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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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trouvait un vieillard aux cheveux blancs qui devait être le seigneur des lieux. Lancelot s’avança vers lui pour le saluer. « Sois le bienvenu, étranger ! » répondit l’homme, remarquant que Lancelot avait la tête et le cou meurtris par le haubert et que sa chemise était fendue là où les mailles avaient cédé. Devinant qu’il avait affaire à un chevalier qui avait été détroussé, il l’invita à le suivre et l’emmena dans sa demeure où il le fit asseoir près de lui. « Que vous arrive-t-il ? demanda Lancelot. Jamais je n’ai vu de visages si désemparés et si tristes. – Ami, répondit le vieillard, je suis le seigneur de tous ceux que tu as vus, le vicomte du pays de Demedi, jusqu’aux frontières de Brefeni. Notre malheur vient d’un chevalier qui réside sur la montagne. À coup sûr, il m’en veut ou plutôt il me hait. Aussi a-t-il, à mes hommes et à moi, causé beaucoup de mal et de honte, s’abritant derrière une noble parenté pour être brigand et vivre de ses rapines. – Je crois bien, dit Lancelot, qu’hier soir, mes pas m’ont conduit chez lui. La racaille qui l’entoure m’a dépouillé de mes armes et volé mon cheval. – Certes, dit le vieillard, ne nous redoutant pas, ils se conduisent comme ils le veulent. Sais-tu s’ils ont parlé de moi ? – Oui, seigneur, me semble-t-il. Il a été question d’un vicomte et d’une fleur très belle, que ce dernier devait leur livrer aujourd’hui si elle ne trouvait pas de chevalier pour la défendre. Fleur Désirée, l’ont-ils appelée, ce qui semblait les réjouir ; mais je n’ai pu en savoir davantage.
    — Hélas ! dit le vieillard, pour ma part, je n’en sais que trop. Fleur Désirée est ma fille, et l’on ne saurait trouver dans tout le pays de créature plus belle et plus sage, plus noble et plus délicate. Le chevalier la veut pour lui, et, pour l’obtenir, me mène une vie d’enfer, s’emparant de tout ce que je possède et maltraitant sans pitié mes gens. Nous n’osons même plus sortir de nos murs. Ainsi, en suis-je réduit aujourd’hui à lui envoyer ma fille sous l’olivier, accompagnée d’un seul chevalier. Si celui-ci ne peut l’emporter sur mon ennemi, il me faudra lui abandonner Fleur Désirée. Or, c’est moi qui l’accompagnerai, car je n’ai trouvé personne pour oser l’affronter. Mieux vaut pour moi avoir la tête tranchée plutôt que lui donner ma fille sans combat. D’ailleurs, je ne pourrais survivre à une telle infamie et préfère mourir que de la voir livrer à son plaisir et à celui de ses hommes.
    — Seigneur, dit Lancelot, avec ta permission, c’est moi qui prendrai ta place pour la défendre. Je ne manquerai pas de courage, je t’assure, car je suis bien décidé à lui faire payer cher l’accueil qu’il m’a réservé hier soir. Sois sans crainte ! Fais conduire ta fille à l’endroit convenu et nous verrons bien. » Ainsi parla Lancelot, et le vieillard en conçut une grande joie. Il lui fournit tout l’équipement dont il avait besoin et, lorsque, armé de pied en cap, Lancelot fut prêt, on lui amena un splendide destrier, aussi vigoureux que rapide. À l’ombre du feuillage, attendait maintenant la jeune fille. Elle était merveilleusement belle et méritait bien son nom de Fleur Désirée : on eût dit une rose tant son corps était gracieux et délicat, sa bouche parfaite, son visage tendre et doux, son teint de nacre légèrement rehaussé de vermeil sur les joues.
    Vint l’heure fixée pour la rencontre. Le vieillard emmena sa fille sur son palefroi, Lancelot sauta d’un bond sur son destrier fougueux. On l’escorta jusqu’à la porte, en grande pompe, à travers toute la forteresse. Un chevalier portait son bouclier, un autre sa lance. Ayant gagné la lande, ils aperçurent les adversaires qui s’y trouvaient déjà. Eux aussi avaient richement armé leur seigneur, et ils se réjouissaient bruyamment, ne doutant pas un instant de l’issue du combat. De part et d’autre, cependant, on s’écarta. Sans trembler, le vicomte prit la blanche main de sa fille, et pour tenir son engagement de naguère, la tendit au maître des brigands en disant : « Seigneur, je tiens parole. Voici ma fille que je t’abandonne, mais je te prie de l’épouser. » L’autre s’esclaffa grossièrement. « Mais elle n’est pas assez noble pour faire une bonne épouse ! ricana-t-il. En revanche, je te l’assure, comme putain, elle fera bien

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