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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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l’on nommait alors la Table Ronde.
    Le fils du roi Ban descendit de sa monture et se dirigea vers les combattants. Quand il les vit si acharnés l’un contre l’autre, il ne put tenir plus longtemps et s’écria d’une voix forte : « Arrêtez ! Je m’étonne de la violence avec laquelle vous luttez ! Sur mon salut, je vous conjure de vous arrêter et de faire la paix entre vous ! Je vous avertis que si l’un de vous refuse de cesser le combat, l’autre me trouvera à son côté. J’ignore quel est l’objet de votre querelle, mais je ne peux supporter de voir deux braves guerriers se battre comme des chiens enragés ! »
    Les deux hommes furent fort surpris de l’intervention du jeune homme. Ils le regardèrent avec étonnement, le voyant si jeune. Puis l’un d’eux déclara : « Tu as raison, mon garçon, nous ne sommes que deux fanfarons qui nous querellons pour des fadaises. Pour ma part, je ne veux plus me battre. Qui es-tu donc, toi qui viens nous séparer ? – Je suis Fils de Roi. – Eh bien, Fils de Roi, nous sommes tes serviteurs et nous allons jurer de nous réconcilier. » Alors ils lâchèrent leurs épées et tombèrent dans les bras l’un de l’autre. « Merci à toi, Fils de Roi ! Nous allions nous entre-tuer pour des motifs qui n’en valent pas la peine. » Le fils du roi Ban fut tout heureux de les voir réconciliés. Ils s’étendirent sur l’herbe verte et se mirent à parler. Les deux anciens adversaires expliquèrent qu’ils se battaient depuis plusieurs semaines pour savoir lequel des deux était le plus brave et pouvait prétendre au morceau du héros lors d’une assemblée que tenait le roi en ce pays-là (18) . Comme chacun d’eux prétendait être le plus courageux, ils avaient décidé de se battre jusqu’à ce que l’un fût vaincu. « Mais, dirent-ils, nous savons maintenant que tu es plus courageux et plus généreux que nous. Lorsque tu viendras dans notre pays, c’est toi que nous reconnaîtrons comme digne de recevoir le morceau du héros ! »
    Quand ils eurent longuement évoqué leurs aventures, Kuraus dit : « Il faudrait nous préoccuper d’un gîte pour passer la nuit, car nous avons besoin de nourriture et de repos. Je connais, non loin d’ici, un château où nous pourrons être accueillis. On nous procurera tout ce dont nous avons besoin. Mais je dois vous prévenir : l’hôte n’a pas bonne réputation, et l’on prétend qu’il traite cruellement certains de ceux qui passent la nuit chez lui. Sa femme est morte depuis longtemps, mais il a une fille, la plus charmante qu’on ait jamais vue sous le soleil. Il l’aime d’un amour tellement exclusif qu’il la retient dans sa forteresse et qu’il menace de mort tous ceux qui voudraient l’épouser ou en faire leur amie. Cet homme est un puissant forestier, d’une taille et, d’une force hors du commun. Je vous dis tout ce que je sais de lui : il se nomme Galagandreiz, et l’on appelle son château Moreiz (19) .
    Après s’être concertés, les trois compagnons décidèrent d’aller demander l’hospitalité à Galagandreiz, quelles que fussent les aventures désagréables qui pourraient leur arriver. Ils furent reçus de façon fort aimable par le forestier qui était effectivement un homme de taille gigantesque, aux sourcils très épais et à la chevelure très noire. Au cours du souper, ils furent servis par la main de la fille elle-même, qui était en effet parmi les plus belles que l’on eût pu rencontrer dans tout le pays. Elle avait l’œil clair, le teint blanc, les lèvres rouges, les cheveux aussi noirs que le plumage d’un corbeau. Alors qu’elle s’affairait à les servir, elle n’arrêtait pas de jauger du regard les trois jeunes gens, se demandant visiblement quel était le plus beau ou le plus courageux.
    Ils eurent nourriture et boisson en abondance. Quand vint l’heure d’aller se coucher, ce fut Galagandreiz en personne qui conduisit ses hôtes dans une grande chambre où trois lits avaient été préparés. Puis, les ayant aidés à arranger leurs couvertures, il se retira après leur avoir recommandé de dormir sans tarder.
    Mais alors qu’ils attendaient le sommeil en devisant calmement tous les trois, ils virent, dans la pénombre, la fille de Galagandreiz se glisser dans la chambre, silencieusement, comme si elle se savait en faute. Désirant savoir quelles étaient les manières de ces jeunes gens dont elle admirait fort la

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