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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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le comprendre, car il vaut davantage que le sénéchal, et je dois reconnaître qu’il a enduré bien des souffrances à cause de toi. Son dévouement a été mal placé : servir femme ou diable n’est payé que d’une ignoble récompense !
    — Seigneur, répondit calmement la reine, tu peux dire tout ce que tu voudras, mais Dieu sait que Kaï n’a jamais souillé ce lit de son sang. Il m’arrive seulement assez souvent de saigner du nez ! – Que Dieu me garde ! répliqua Méléagant. Quel beau prétexte ! Tu es confondue et tu n’échapperas pas au déshonneur ! »
    Guenièvre, paraissant parfaitement à l’aise, décupla sa colère. Quant à Kaï, qui ne comprenait rien à la situation, il était si indigné qu’il pensa devenir enragé, se disant prêt à défendre sa bonne foi par serment ou par bataille. Méléagant alors envoya chercher son père qui arriva au moment où la reine se levait, et constata que le lit de la reine et celui de Kaï étaient également tachés de sang. « Dame, dit-il d’un ton amer, voilà qui va fort mal, si mon fils dit vrai ! – Roi, s’écria Guenièvre, c’est une histoire folle ! Le sénéchal Kaï est assez courtois et loyal pour mériter qu’on s’en rapporte à lui. Mais ton fils m’accuse d’être une femme perdue qui se vend et se livre à celui qui veut son corps. Vraiment, Kaï n’est pas un homme à réclamer de moi une telle folie, et moi-même, je ne suis pas femme à me laisser faire de cette manière (45) , sois-en persuadé ! »
    Méléagant se tourna vers son père : « Les choses sont claires, dit-il, maintenant, c’est à toi de faire justice, car le sénéchal a trahi ta confiance et la reine est sa complice. – Roi, intervint Kaï, je suis prêt à me disculper quand on le voudra ! – Par Dieu tout-puissant ! s’écria Méléagant, les diables de l’Enfer, les démons en personne t’ont joué un vilain tour, il me semble ! Trop d’ardeur t’a saisi cette nuit ! Tu as peiné à faire la besogne et tes plaies en ont crevé ! La preuve est sous nos yeux, et elle n’est pas sans éclat. Maintenant, il te faudra payer le prix de ta faute ! – Je suis prêt à prouver mon innocence les armes à la main, dit Kaï. – Tu es dispensé de combat dans l’état où tu te trouves », fit le roi. Kaï se redressa fièrement : « Seigneur, avec ta permission et malgré ma faiblesse, je saurai défendre mon droit devant quiconque ! »
    Cependant, la reine avait envoyé une servante chercher Lancelot. Il arriva sur ces entrefaites et quoiqu’il sût parfaitement ce dont il retournait, il se fit expliquer la situation par la reine : « Lancelot, dit-elle, Méléagant vient de m’accuser d’ignominie. À l’en croire, j’aurais accueilli cette nuit Kaï dans mon lit, sous prétexte qu’il a vu mes draps et les siens tachés de sang. Le sénéchal, a-t-il dit, sera convaincu de sa félonie s’il ne peut, contre lui, se disculper par les armes, ou si quelqu’un, prompt à le secourir, n’accepte d’affronter la bataille à sa place. – Ces discours sont inutiles, répondit Lancelot. Je suis prêt à soutenir la cause de Kaï, à condition que les serments soient d’abord échangés. – Qu’à cela ne tienne ! » dit Méléagant. Et il fit apporter les reliques. Méléagant étendit la main et jura : « J’en atteste Dieu et tous les saints, cette nuit, le sénéchal Kaï est venu tenir compagnie à la reine dans son lit et a obtenu d’elle ses faveurs ! » Ce fut au tour de Lancelot : « Moi, dit-il, je récuse en toi un parjure et je réfute cette accusation. J’en atteste Dieu et tous les saints, Kaï n’a pas commis de faute avec la reine ! »
    Baudemagu, une nouvelle fois, se trouvait bien ennuyé par l’affaire. Pourtant, il ne put qu’ordonner le combat entre son fils et Lancelot. Puis, en compagnie de Guenièvre, il alla se placer à l’une des fenêtres de la tour. Les combattants, bien armés et montés sur de bons chevaux, se précipitèrent l’un sur l’autre avec furie, les yeux étincelants, remplis de haine. Les plaies de Méléagant se rouvrirent aussitôt, et Lancelot, mettant la main à l’épée, jeta son bouclier sur sa tête et courut sus à celui qu’il haïssait mortellement. Celui-ci se défendit avec énergie et bravoure, bien qu’il fût fourbe et impitoyable. Mais sa défense n’eut guère de résultat et Lancelot le malmena plus encore que la première

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