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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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porte fut ouverte et des valets vinrent l’aider à descendre de cheval. Puis, la jeune fille qui lui avait parlé du haut des remparts le prit par la main et le conduisit dans une vaste salle où brillaient tant de torches et de chandelles qu’il semblait vraiment que toutes les étoiles errantes du ciel y avaient rassemblé leur clarté. À peine était-il entré qu’un grand et vigoureux chevalier bondit sur lui, l’épée à la main. Mais le sénéchal se méfiait : il repoussa fermement les assauts de son adversaire et le serra si fort dans un angle de la salle qu’il le força à demander grâce. Alors la jeune fille vint de nouveau le prendre par la main, et tandis que les valets emportaient le blessé, elle lui enleva ses armes et l’habilla d’un riche manteau, puis elle le mena dans une autre salle où un bon feu flambait dans la cheminée, et où des tables étaient dressées.
    Kaï s’en alla d’abord devant le foyer où il se réconforta et se sécha. Puis il prit place pour le souper. À son côté, fut placée une jeune femme qui semblait très belle, mais qui était si enveloppée dans un voile qu’on ne pouvait guère distinguer plus que la peau de ses paupières. D’ailleurs, peu lui importait, car il était recru de fatigue et ne ressentait que le besoin de manger et de boire avant d’aller dormir. À la fin du souper, la jeune fille qui l’avait accueilli se mit à chanter des chants très langoureux et doux. Kaï les écoutait à peine, et éprouvait de plus en plus l’envie d’aller s’allonger sur un lit et de sombrer dans un profond sommeil. Sentant qu’il se refroidissait, car sa robe n’était pas sèche, il alla s’asseoir près de la cheminée, le dos et l’épaule tournés vers les flammes, et se sentit si bien qu’il s’endormit bientôt sans s’en rendre compte.
    « Belle et même gentille sœur, dit la jeune fille qui chantait et jouait de la harpe à la femme voilée, voici un chevalier qui ne paraît pas désirer ardemment ce qu’il a gagné en combattant ! » Et elle se mit à rire. La femme lui répondit : « Nul ne fait de plus grandes folies que celui qui se croit sage. Je vais me coucher, ma sœur, mais n’oublie pas ce dont nous sommes convenues, car autrement je serais déshonorée à jamais ! » La femme fit comme elle avait dit. Elle se leva et se rendit dans sa chambre. La jeune fille à la harpe demeura dans la salle jusqu’au moment où le sénéchal se réveilla, très avant dans la nuit. Quand il reprit ses sens, elle lui versa à boire, puis lui fit traverser deux petites chambres dont les murs étaient recouverts de bêtes, d’oiseaux et de poissons peints de toutes les couleurs, et le fit pénétrer enfin dans une troisième pièce où se trouvait un lit très haut qui paraissait bien douillet. « Jeune fille, dit Kaï en riant, ce lit est l’un des plus attirants que j’aie vus depuis longtemps, mais rien n’est plus triste qu’un lit où l’on se retrouve seul ! Tiens la promesse que tu as faite, car je ne veux point que l’aventure soit diminuée à cause de moi pour les futurs chevaliers qui viendront ! – Certes, dit la jeune fille, je tiendrai ma promesse. Sache cependant que tu es le premier qui ait ainsi conquis le gîte et ma maîtresse. L’aventure est désormais achevée. Ceux qui passeront désormais pourront être hébergés sans condition, mais la dame de céans ne sera plus tenue à rien pour eux. – C’est bien, dit Kaï. J’ai l’impression d’avoir fait un gain plus riche encore que je ne le pensais ! » La jeune fille le fit alors passer dans une quatrième chambre, qui était encore mieux ornée que les précédentes. Là, il vit dans un grand lit la plus belle et la plus avenante des femmes, qui paraissait dormir. « Seigneur, que penses-tu de ma maîtresse ? » Kaï se garda bien de répondre, mais songea qu’après tout, il avait bien mérité ce qu’on lui proposait.
    La jeune fille l’aida à se dévêtir, et il se coucha tout nu dans le lit, comme c’était la coutume. La jeune fille à la harpe sortit. Alors Kaï prit la femme dans ses bras et la serra contre lui. Mais elle faisait semblant de dormir profondément, ce qui le lassa vite, d’autant plus qu’il se sentait harassé et désireux de bien dormir. Cependant, un peu avant que l’aube ne se levât, il se réveilla. Sentant la chaleur de sa présence auprès de lui, il se rapprocha de la femme, et elle se laissa faire.

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