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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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une des coïncidences dont Cecil se méfiait à juste titre ou un pur hasard ? Le Dr Crichton, qui venait d’apparaître sous le porche, me salua brièvement et entraîna les garçons vers la maison.
    — Le Dr Crichton a conseillé à Mr. Mason une bonne école pour ces garnements, m’apprit Mr. Mew. Le prix en est élevé, mais Mr. Mason est résolu à ce sacrifice. Le directeur devrait avoir affaire dans la région, bientôt, et passera ici même voir les garçons. L’école leur fera le plus grand bien. Je les trouvais très difficiles, quant à moi.
    — Vous avez sans doute raison, approuvai-je en entrant dans le manoir avec lui, Dale sur les talons.
    La pièce n’était pas mieux rangée que de coutume ; le berceau se trouvait au milieu et la boîte à ouvrage occupait l’essentiel d’une banquette, à côté d’une pile de linge à raccommoder. Néanmoins, le feu était allumé et il faisait bon. Dale prit ma mante et disparut, puis Jennet nous apporta de l’ale.
    — Nous nous sommes déjà rencontrés, dis-je à Mr. Mew tandis que nous nous désaltérions. Vous venez de Windsor, je crois ?
    — En effet. Je suis horloger. Seriez-vous venue dans mon échoppe, Mrs. Blanchard ? Êtes-vous de mes clientes ?
    — Non, mais je vous ai vu à la cour il y a peu. N’avez-vous pas offert un présent ingénieux à Sa Majesté ?
    — Vous étiez à la cour ? dit Mew, me scrutant avec désarroi.
    — Oui ! N’était-ce pas une petite boîte dont on pouvait remonter le mécanisme afin de jouer un air ?
    — Oh, mon Dieu ! Oh, Mrs. Blanchard !
    Barnabas Mew, pourtant assis sur un tabouret confortable, se tortillait comme si son siège était hérissé de clous et non pourvu d’un coussin moelleux dans une housse brodée.
    — Qu’y a-t-il ? Mr. Mew, qu’est-ce qui vous tourmente ?
    — Ma chère Mrs. Blanchard, depuis votre arrivée, avez-vous fait allusion à ma visite à la cour ou à mon petit jouet musical ?
    J’avais failli en parler un jour, mais Penn m’avait interrompue.
    — Non, pas du tout.
    — Vous m’en voyez soulagé, je l’avoue. Oh, comme c’est embarrassant !
    — Je ne comprends pas. Bien sûr, je n’en ferai pas mention puisque vous le préférez, mais pourquoi ?
    — À cause de Mr. Mason. Seigneur ! Quelle situation difficile ! C’est un grand érudit. Ses traductions, surtout de l’italien et du latin, restent inégalées. Mais il aime aussi s’essayer à toutes sortes d’inventions. Il a souvent de bonnes idées, toutefois il n’est pas très habile de ses mains. Il a fabriqué une épinette, avec mon assistance, mais n’a obtenu qu’un piètre résultat, puis il a essayé d’en inventer une toute nouvelle et… Oh, mon Dieu, mon Dieu ! Il avait réussi à la construire et me l’a montrée, mais, hélas, l’instrument n’avait pas de volume à proprement parler, et possédait une tonalité très plate… Mr. Mason en a été déçu à l’extrême et a fini par le détruire dans… hum, dans son emportement. Les plans étaient parfaits, à mon avis, mais, voyez-vous, il y avait certaines erreurs de montage…
    À bout de souffle, il parut perdre le fil de ses idées. J’émis quelques bruits de gorge encourageants.
    — Et maintenant, reprit l’horloger, il essaie de fabriquer une machine volante. Ces deux ou trois derniers jours, je l’ai secondé de mon mieux. Mais je crains que cette invention ne réussisse pas non plus. J’ai l’avantage d’être un artisan expérimenté : durant des années, j’ai été apprenti chez un horloger qui était également orfèvre. J’ai eu le meilleur des maîtres : sévère, exigeant et qui m’a plus d’une fois fait pleurer pour prix de mes défauts. Mais il connaissait son métier. Avec le recul, je discerne la valeur de chaque dure journée de mon apprentissage. Je suis un homme très simple, Mrs. Blanchard, toutefois mon art n’a plus aucun secret pour moi, et ma petite boîte à musique en est le fleuron. Leonard Mason n’est pas un véritable artisan. S’il apprenait que j’ai pu présenter l’œuvre de mes mains à la reine, devant la cour, eh bien… Il pourrait s’en froisser.
    — Voulez-vous dire qu’il serait jaloux ?
    — Seigneur ! C’est une accusation difficile à porter, mais, oui, jaloux est le terme exact. Je vous en prie, Mrs. Blanchard, ne répétez à personne que vous m’avez vu à la cour et pas un mot au sujet de ma boîte à

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