils. Christopher, voici dame Ursula Blanchard et messire Robert Henderson, amis de Sir William Cecil.
    Christopher s’inclina avec courtoisie, et son père proposa d’un air ravi :
    — Voulez-vous commencer par les damas ? Ils vous sont donc destinés, dame Blanchard, ainsi qu’à votre fille. Comment est l’enfant ?
    — Elle n’a pas encore six ans. Et elle a les cheveux foncés.
    — Elle doit tenir de vous, madame, remarqua Christopher Paige avec politesse.
    — Surtout de son père, je pense. Lui aussi avait les cheveux sombres, et les yeux de ma fille sont marron comme les siens. Les miens sont noisette. Mais elle a le même teint que moi.
    Bernard Paige me dévisageait d’un œil impersonnel, comme si j’étais un ouvrage qu’il cherchait à mettre en valeur. Je compris que sous le flot intarissable de paroles reposait un fonds solide de connaissances.
    — De belles couleurs vives, conclut-il, pensif. Du rose ou de l’écarlate ; du jaune d’or ou du vert émeraude, mais si l’on opte pour le vert, qu’il soit franc. Mieux vaut l’éviter, peut-être. À mon avis, ces nuances crème et fauve que vous portez aujourd’hui ne vous avantagent pas, madame, malgré la qualité de l’étoffe. J’ai d’excellents tissus à seulement vingt-six shillings l’aune.
    Étant habituées aux critères de la cour, Dale et moi accueillîmes cette nouvelle avec stoïcisme, mais Brockley haussa les sourcils.
    — Apporte des exemples des teintes que nous avons mentionnées, Christopher, à l’exception du vert. Messire Henderson, que puis-je vous montrer ? Quelque chose pour votre épouse, peut-être ?
    Rob demanda à voir des brocarts. Christopher, qui se chargeait de la partie la plus active, s’employa à prévenir tout risque d’obésité héréditaire en courant chercher des rouleaux d’étoffe et en apportant une échelle afin d’atteindre les étagères situées juste au-dessous de la galerie. Pendant qu’il s’affairait, je demandai à messire Paige de me montrer ses tapisseries.
    — Messire Henderson pourra choisir ses brocarts et Dale sélectionnera quelques damas afin que je décide à la fin. À moins que cela ne vous ennuie, messire Paige.
    — Bien sûr que non ! déclara le marchand, à nouveau radieux. Par ici, fiston ! lança-t-il au garçon qui surveillait le feu. Viens écouter. Familiarise-toi avec les tapisseries. C’est ainsi qu’ils apprennent, me confia-t-il. En m’écoutant parler aux clients. Maintenant, je vais vous montrer mes trésors.
    Il se dirigea vers le mur le plus éloigné, et je le suivis, honteuse de ma supercherie. L’or qu’il pensait obtenir de moi n’était qu’une chimère, mais je devais continuer à feindre.
    — Je tenais à vous voir, vous en particulier, déclarai-je, car il y a peu, chez Sir William Cecil, j’ai remarqué des copies de La Chasse à la licorne. Il les a achetées chez vous et je me demandais si vous en aviez d’autres. Le tisserand se nommait Hans van Hoorn et l’atelier était celui de Giorgio Vasari, à Florence.
    — Ah, oui ! Je me rappelle que Sir William les a prises. Hélas, van Hoorn ne réalise de tels ouvrages que depuis peu et, si talentueux soit-il, il n’a pu en produire qu’un nombre limité. J’ai acheté tous les siens, ainsi que ceux des autres tisserands travaillant sur des tapisseries similaires. En fait, l’idée est autant la mienne que la leur. Quand je me trouvais à Florence, il y a deux ans, je l’ai soumise au directeur de l’atelier et nous avons conclu un arrangement, aux termes duquel il ferait copier des œuvres célèbres – nous avons convenu d’une liste –, dont je m’engageais à faire l’acquisition. De cette façon, c’était moi qui supporterais le plus grand risque.
    « Le pauvre marchand doit toujours courir des risques, dame Blanchard. Ainsi va la vie ! On prévoit mal les attentes des futurs clients et l’on se retrouve avec des articles qu’il faut vendre à perte. Un navire sombre lors d’une tempête et l’on perd toute sa marchandise, de sorte que les clients vont ailleurs pour, peut-être, ne

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