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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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préoccupe ?
    — Vraiment ! Cela importe-t-il ?
    — Beaucoup. Tu le disais toi-même : je suis ta femme. Je suis en droit de savoir certaines choses.
    — Pour l’amour de Dieu ! L’an dernier, j’ai dû quitter le pays en hâte, si tu t’en souviens ! J’ai abandonné diverses affaires en cours. J’avais laissé des fonds entre les mains de différentes personnes, dont Wilkins, afin d’acquérir des semences, des animaux de ferme, de la pierre et du bois de construction pour Withysham, alors en pleins travaux de réfection. Ces transactions sont restées en suspens, dans un état de confusion. À bout de patience, j’ai voulu démêler moi-même cette situation impossible et, je l’espère, recouvrer une partie de mon argent. Ces explications te suffisent-elles ?
    — Après ce qui s’est passé, soulignai-je tranquillement, peux-tu me blâmer de craindre que tu ne sois une fois encore mêlé à un complot ?
    — Au diable les complots ! Au diable cette passion que tu as pour flairer l’intrigue ! Il n’y a pas d’intrigue ! J’ai un troupeau de vaches dans la pâture d’un autre et une dispute à régler, pour établir si j’ai oui ou non acheté deux chevaux de trait !
    Même dans la lumière tremblotante de la chandelle, je lisais la colère dans ses yeux.
    — Satisfaite ? Cette conversation m’épuise. Nous sommes mari et femme, unis par un prêtre en présence de témoins ! Ursula ! Ursula…
    La première fois, il avait prononcé mon prénom dans un cri d’exaspération. La deuxième, en un gémissement.
    — Ursula…
    La troisième fois, telle une prière.
    Il vint s’asseoir près de la fenêtre, à côté de moi. Je sentais la chaleur de son corps. La nuit, la nappe de lumière jetée par la chandelle nous encerclaient comme pour nous couper du monde.
    — Je suis autant que toi lasse des complots ! assurai-je avec fougue. Pourquoi ne pouvons-nous pas vivre ensemble et être heureux ?
    — Nous le pouvons encore. Maintenant, à cette minute, nous pouvons être heureux.
    Il m’attira dans ses bras et posa ses lèvres sur les miennes. Quand il me souleva pour me porter vers la sombre caverne du lit à baldaquin, je ne résistai pas.
    Il m’y laissa le temps de souffler la chandelle, puis il revint fermer les rideaux d’un coup sec, nous isolant dans une obscurité profonde. À tâtons, nous nous déshabillâmes l’un l’autre, défaisant nœuds et boutons, poussant et tirant jusqu’à ce que nos corps enfin libres se rejoignent sans barrière ni obstacle.
    Au début, notre étreinte fut toute de douceur, de caresses échangées, mais ma trahison demeurait entre nous, et quand la tendresse se mua soudain en passion sauvage, je m’y attendais à demi. Peu m’importait, car mon âme aussi était blessée. Cette sauvagerie, je la ressentais en moi. Qu’il empoigne et meurtrisse ; qu’il presse et qu’il morde. Je pouvais le lui rendre, et avec intérêts. Mes doigts s’enfonçaient dans ses épaules ; mes ongles lacéraient son dos. Mes dents marquaient sa peau lisse et ses muscles durs, et lorsqu’il s’enfonça, mes reins s’élevèrent en réponse, jusqu’à ce que s’anime enfin la flamme purificatrice pour cautériser en nous la rage suppurante et la douleur. Elle s’éleva tel un vent impétueux et nous emporta loin du monde, dans notre paradis perdu.
    Nous nous écartâmes, haletants, épuisés. Et, dans une nouvelle étreinte, cette fois en quête de réconfort, nous cédâmes à ce qui, malgré tout, était encore de l’amour.
    Un peu plus tard, nous étions unis avec douceur et tendresse, dans un plaisir qui crût lentement puis se fondit dans les soupirs et les baisers de la plénitude. Serré contre moi comme dans ces souvenirs tant chéris, sa poitrine contre mon dos incurvé, ses bras autour de moi, il murmura à mon oreille les anciens mots tendres : « Ma petite cuiller à sel ! »
    Nous dormions à poings fermés quand le vacarme éclata. La porte de la cuisine s’ouvrit avec fracas et Thomas, le palefrenier, appela à l’aide de toute sa voix.
     
    Au milieu du brouhaha résonnaient des claquements de portes et des pas précipités. Encore ensommeillés, nous entendîmes quelqu’un tambouriner à ma porte et me hurler de m’éveiller. Je criai « J’arrive, j’arrive, juste un petit instant ! » et je sortis du lit. Matthew, déjà debout, se débattait avec une chandelle et un briquet. Comme toujours lorsqu’on

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