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L'Amour Et Le Temps

L'Amour Et Le Temps

Titel: L'Amour Et Le Temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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qu’il venait de dire, elle le regarda.
    « Me faire injure ! S’il n’y avait eu l’opposition de mon père, ne nous serions-nous pas mariés ! Comment m’auriez-vous traitée, alors ?
    — Je n’y avais jamais songé, avoua-t-il au bout d’un moment. Je n’envisageais pas autre chose que d’être toujours avec vous. »
    Elle l’examinait fixement. « En vérité, Bernard, demanda-t-elle soudain, m’avez-vous jamais aimée, moi ?
    — Voyons, Lise !
    — Moi-même, non pas un idéal dont vous avez vu l’image dans mon apparence ? Un rêve. Vous aimez dans ma personne un rêve. Je ne suis pas pure. Moi aussi, j’ai pensé à vous d’une façon… très charnelle, dit-elle en baissant la voix et les yeux. Pourquoi ne l’eussé-je point fait ? Je ne suis plus candide. Il s’est trouvé un homme qui, malgré son admiration, n’a pas craint de me traiter comme une femme.
    — Claude vous aime mieux que moi, vous le constatez. J’agirais très mal envers vous deux si je vous enlevais à lui, rendez-vous-en compte, Lise. »
    Ils se turent. On entendait le bruit faible et soyeux des jets d’eau par-dessus lesquels le soleil déplaçait les ombres sur la statue de Thérèse en Diane chasseresse. Lise la contemplait, sans la voir ; lui, il contemplait Lise en s’étonnant de la distance que quelques mots avaient mise soudain entre eux. La jeune femme l’abolit brusquement d’un regard, et Bernard pressentit ce qu’elle allait dire.
    « Cette fille vous a repris, n’est-ce pas ?
    — Non, non, protesta-t-il, mal à l’aise. Ne croyez pas cela.
    — Ce n’est pas vrai ?
    — Pas ainsi. Je reconnais que… Mais c’était pour me défendre de vous.
    — Ah ! quelle hypocrisie ! s’écria-t-elle en se levant d’un sursaut. Comment pouvez-vous prétendre !… Avouez donc qu’elle vous plaît, qu’elle vous tient ! Elle vous plaît plus que moi, elle a ce qu’il vous faut. Et vous venez me faire des contes ! Je suis trop pure ! Je suis trop sotte plutôt, mais pas au point de me laisser duper par vos mensonges.
    — Je vous en conjure, dit-il, écoutez-moi. Si je ne vous adorais pas, pourquoi refuserais-je ce que tout homme s’empresserait de prendre ? Vous êtes ravissante, vous le savez bien. Même sans avoir de sentiment pour vous, qui repousserait le plaisir promis par de si doux appas ! Mon amie, ajouta-t-il en lui caressant les mains, ne voyez-vous pas que mon cœur est plein de vous ? De vous seule. Cette tendresse, cette immense tendresse…
    — Oui, sans doute », dit Lise, plus calme. Elle sourit tristement en le dévisageant. Elle portait en elle, comme la nostalgie d’un royaume où elle avait à peine abordé, le souvenir de leur baiser près de l’étang. « Beaucoup de tendresse, Bernard, point de passion véritable. Vous avez toujours eu trop de respect pour moi. Cela ne nous a guère réussi.
    — Qui sait ! Notre sentiment ne serait peut-être pas si fort s’il n’avait rencontré tant d’obstacles.
    — Il y a des moments où j’aimerais mieux qu’il ne soit pas si fort, dit-elle avec des pleurs au bord des cils. Oh ! Bernard, je suis malheureuse ! »
    Elle lui regardait les yeux, les lèvres, se haussait vers lui, plaintive. Ému jusqu’aux larmes lui aussi, il ne put résister. Il la prit dans ses bras avec infiniment d’amour. Elle gémit au contact de sa bouche, puis elle soupira, puis elle se détendit. Il la tenait tout entière contre lui. Il la sentit s’apaiser. Elle respirait calmement, suspendue à ses lèvres. Le trouble en lui faisait place à un éblouissement de douceur et de joie.
    « Oh ! Bernard, mon cher ami, mon cœur », murmura Lise en se détachant pour se serrer contre lui joue à joue. Elle revint à sa bouche, et ce fut de nouveau un inépuisable baiser immobile où ils oubliaient le temps.
    « Mon cher cœur, mon ami chéri, dit-elle ensuite, je voudrais vivre pendue à votre cou !
    — Vous n’êtes plus malheureuse ?
    — Non, oh ! non. Et vous, êtes-vous heureux ?
    — Très. Écoutez, Lise, ma chère amie, jurons-nous que jamais nous ne désirerons autre chose.
    — Quoi ! s’exclama-t-elle. Non. Je désire être votre femme.
    — Vous ne le pouvez pas, dit-il doucement. Parce que vous aimez Claude, qu’il vous aime, qu’il mérite…
    — … toute mon amitié, mon admiration, ma reconnaissance. Je n’ai rien de plus pour lui.
    — Vous le pensez. Oh ! je sais combien vous

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