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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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expiation de mes fautes –, je vois pourtant les péchés des autres et Montfort était un vil pécheur. Cette femme était sa catin.
    — Connaissez-vous son nom ?
    — Son nom est Légion ! proféra le reclus, car elle est habitée par une multitude de démons. Renseigne-toi ! Montfort était quelqu’un de riche et de cupide.
    — Le roi, déclara Corbett, faisant soudain confiance à son interlocuteur, m’a chargé de rechercher les raisons de sa disparition.
    L’autre éclata d’un rire qui jaillit de la pierre.
    — Il y a autant de raisons que d’étoiles dans les cieux. Montfort ne manquait pas d’ennemis, c’est certain !
    — Comment savez-vous tout cela ?
    — Où crois-tu, scribe, que l’on vienne conspirer et comploter, sinon ici, dans la Maison de Dieu, l’endroit le plus sûr de tous ? C’était le cas pour Montfort. Écoute bien ce que je vais te dire, scribe, car ensuite je n’ouvrirai plus la bouche : Montfort a été assassiné par ses propres frères, ici, dans la cathédrale St Paul. Tu trouveras, dans ce temple de la luxure, des hommes encore plus malfaisants que Montfort, des prêtres qui ont vendu leur âme au Diable ! Je te souhaite bonne chance !
    Le rai de lumière disparut soudain. Corbett comprit que le reclus avait soufflé sa chandelle et ne lui parlerait plus. Il entendit le frottement du morceau de bois ou de pierre que l’ermite remettait dans la fente pour se couper du monde.
    Il revint au centre du choeur et gravit les larges marches du maître-autel. Le silence absolu, effroyable, était retombé dans l’église. Il plaça les mains sur l’autel, s’inclina devant le crucifix suspendu et regarda autour de lui. Il tenta de se mettre à la place de Montfort. Il était debout sur la pierre contenant les reliques ; à ses côtés, ses cocélébrants. L’Agnus Dei venait de s’achever ainsi que l’élévation. Les patènes d’argent que les officiants se passaient le long de l’autel contenaient les parcelles du pain consacré que chacun consommait. Puis c’était le tour du calice de circuler de main en main. Le poison y était-il ? Corbett avait vu, de ses propres yeux, Plumpton boire le contenu du calice. Sans conséquences néfastes. D’autres avaient aussi bu sans dommage. Mais s’il n’y avait pas eu de poison dans le calice, comment Montfort était-il mort ? Plumpton avait-il raison ? Et lui, Corbett, suivait-il une mauvaise piste ?
    Il effleura la gourde sous sa cape ; il l’avait attachée à sa ceinture et elle se balançait légèrement contre sa cuisse. Montfort aurait-il été empoisonné avant le début de la messe ? Il se mordit la lèvre, perplexe, et jeta un coup d’oeil vers la sacristie : la porte en bois massif était verrouillée. Derrière gisait le corps putride du doyen, à présent atteint par la rigidité cadavérique, et encore imbibé du poison qu’il avait absorbé. Corbett revit la scène. La cérémonie s’était achevée juste avant midi, avant que le bourdon de St Paul ne carillonne sexte. Le service divin avait commencé deux heures plus tôt. Si Montfort avait bu le vin empoisonné avant la messe, il l’aurait donc fait à 9 heures, 10 heures du matin ? Mais l’effet aurait-il été si lent ?
    Peut-être Surrey avait-il raison. Peut-être devrait-il laisser tomber cette affaire. Ne poursuivait-il pas un feu follet dans ce marécage plein d’embûches ? Mais il devait bien y avoir une solution ! Quelqu’un, un rival, pouvait, pour se débarrasser du doyen, avoir empoisonné le vin envoyé par le roi, et le poison aurait agi pendant la cérémonie et non pas immédiatement.
    Corbett s’assit sur la plus haute marche et réfléchit rapidement. Trois détails l’intriguaient. Premièrement, en dépit de ses fréquents moments d’inattention pendant la messe, il n’avait pas vu Montfort bafouiller ou faire une erreur ; il n’avait rien remarqué d’inhabituel. Si le doyen avait été victime d’un poison à l’action lente, ne se serait-il pas plaint de douleurs ? Il n’en avait rien été. Deuxièmement, si le poison avait été administré avant la cérémonie, cela avait dû être un produit à l’effet extrêmement lent ; or Corbett, malgré son expérience, n’en connaissait aucun. La plupart étaient d’une rapidité fatale. En tant que magistrat au Banc du Roi {17} il avait assisté à maints procès d’empoisonneurs. Les poisons agissaient en quelques minutes. En fait,

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