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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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porte au nez, et tu m’offenses également puisque tu ne daignes même pas me répondre ! »
    À ces mots, le Blanc Chevalier se sentit consterné et honteux. Tirant son épée et la brandissant, il cria au guetteur : « Ne t’avais-je pas dit de laisser entrer ma Dame la reine ? – Seigneur, tu ne m’en as jamais parlé ! » répondit le guetteur. Hors de lui, Lancelot s’écria : « Si tu n’étais si vieux, je te couperais la tête ! Ouvre cette porte, lève la herse et ne t’avise jamais plus de la faire retomber ! » Cela dit, il tourna bride et se sauva au galop vers le palais.
    Le roi, la reine et tous ceux qui étaient venus avec eux entrèrent dans la forteresse de la Douloureuse Garde. Ils franchirent les deux enceintes et pénétrèrent dans les cours où ils virent d’étranges spectacles : à toutes les fenêtres se pressaient dames, jeunes filles, chevaliers et petites gens qui pleuraient à chaudes larmes, dans le plus grand silence. « Certes, murmura Arthur, je suis dedans maintenant mais je n’en sais pas plus que si j’étais resté dehors ! – Seigneur, dit la reine, je ne vois ici que des gens qui souffrent. Espérons que celui qui nous en a tant montré, nous en montrera encore davantage ! » À ce moment, le Blanc Chevalier traversa la cour sur son cheval tout armé, le heaume en tête, la lance au poing et le bouclier argenté à trois bandes vermeilles sur le dos, bien résolu à s’éloigner à tout jamais, ne pouvant supporter plus longtemps la honte de sa conduite. En le voyant partir, tous ceux qui pleuraient silencieusement aux fenêtres se mirent soudain à crier de toutes leurs forces : « Roi Arthur, roi Arthur ! Par pitié, retiens-le ou fais-le prendre par tes gens ! »
    Arthur, qui comprenait de moins en moins ce qui se passait, demanda : « Que voulez-vous ? Pourquoi devrais-je le retenir ou le faire prendre par mes gens ? » Quelqu’un répondit : « C’est par lui seul que peuvent être levés les sortilèges de cette forteresse ! S’il s’en va, nous sommes perdus ! » Le roi alors se précipita vers la porte, mais il était trop tard : le Blanc Chevalier était déjà loin et on le voyait galoper en direction d’une forêt très sombre où il disparut bientôt. Et comme le roi, de plus en plus perplexe, se perdait en conjectures, Saraïde s’approcha de la reine et lui murmura à l’oreille : « Reine Guenièvre, ce chevalier qui se conduit si étrangement se nomme Lancelot du Lac. Il est le fils du roi Ban de Bénoïc. Souviens-t’en, Guenièvre, souviens-t’en… »
    Cependant, Kaï voyant s’enfuir ainsi le Blanc Chevalier, s’était fait armer en toute hâte, et, monté sur son destrier, s’était élancé à sa poursuite. Tout le jour, il chevaucha sans pouvoir le rejoindre, et la nuit le surprit au milieu de la forêt. La pluie s’était mise à tomber, épaisse et drue, et il fut tout heureux, après avoir longtemps erré, d’arriver près d’une maison forte, bien close de fossés profonds et pleins d’eau, cernée de gros chênes très denses. Pensant bien y trouver refuge et pouvoir sécher auprès d’un bon feu ses vêtements et ses armes ruisselants, il s’avança donc à travers les ronces jusqu’au bord du fossé et appela si fort, par trois fois, qu’une jeune fille apparut en haut d’un mur et lui demanda ce qu’il voulait.
    « Douce amie ! dit-il, je suis un chevalier errant, trempé à un point que tu ne peux imaginer. Je voudrais bien avoir le gîte ici, et plus encore pour mon pauvre cheval, car il a galopé tout le jour par un temps exécrable ! – Seigneur, répondit la jeune fille, tous les chevaliers errants qui veulent être hébergés dans cette maison doivent obéir à la coutume. Il faut d’abord qu’ils combattent et soient vainqueurs. S’ils sont blessés ou défaits par le champion qui est ici, ils doivent alors se rendre dans notre prison. En revanche, s’ils sont vainqueurs, sais-tu ce qu’ils gagnent ? Non seulement d’être hébergés ici, mais aussi d’obtenir les faveurs de ma maîtresse et d’en jouir selon leur bon vouloir jusqu’au matin. – Voilà une bien étrange coutume, dit Kaï. – Je n’y peux rien, reprit la jeune fille. Acceptes-tu de combattre ? – Et que faire d’autre ? » s’écria Kaï de fort méchante humeur, maudissant le Blanc Chevalier qui l’avait entraîné dans des aventures qui risquaient de tourner fort mal.
    Aussitôt la

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