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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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contre M. Le Floch. J'aimerais entendre de votre bouche les arguments qui fondent votre défiance.
    — Loin de moi l'idée d'accuser quiconque ! se récria l'organiste. Je me borne à rapporter les faits. Et les faits, quelques fois, accusent...
    — Depuis quand connaissez-vous le commissaire Le Floch ?
    — Commissaire, ce petit clerc de notaire ? Quelle époque vivons-nous, où les fausses valeurs tiennent le haut du pavé ? Je l'ai rencontré un jour chez M. de Noblecourt, un ami, il y a bien une quinzaine d'années. Nous nous sommes croisés depuis. Votre « commissaire » a surpris la confiance de cet honorable magistrat et s'est installé à demeure, mettant la maison au pillage et escomptant l'héritage de son bienfaiteur, qui ne voit goutte à son manège. Je suis assuré qu'il guignait de la même manière la fortune de Mme de Lastérieux, ma belle amie, en maître fourbe qu'il est.
    Bourdeau jeta un regard inquiet sur Nicolas qui, tête baissée, s'abîmait dans la contemplation des inscriptions d'un étendard poméranien.
    — Vos affirmations sont-elles fondées sur des faits précis ?
    — Qu'a-t-on besoin de faits précis ? La belle Julie n'avait point de secrets pour moi, sachez-le.
    Nicolas toussa, fusillé par un regard indigné de l'organiste.
    — Suggéreriez-vous par là avoir entretenu une liaison avec Mme de Lastérieux ? demanda Bourdeau.
    D'un air vainqueur, Balbastre secoua sa perruque blonde sans répondre et sa tête fut aussitôt environnée d'un nuage de poudre parfumée.
    — Vous ne voulez pas répondre ? Soit, d'autres seront plus loquaces. En dépit de votre peu d'estime pour M. Le Floch, il est de notoriété publique que vous lui parliez.
    — S'il fallait refuser de parler à tous ceux que l'on méprise, on ne pourrait plus sortir. Je daignais répondre à ses saluts. Il me craignait, sans doute. Il est vrai que j'ai quelque influence à la Cour et à la ville. La dauphine requiert souvent mes services.
    — Un homme aussi introduit que vous, maître, doit bien connaître les habitués du salon de Mme de Lastérieux.
    — Que oui ! Encore que le soir dont nous parlons, la plupart d'entre eux étaient des inconnus.
    — Tous, fit Bourdeau, ou la plupart ?
    — Il y avait là quatre jeunes gens, de fort bonne mine, qui avaient été présentés par ce gentilhomme suisse, M. Friedrich von Müvala.
    — Ah ! Parlez-nous un peu de celui-là. Que pouvez-nous en dire ?
    Depuis un moment, Bourdeau tentait d'attirer l'attention de Nicolas qui se souvint d'avoir à prendre en note ce qui se disait. Sauf à susciter le soupçon, il devait donner quelque épaisseur à son rôle de greffier.
    — Intéressant gentilhomme, reprit Balbastre. Originaire du Valais, il fait son tour d'Europe. Esprit artiste qui peint à ravir et touche assez bien le piano-forte. Il s'intéresse aussi à la botanique, cherchant à constituer un herbier des différentes régions de l'Europe.
    — Où l'avez-vous rencontré ?
    — M'ayant bousculé un soir au bal de l'Opéra, il a présenté ses excuses avec tant de grâce et déployé une telle connaissance de mon œuvre...
    — Il vous connaissait donc ?
    — Après que nous nous fûmes présentés, évidemment. Je l'ai invité à l'un de mes après-midi musicaux, afin de l'entendre au piano-forte. C'est à cette occasion que je l'ai présenté à Mme de Lastérieux. Il y a de cela deux ou trois semaines.
    Nicolas tendit un petit morceau de papier à Bourdeau qui, après avoir lu, l'enfonça dans sa poche.
    — Vous n'inviteriez pas chez vous, monsieur, quelqu'un que vous méprisez ?
    — Jamais, dit Balbastre en riant, je me contente de le saluer.
    — J'ai pourtant, maître, la certitude que vous avez à plusieurs reprises convié à vos séances M. le commissaire Le Floch. Depuis quinze ans, des dizaines de fois. Il a même fait chez vous une démonstration de bombarde, instrument de sa province natale. Il y a dans tout cela, monsieur, je ne vous le cache pas des éléments contradictoires qui risquent de mettre en cause l'ensemble de votre témoignage. On méprise, on salue, on calomnie, on déprécie, tout cela s'entend encore fort bien, mais inviter chez soi des dizaines de fois, c'est étrange, non ?
    Balbastre s'approcha d'un brasero de fonte rempli de charbon rougeoyant, comme si le froid du sanctuaire l'avait brutalement transi.
    — Monsieur l'inspecteur, je vais tout vous dire. Je ne sais si je peux...

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