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L'amour à Versailles

L'amour à Versailles

Titel: L'amour à Versailles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Baraton
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Régence, après quinze ans de frustrations dues à l’influence de Mme de Maintenon, l’esprit est la gaudriole.
    La Cour n’aime plus Versailles. Elle s’y est, péché irrémissible, ennuyée pendant les dernières années du règne. Dorénavant elle s’amuse et médit à Paris. Toutefois, pour le commun des mortels, le domaine représente un lieu inaccessible où ont vécu les rois, les reines, les favorites, le lieu mythique des Plaisirs de l’île enchantée . Or, le parc est vide, gardé par quelques Suisses, pour huit mille hectares, dont on peut aisément tromper la vigilance, voire l’endormir au moyen d’une pièce d’or.
    C'est l’occasion, pour le simple roturier, de séduire quelque jolie roturière qui, charmée par les lieux, grisée à l’idée de jouer à la reine ou la favorite accordera ses faveurs le temps d’une soirée. J’ai tellement vu la chose pratiquée de nos jours par mes hommes lorsque le château et le parc sont fermés, j’ai moi-même, dans les premières années après mon divorce, eu quelques « lundis »(le jour de fermeture du château) suffisamment mémorables pour deviner sans peine ce qui a pu se passer à Versailles entre le départ de la Cour et le retour du roi. On invite la belle à danser dans le bosquet de la salle de Bal, on fredonne, jusqu’à ce qu’elle s’abandonne, jouant sur le rythme pour mieux l’enlacer, on rit d’abord du palais déserté et de la mise en scène que l’on est train de mettre en oeuvre mais, à la fin d’un menuet très serré, on jette un « marquise » qui fait sourire la fille, mais auquel elle a déjà commencé à croire. Si l’on est romantique, on va tout au fond du parc proposer une balade en barque et, après avoir suffisamment ramé, au coeur de l’eau, sur le canal qui chaloupe, on s’approche d’épaules frémissantes à cause du froid qu’il fait toujours au ras de l’eau, pour déposer soit un baiser, soit une main chaude sur la gorge et les bras de la princesse d’un soir. C'est idéal et idyllique : Versailles, encore tiède de la présence du plus grand roi de France, pour soi seul ! On fait promettre de ne rien répéter et on revient, plus complices que jamais, quelques jours plus tard, peut-être avec une autre.
    C'est cette période, où il ne se passe rien ni d’historique ni d’officiel, où Versailles est abandonné, que je préfère et que j’aurais souhaité vivre : le seul moment où j’ai vu Versailles déserté, c’était pendant la tempête de 1999. Versailles étaittriste, affaibli, défiguré, alors qu’après le règne de Louis XIV, le château est à la fois solitaire et splendide. J’aurais aimé connaître ce Versailles silencieux où les seuls murmures sont ceux des animaux dans les allées, ou des quelques couples s’embrassant dans les bosquets.
    Malgré les multiples promesses de secret échangées, la rumeur, selon laquelle le parc et le château sont de vrais paradis d’amour, commence à croître. Au début, comme pour les champignons, seuls les passionnés connaissent les « bons coins », et Versailles garde encore un peu de tranquillité, mais lorsqu’en 1722 le roi, accompagné de la Petite Cour, revient au château, c’est la fin du paradis sauvage. Louis a alors douze ans, nous savons par son médecin que depuis un an déjà, il a l’érection vigoureuse et coutumière mais, comme l’écrit le maréchal de Villars, il ne « tourne point encore ses peu et jeunes regards sur aucun objet », à part peut-être un jeune Iroquois avec lequel il joua à l’Indien d’une manière bien particulière, durant l’été 1716.
    Louis XV séjourne de temps en temps au château, mais sans s’y fixer vraiment, car il le trouve trop malcommode, trop froid, trop grand. Toutefois, nombre de courtisans ne sont pas rebutés par les frimas et les courants d’air, au contraire : ils donneront du piment et apaiseront leur sang chaud.Louis XV n’est pas à Versailles mais il s’en passe de belles dans son château, en son absence. Quand le roi n’est pas là, les souris dansent. Les souris versaillaises sont libertines et, à cette époque, le terme ne désigne plus uniquement les esprits libres, mais les corps.
    Le temps est à l’amour, au sexe davantage. Lorsqu’on s’active, ce n’est pas pour aller à la guerre ou à la chasse, c’est pour finir la journée en joyeuse compagnie. A Paris, le Régent organise des orgies si mémorables que Mme Palatine écrit : «

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