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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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si je dois... et quels risques j'encours...
    L'organiste perdait de sa superbe, regardait à droite et à gauche comme une bête aux abois, lorgnait l'entrée de l'escalier, s'enfonçait le long du buffet de l'orgue, cherchant à se confondre avec l'obscurité du fond de la tribune.
    — À vrai dire, reprit-il, je n'ai rien contre M. Le Floch, que je reconnais avoir souvent invité. Peut-être un peu de jalousie pour un jeune homme qui ramasse tous les succès. Rien de bien méchant. Cependant, j'ai reçu ordre, de bien haut, de très haut, de le présenter il y a un an à Mme de Lastérieux.
    — Qui vous a donné cet ordre ?
    — Je ne le puis dire, sur ma vie.
    Il demeurait prostré dans l'ombre.
    — Reste, dit Bourdeau, que vous avez proféré contre M. Le Floch de graves accusations.
    Balbastre eut un sursaut de révolte.
    — Cela vous semble, mais il n'en est rien ! Je n'ai rapporté que la stricte vérité, les choses telles qu'elles se sont déroulées. Cette altercation avec Mme de Lastérieux, chacun a pu l'observer. Il était si furieux, lorsqu'il a quitté la pièce, qu'il m'a bousculé et renversé mon verre sur un pourpoint de soie qui en a été gâté à jamais. Un fou, je n'exagère pas.
    — Et encore ?
    — Pour le reste, je dois à l'honnêteté de dire que je n'étais pas témoin direct. C'est M. von Müvala revenant de l'office où il était allé quérir une bouteille qui m'a confié que Le Floch était de nouveau dans la maison, occupé dans la cuisine à on ne sait quelle pratique et que, surpris, il s'était enfui précipitamment.
    — Y avait-il un autre témoin ?
    — Pas à ma connaissance.
    — Quelle est votre opinion personnelle sur la mort de Mme de Lastérieux ?
    — Je me garderais bien d'en avoir une, ignorant sa cause réelle.
    — Et si je vous disais qu'il s'agit d'un assassinat, quelle serait votre réaction ?
    — La même, monsieur. Je ne veux accuser personne et souhaite seulement que la vérité éclate pour que justice se fasse.
    Il y eut un court silence, puis Bourdeau demanda :
    — Autre chose, à quelle heure êtes-vous rentré chez vous ?
    — J'avais donné congé à mon cocher. Il n'a pas été aisé de trouver un fiacre à cette heure-là. Environ minuit.
    — Qui peut en témoigner ?
    — Vous m'accusez ! s'indigna l'organiste.
    — Je ne vous accuse point, mais tous les participants à ce souper sont par définition suspects. Je suppose que vous ignorez le numéro du fiacre ?
    — Je n'étais pas en état de le noter, si tant est que ce détail puisse jamais m'intéresser ; je n'ai pas l'œil policier.
    — Non, mais vous en avez la plume... Merci, maître, de votre aimable concours. Je rendrai compte à M. le lieutenant général de police des précisions que vous avez bien voulu me confier. J'ai l'honneur de vous saluer.

    Bourdeau, suivi d'un Nicolas toujours voûté, redescendit l'escalier de la tribune. Sur la place du parvis, ils remontèrent dans leur voiture après s'être dégagés non sans difficulté d'une foule de mendiants qui demandaient l'aumône et qu'un coup de fouet du cocher finit par disperser alors que le cheval bronchait face à cette multitude.
    — Drôle de bonhomme, fit Bourdeau quand la voiture s'ébranla. Peut-on lancer autant de méchantes calomnies sans les penser et sans être animé par quelque haine tenace ?
    — Poser la question, c'est y répondre, dit Nicolas.
    — Qu'a-t-il voulu dire par cet ordre venu de très haut ? Pour quelles raisons aurait-on souhaité que Mme de Lastérieux vous fût présentée ? Quel intérêt y avait-il pour cette puissance inconnue à vous jeter ainsi dans les bras de cette intrigante ? De fait, le projet n'a que trop réussi. Sommes-nous encore devant un de ces coups pendables de M. de Sartine, destinés à compléter le tableau qu'il nous a déjà dressé ?
    — Je ne crois pas, répondit Nicolas. Il nous l'aurait avoué, dès alors que le principal était dit. Que je fusse surveillé et contrôlé par manie de tout savoir était le morceau principal. Le fait qu'on m'ait présenté la dame, un petit détail.
    — Alors qui ? Le principal ministre, le duc d'Aiguillon ? Je ne cite pas M. de Saint-Florentin, ministre de la maison du roi, il fait un avec M. de Sartine. Le roi ?
    — Pourquoi pas le pape ou le général des jésuites. Ne vous emballez pas. Balbastre avait l'air terrorisé. Serait-il maçon ?
    — Sartine l'est

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