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L'Amour Et Le Temps

L'Amour Et Le Temps

Titel: L'Amour Et Le Temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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vocation.
    « Dites-moi, Jean, demanda Claude à son beau-frère, connaît-on dans votre milieu un nommé Dulimbert ? Guillaume Dulimbert. Il serait natif de Limoges. Il doit occuper ici quelque poste assez important.
    — Important dans quel genre ?
    — Je l’ignore. En vérité, je n’ai jamais entendu parler de lui, ni jamais vu personne de ce nom dans nos bureaux non plus qu’aux Jacobins. C’est pourtant un personnage ; on l’a choisi, de Limoges, pour présenter la délégation à La Fayette. Je trouve bizarre qu’il y ait à Paris, parmi les patriotes, un Limougeaud haut placé, dont ni Montaudon ni moi ne savons rien. Peut-être le connaît-on au district des Cordeliers.
    — Comment est-il, votre homme ? »
    Claude se tourna vers Bernard. Celui-ci, sollicité par tant de sensations très vives, n’avait plus songé audit Dulimbert. En ce moment, il le revoyait très bien.
    « Des plus étranges, répondit-il, et il le décrivit en détail.
    — Par exemple ! s’exclama Claude, l’homme aux lunettes ! C’est donc cet individu ! Je l’ai rencontré. Tout d’abord à Limoges. Tu ne t’en souviens pas ? dit-il à Lise. Nous revenions de Thias, nous descendions de voiture. Il est tombé en arrêt devant toi. Je l’ai revu à Versailles, une fois, et une seconde avec Montaudon : un soir, peu avant l’insurrection de juillet dernier. Nous nous promenions, l’homme sortait de chez Mirabeau par une petite porte. Il avait un air louche, un air de se dissimuler. J’ai été frappé ensuite par une constatation : le lendemain de cette rencontre, Mirabeau, qui se taisait depuis un certain temps, a brusquement déclenché la manœuvre d’où l’insurrection est sortie.
    Allons donc ! se récria Dubon, vous n’allez pas nous donner Mirabeau pour l’auteur du 14 juillet !
    — Mirabeau et d’autres avec lui, vous le savez fort bien, Jean ; mais surtout d’autres derrière lui. Voilà ce qui m’inquiète. Que peut manigancer à présent un individu de cette espèce dans l’ombre de La Fayette ? Mirabeau et le général auraient-ils partie liée avec la contre-révolution ? Ou, tout au contraire… Ah ! Robespierre, avec ses soupçons universels, n’a pas toujours tort. Vous n’ignorez point que l’Angleterre, l’Espagne, par le canal de certains banquiers, empoisonnent tout avec leur or. Pitt fait sa politique au milieu de la nôtre comme le coucou pond ses œufs dans le nid des voisins. Ce Dulimbert est assurément un agent des puissances. Le brave Nicaut, dans notre province lointaine, n’en sait rien ; je vais l’informer. Tu l’éclaireras, toi aussi, Bernard.
    — En tout cas, déclara Dubon, il n’y a aucun individu d’un pareil aspect parmi ceux que j’approche peu ou prou.
    — S’il y paraît, vous êtes prévenu. S’il se présente aux Jacobins, je me charge de l’exécuter.
    — Un homme comme celui-là, observa judicieusement Gabrielle, doit plutôt fréquenter les sociétés populaires où il a beaucoup plus de moyens d’agir, et ces sociétés ni Jean ni toi ne les fréquentez.
    — Tu as raison, ma sœur. Je parlerai de lui au comité de Recherches. »
    Le quatrième et dernier jour seulement, Bernard et Lise eurent un peu de véritable loisir ensemble. Passant la Seine, ils étaient allés à la promenade du Luxembourg que Lise voulait montrer à son ami. Il connaissait à présent le Palais-Royal, les Tuileries. Ici, on était plus au calme, sous les ombrages où, la chaleur revenue après cette période de pluie si fâcheuse pour la fête, les tonneaux d’arrosage entretenaient une fraîcheur dans les allées. Sur la terrasse, on voyait beaucoup de « bleuets » provinciaux. Pareils à Bernard, ils découvraient Paris. Mal fait encore à tout ce qu’il avait vu et ressenti en si peu de temps, il était distrait malgré le bonheur que lui donnait la présence de Lise. Il l’avait trouvée toujours aussi charmante, plus jolie même s’il se pouvait. À sa fraîcheur, à sa grâce délicate s’ajoutait une sorte d’épanouissement. La nouvelle coiffure sans poudre lui seyait ; rien n’atténuait plus le blond chaud de ses cheveux, lequel, par contraste, éclairant encore son teint, donnait au bleu de ses yeux une nuance plus profonde.
    Dans les Quinconces, assez loin des joueurs de quilles un peu bruyants, des sièges s’offraient, à l’écart. « Ainsi, dit Lise en s’asseyant, nous allons de nouveau nous perdre ! Demain,

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