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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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des gobelets, un flacon de vin et une assiette de gâteaux, tous les ustensiles étant en argent ciselé. Notre hôte nous servit lui-même le vin et recommanda au domestique de s’occuper de nos manteaux.
    Rob s’assit près de moi et murmura à mon oreille :
    — Je me demande s’il réserve à tous ses visiteurs cet accueil chaleureux ! Je sais qu’il me croit fort riche, mais la plupart de ses clients le sont. On dirait qu’il me prend pour la reine Élisabeth, venue sous un déguisement !
    — Il aurait déroulé un tapis bleu sur le ponton ! L’homme que j’ai envoyé pour prendre rendez-vous a certes souligné que vous étiez riche, mais aussi que j’étais une amie des Cecil. Leur nom a fait merveille.
    Paige, s’installant dans un fauteuil sculpté, leva son gobelet :
    — À votre très bonne santé, mes amis ! Sitôt que vous serez bien réchauffés, nous irons dans l’entrepôt où j’expose ma meilleure marchandise. En attendant, expliquez-moi ce que vous cherchez au juste.
    — Plusieurs choses, en fait, répondis-je d’un ton suave. Pour commencer, je voudrais quelques aunes de damas pour faire des robes à ma fille, et aussi pour moi-même. J’espère les choisir aujourd’hui. Mais j’envisage en outre des acquisitions plus importantes. Je vais bientôt louer une propriété, qu’il me faudra redécorer. Je n’achèterai rien avant que le bail ne soit signé, toutefois je veux voir ce que vous proposez. J’aimerais, messire Paige, examiner des tapisseries.
     
    Cecil n’avait pas menti : Paige était capable de disserter sans fin sur sa marchandise. Pendant que nous nous restaurions, notre hôte discourut avec enthousiasme. Il avait des damas et des brocarts de Florence, de Venise, du Levant. Savions-nous que les soieries, désormais, ne venaient pas toutes d’Orient ? L’art des Siciliens n’avait pas son pareil. Quant aux tapisseries, souhaitais-je commander de nouveaux modèles ou en acheter de toutes faites ? Il pouvait passer commande pour moi dans les meilleurs ateliers des Flandres ou d’Italie, mais si je désirais regarder sa réserve de modèles, d’une splendeur incomparable…
    Non sans difficulté, je réussis à placer :
    — En commander de nouvelles demanderait trop de temps…
    À m’entendre, on aurait cru que l’urgence, et non un cruel manque de moyens, était la raison pour laquelle je ne commandais pas des toises de tentures sur mesure.
    — Je suis disposée à acquérir des tapisseries toutes faites, mais de bonne qualité.
    Messire Paige, rayonnant à la perspective d’une belle vente, m’interrompit pour m’assurer que j’étais venue au bon endroit. Il n’avait, dans son entrepôt, que la meilleure qualité. Qu’avais-je en tête ? Des modèles narratifs ? De charmants paysages, tout de verdure et de feuillages, pour les chambres à coucher ?…
    — Des modèles narratifs, dis-je d’un ton ferme, le coupant à mon tour. J’en ai vu récemment deux très belles, des copies de…
    — Vous allez juger sur pièces. Avez-vous fini votre vin ? Alors venez dans ma salle d’exposition ! dit messire Paige.
    Le lieu où il nous conduisit, par un couloir au parquet grinçant et une porte basse, avait de quoi impressionner. Il était aussi vaste qu’une église, aussi coloré qu’un arc-en-ciel. On y voyait une cheminée, une rangée de fenêtres et une série de portails qui donnaient sur le fleuve. Ceux-ci constituaient l’entrée par laquelle les marchandises à peine arrivées pouvaient être hissées d’un navire à l’aide d’un treuil. Les murs étaient cachés par des étagères chargées d’étoffes de toutes les couleurs que Dieu eût inventées, des tapisseries, des tapis, certains roulés sur des cylindres, d’autres exposés en entier.
    Une galerie, à laquelle on accédait par un escalier en colimaçon, permettait d’examiner de près les articles accrochés en hauteur ; sur un côté de la pièce, à un comptoir flanqué de tabourets, les clients pouvaient admirer les marchandises à leur aise.
    L’édifice était en bois, pour l’essentiel, hormis le sol et le pourtour de la cheminée dallés de pierre. Aux rares endroits où les murs étaient visibles, des lambris couleur d’or pâle ajoutaient à ce chatoiement. Pour pallier le jour gris tombant par les fenêtres, on avait installé des lampes. Un feu modeste brûlait dans le foyer, surveillé par un jeune apprenti.
    — Ces merveilles craignent

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