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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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fautes et leur crime.

    Successivement, M e  Tiphaine, notaire de Julie, M e  Bontemps, doyen de la Compagnie, M. Rodollet, écrivain public puis les hommes du Châtelet, Bourdeau, Rabouine et Tirepot, et enfin le docteur Semacgus furent introduits et interrogés par Nicolas et par les trois magistrats. Rien dans ces auditions ne contredit ce qu'avait exposé le commissaire. M e  Tiphaine s'en tint à des excuses accablées ; il demeura coi sur les raisons de son voyage en Hollande et sur son second départ avorté. M e  Bontemps, enveloppé dans une tunique de peau de chat en dépit de la chaleur, exécuta en quelques mots griffants la réputation de son confrère. M. Rodollet exposa ses constatations sur les documents à lui soumis avec un tel soin du détail qu'il ne manqua pas d'ajouter à la perplexité de la commission. Bourdeau relata son enquête. Rabouine et Tirepot les péripéties des filatures et de la suite du piège du palais des Thermes. Enfin vint le tour de Julia, la compagne de Casimir, petite forme sombre tout enveloppée de châles. Nicolas s'approcha d'elle et lui parla doucement.
    — Julia, pourriez-vous nous répéter...
    M. Testard du Lys intervint.
    — Il me paraît déplacé d'entendre dans notre commission un esclave noir. Il y a là un motif impérieux, presque un vice de forme, dont je ne peux me faire le complice.
    Les trois magistrats se lancèrent dans un échange qui parut à Nicolas assez vif, et dans lequel il vit M. de Sartine accompagner ses arguments en martelant de son poing le bois de la table où siégeait la commission.
    — Veuillez continuer, dit-il enfin à Nicolas. La majorité souhaite entendre le témoin.
    — Julia, demanda de nouveau Nicolas, je souhaiterais que vous répétiez ce que vous aviez confié à Awa, il y a un mois.
    La jeune femme commença sur un ton monocorde et dans un français à l'accent un peu chantant.
    — Casimir était très fâché contre Mme Julia, dit-il. Elle ne tenait pas sa promesse de nous libérer en France. Elle ne voulut plus. Il ne savait à quel saint se vouer. Il a failli le dire à M. Nicolas, qui était si gentil avec nous. Bien plus que Madame, si dure parfois.
    — Et pourquoi ne l'a-t-il pas fait ? s'enquit Le Noir.
    — Il disait comme ça, que les deux tourtereaux étaient si liés que ça ne marcherait pas. Quand l'autre, le jeune homme, a commencé à fréquenter la maison...
    — M. von Müvala ?
    — Oui. Casimir lui en a parlé. De fil en aiguille, ce monsieur lui a proposé un marché. Il était amoureux de Madame. Il voulait qu'on lui donne un philtre pour faciliter... enfin, vous comprenez. Il promettait une très grosse somme en or, très grosse, suffisante pour s'échapper. Casimir a longtemps hésité, puis a pensé qu'il n'y avait pas de mal à cela. La nuit de la mort de Madame, il a préparé un lait de poule avec une poudre fournie par M. von Müvala. Celui-ci a demandé aussi une assiette de poulet, puis a exigé de Casimir de soutenir toujours qu'il avait posté une lettre de Madame dans la nuit, sans chercher à comprendre. Un autre homme est venu dans la nuit pour lui ordonner en le menaçant de toujours affirmer qu'il avait vu M. Le Floch dans la cuisine. Nous ne comprenions rien. Ce n'est qu'après avoir découvert Madame morte que la peur nous a pris. Casimir m'a fait promettre de ne rien dire et que lui-même n'avouerait jamais avoir rencontré M. Nicolas. Je crois bien qu'il ne l'a pas fait.
    — Un homme ? dit Nicolas. Un autre homme ?
    — Oui, en grand manteau de pluie et en bottes.
    — Vous le reconnaîtriez ?
    — Non, je ne l'ai pas vu. J'ai juste entendu sa voix, celle d'un homme âgé.
    — M. Balbastre ?
    — Non, la sienne est très aiguë.
    — Avez-vous quelque chose à ajouter ?
    — On pourra retrouver l'argent caché dans notre soupente sous la tapisserie.
    — Plaise à la commission, déclara Nicolas, d'apprendre que des rouleaux de louis ont été découverts encore enveloppés des bandes de papier du contrôle général.
    Il fit un geste ; deux exempts surgirent de l'angle de la pièce, s'approchèrent de la table des magistrats et y déposèrent quatre lourds rouleaux d'or. M. Testard du Lys, dont la réflexion, selon M. de Sartine, suivait toujours la parole au lieu de la précéder, s'exclama en considérant cet amas :
    — Que signifie, selon vous, le fait que ces louis soient encore enveloppés des bandes de papier du contrôle

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