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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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est pressé, il n’arrivait pas à en tirer une étincelle. Il réussit enfin et, tant bien que mal, nous enfilâmes quelques vêtements : lui une chemise et des chausses, moi une camisole, un jupon et un peignoir. Je murmurai : « Attends qu’ils soient partis avant de t’en aller ! » puis je sortis pour trouver une foule sur le palier. Thomas, échevelé, avait sa chemise à moitié sortie de ses chausses, Redman accrochait un flambeau dans une torchère, Mrs. Logan, derrière lui, brandissait un chandelier à trois branches et Jennet se rua sur moi en criant que Mrs. Mason était allée aider Dale.
    — Elle est malade, et Mr. Brockley qui n’est pas là !
    Thomas l’écarta pour se placer devant moi :
    — Je dors à côté de sa chambre avec les autres palefreniers, madame ! On s’est tous réveillés d’un coup à cause du bruit là-dedans. Comme quelqu’un qui étouffe, essaie d’appeler au secours et se démène. Alors on est entré et on a trouvé Dale seule, à moitié hors du lit…
    Sans plus attendre, je les poussai pour dévaler l’escalier de service, traverser la cuisine et ses dépendances jusqu’à la porte de derrière donnant dans l’écurie. À toute allure, je gravis l’escalier extérieur, cherchant des mains les échelons du haut afin de me hisser plus vite. Je fis irruption dans une première pièce où une lanterne était posée sur la table ; au-delà de la porte donnant sur la chambre, la lumière d’une chandelle vacillait et d’horribles bruits se faisaient entendre.
     
    Ann, en peignoir comme moi, administrait le contenu d’une tasse en étain à Dale, qui haletait et s’étranglait entre deux gorgées. À mon entrée, elle se plia au-dessus d’une bassine. Ann la maintint pour l’empêcher de tomber et, m’apercevant par-dessus sa tête, elle dit avec calme :
    — Je lui fais boire de l’eau salée. À mon avis, ce sera efficace. Mais elle aura besoin d’un remontant.
    Presque toute la maisonnée m’avait suivie et s’était rassemblée derrière moi en haut de l’escalier. Ann ordonna au majordome :
    — Redman, allez chercher du vin fort. Vite ! Tout va bien, Dale, nous sommes avec vous. Voilà, faites ressortir ce qui vous oppresse. Où est allé Brockley, Ursula ? Il était rentré en même temps que vous, aujourd’hui.
    — Je… hum… l’ai à nouveau chargé d’une course. Il m’a fallu le renvoyer à… à Maidenhead. Il passe la nuit là-bas. Oh, Dale, comment est-ce arrivé ? Laissez-moi l’aider, Ann !
    Elle me céda sa place.
    — Il y a encore du sel. Brockley mange ici, quelquefois, et il en garde en réserve. Vous trouverez de l’eau dans ce broc, sur la commode. Ah, Jennet, vous voilà ! Refaites de l’eau salée. Il faut qu’elle évacue tout.
    — Non. Plus d’eau… plus d’eau salée… gémit Dale entre deux haut-le-cœur.
    — Je sais, vous ne pouvez pas le souffrir, mais il faut vous forcer.
    Cela continua longtemps. Jennet ne cessait de dissoudre du sel dans de l’eau, et je m’occupais de Dale avec autant de détermination qu’envers une sœur. Elle était plus qu’une servante pour moi : une amie précieuse. Je lui faisais ingurgiter la solution, la soutenais quand elle vomissait, jusqu’à ce que son estomac fût vide. Sa pâleur cireuse et sa respiration saccadée me terrifiaient encore. Redman avait monté du vin, et quand il nous sembla que Dale n’avait plus rien à rejeter, Ann lui en servit deux doigts et je l’aidai à boire.
    Tous s’en étaient allés. Mason, arrivé en dernier, avait décidé qu’il y avait trop de monde dans la chambre et les avait chassés, même Jennet. Matthew avait eu la délicatesse de ne pas se montrer, non plus que le Dr Wilkins.
    Nous étions toutes trois assises au bord du lit, la malade au milieu.
    — Au moins, remarqua Mason, personne d’autre n’est souffrant ; ce malaise ne peut donc être imputé à la nourriture du souper.
    — Je l’espère bien ! s’indigna Ann.
    — Mais qu’est-ce qui peut l’avoir causé ? demandai-je en portant la coupe de vin aux lèvres de Dale.
    — Je ne sais pas, répondit-elle d’une voix faible. Peut-être pendant le voyage… Nous avons mangé dans des auberges. On n’est jamais vraiment sûr de ce qu’on y sert.
    J’étais tournée vers elle, lui présentant la coupe. Ses doigts glacés se refermèrent sur mon poignet et son regard resta rivé au mien. Ses lèvres remuèrent, formant des mots

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