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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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assassiné. Paul Fenn avait été retrouvé, mort, en aval de Hampton. On pouvait présumer qu’il avait volé le canot dans l’abri à bateau, puis remonté le courant. Windsor se trouvait au nord de Hampton. Était-ce là-bas que le jeune homme s’était rendu ? Les mots « coïncidence » et « Windsor » s’entremêlaient dans mon esprit.
    La coïncidence était double, en fait. Un premier lien entre Lockhill et Windsor était créé par le biais de Jackdaw, et un second, par quelqu’un qui se trouvait à la cour à l’époque où Cecil m’avait informée de la possibilité d’un complot. Quelqu’un avec qui Fenn et Wilkins avaient pu conférer ; un visiteur régulier à Lockhill, susceptible d’avertir que l’on devait se méfier de moi.
    Cela concordait. Trop bien.
    Survinrent des interruptions. Jennet entra pour déposer le petit Henry par terre, en même temps qu’une poignée de cubes en bois. Elle avait bien essayé de le surveiller, dit-elle, mais elle avait trébuché deux fois sur lui pendant qu’elle balayait en haut. Pouvait-il s’amuser ici avec ses jouets ?
    Jennet retourna à son balai, mais, presque aussitôt, la spectrale Tilly fit son apparition pour annoncer qu’elle avait nettoyé la robe marron de sa maîtresse, selon ses instructions, et qu’elle serait peut-être parmi nous au souper. Elle m’adressa un bonjour aussi poli qu’inamical.
    Le matin de mon départ pour Thamesbank, Tilly avait manifesté des signes de rétablissement et j’avais enfin échangé quelques mots avec elle. Peu nombreux, car elle aussi semblait réprouver ma présence, mais je ne pouvais lui imputer de sombres motifs. Je la voyais mal en conspiratrice.
    Je ressentais peu d’enthousiasme à l’idée de Tilly, de l’autre côté de la table, me considérant comme elle eût fait d’un cafard. Ann perçut son hostilité et, sitôt que sa femme de chambre fut partie, elle remarqua sur un ton d’excuse que Tilly avait un caractère difficile.
    — Elle me tourmente plus qu’elle ne m’aide, à présent. Sa vue baisse. Quoiqu’elle distingue ce qui se trouve au loin, elle n’arrive plus guère à coudre. J’aurais besoin d’une autre servante, mais nous ne pouvons nous permettre cette dépense supplémentaire, surtout si nous devons payer les frais de scolarité des garçons. Vous savez qu’il est question qu’ils aillent en pension ?
    — Mr. Mew y a fait allusion quand je suis arrivée.
    — Cela leur fera du bien. Cependant, il nous faut trouver l’argent sans renvoyer Tilly. Elle n’a aucune famille. Et du reste, elle est des nôtres. Enfin, catholique.
    Je cherchais que répondre quand Henry, qui jouait par terre avec ses cubes, m’épargna cette peine en choisissant ce moment pour se cogner la tête contre le coin d’une table. Il retomba sur le derrière en hurlant.
    — Il est fatigué, dit Ann. Je vais les coucher.
    Elle prit les deux enfants dans ses bras et monta, me laissant coudre et réfléchir dans la solitude.
    Enfilant une nouvelle aiguillée, je secouai le pourpoint et tins la couture déchirée entre le pouce et l’index pour qu’elle soit bien droite. Le vêtement était usé mais pratique, chaudement matelassé pour l’hiver et pourvu de poches intérieures. Quelque chose, papier ou parchemin, craqua dans l’une d’elles.
    Je l’en tirai immédiatement, espérant contre toute attente avoir découvert une lettre de Mason à Marie Stuart, qui répondrait à mes questions.
    Il n’en était rien, bien entendu. C’était un bout de papier très ordinaire, plié en quatre ; je vis aussitôt qu’il ne s’agissait pas d’une lettre, mais d’une facture froissée. L’écriture fleurie, tout en boucles et en vrilles, n’était pas facile à lire. En revanche, les mots « À messire Barnabas Mew » s’étalaient fort distinctement en travers de la marge supérieure. Étrange… Comment une facture adressée à Barnabas Mew pouvait-elle se retrouver dans cette poche ? Ce n’était pas l’écriture de Mason, que j’avais vue lors de ma visite écourtée dans son bureau. La sienne était nette et sèche, sans comparaison avec celle-ci.
    Je m’installai à côté de la fenêtre et examinai ma trouvaille de plus près. Je finis par comprendre que la facture concernait des marchandises inhabituelles : du cuivre et de l’étain bruts, en barres. Le nom du fournisseur ne m’évoquait rien et aucune adresse n’était indiquée, toutefois les

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