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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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succès. Enfin, à force de se tromper de chemins, il parvint au sommet d’une montagne qui dominait une grande forêt sauvage. Il n’y avait en vue ni village, ni manoir, ni monastère, seulement un étroit sentier qui longeait les crêtes. L’ayant emprunté, il se trouva en bout de course devant une demeure fortifiée, entourée de murailles, de fossés et de palissades fort bien construites. Ainsi protégée, à flanc de montagne, elle paraissait imprenable. Elle était occupée par des voleurs et des pillards, un chevalier du pays, noblement apparenté mais dévoyé, s’y étant installé pour ravager la contrée. Nul d’ailleurs ne pouvait passer par là sans être rançonné, et cela sans relâche. La montagne et la demeure étaient appelées Rude Travers, et le chevalier qui s’était arrogé ce fief avait pour nom Savary.
    Lancelot bien sûr ne savait pas tout cela. Il pénétra dans la place et y trouva nombre de serviteurs et d’hommes en armes. Trois ou quatre jeunes gens se précipitèrent pour prendre soin de son cheval et lui enlever ses armes. Sans appréhension, il entra dans la grande salle où la table était mise et le repas déjà prêt. Il salua le seigneur et demanda l’autorisation de prendre place à la table, ce qui lui fut accordé. Mais s’ils le laissèrent se servir de tous les plats à discrétion, ils ne lui rendirent pas son salut, ce qui l’étonna fort. Aussi répéta-t-il à dessein : « Bonsoir à tous ! » Mais tous continuèrent à se taire. Vinrent sur la table quantité de volailles rôties et de gibier, et des bouteilles pleines de vin vermeil. Ils burent tout leur soûl, s’attardèrent à table, l’esprit bientôt embué par la boisson. C’est alors que le maître de maison prit la parole. « Seigneurs, dit-il à ses compagnons, j’ai parlé au vicomte. Demain, nous aurons Fleur Désirée, il me l’a juré. Dans la lande, sous l’olivier, il la livrera avec un seul chevalier. Si celui-ci ne peut la gagner contre moi, demain soir, nous l’aurons ici. »
    Ces propos parurent fort les réjouir et Lancelot soudain se mit à craindre le pire. Il aurait volontiers demandé des explications, mais il se sentait mal à l’aise, et prit le parti de se taire. Ils parlèrent ensuite de redevances qu’on leur devait, ce qui fit dire au maître des lieux : « Je les fixerai sans discussion possible. Chacun d’entre vous doit donner ce qu’il a gagné aujourd’hui. Quant à notre hôte, il s’en retournera à pied et tout nu ! »
    Apprenant ainsi le sort qui lui était réservé, Lancelot éprouva une violente colère. Mais que pouvait-il faire ? Il était désarmé, et ne pouvait espérer se battre contre tous à mains nues, ils étaient trop nombreux. On l’empoigna alors par les bras pour le déshabiller, quand l’un de ses agresseurs déclara : « Après tout, c’est un chevalier ! Ne le déshonorons pas et laissons-lui ses vêtements. Il nous paie largement avec ses armes et son cheval ! » Ils lui laissèrent donc ses vêtements, puis ils le ramenèrent brutalement au bas de la montagne et l’y abandonnèrent, lui promettant, s’il osait revenir, de lui faire subir bien d’autres avanies.
    Lancelot se retrouva seul, sans armes et sans cheval. Il arracha le pieu d’une haie, et toute la nuit marcha, maugréant contre son sort et maudissant la jeune fille qui l’avait entraîné dans une telle aventure. Au matin, n’ayant rencontré personne, il se trouva, juste au lever du jour, devant une belle forteresse flanquée de puissants ouvrages de défense, et entourée de marécages. La porte était fermée par deux barres, mais un guichet était ouvert. Lancelot s’y engagea et pénétra dans la cour. Là, son étonnement fut grand de n’y trouver que des enfants qui gémissaient et se lamentaient. À la vue de Lancelot, ils eurent si peur qu’ils commencèrent à fuir, mais ce dernier ayant jeté son pieu à terre, ils parurent se rassurer. L’un d’eux, même, vint vers lui et Lancelot lui demanda : « Où sont les gens de ce château, ceux qui y habitent ? – Seigneur, ils sont à l’église, mais je ne sais pas ce qu’ils y font. »
    Comme il se dirigeait du côté qu’on lui indiquait, il vit soudain sortir un cortège d’hommes et de femmes, avec un prêtre et des clercs, qui marchaient tous sans manteau, vêtements retroussés et pieds nus, mains jointes, pleurant et manifestant une grande affliction. En tête, se

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