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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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c’était souvent ainsi que le (ou la) coupable était arrêté : il (ou elle) n’avait pas eu le temps de quitter le lieu du crime.
    Troisièmement – et là Corbett se félicitait de s’y connaître un peu en loi canonique –, tout prêtre célébrant la messe et recevant la Sainte Communion n’avait ni le droit de manger ni celui de boire passé minuit. L’idée que Montfort aurait absorbé le vin empoisonné la veille, le poison n’agissant que plusieurs heures après, était tout à fait ridicule.
    Les sourcils froncés sous l’effet de la réflexion, Corbett se perdait en conjectures. Celui qui avait manigancé cet assassinat l’avait minutieusement préparé. Mais pourquoi ici ? Pourquoi, si on voulait sa mort, le tuer au vu et au su de tous, du roi, de sa cour, des officiers supérieurs de la Couronne et de la plupart des hauts dignitaires londoniens ? La même question se posait si l’on considérait l’hypothèse d’une tentative d’assassinat sur le monarque. Pourquoi ici, à St Paul, en pleine messe ? Corbett se frotta les yeux. Il était épuisé, las de toute cette affaire. Il se leva et redescendit la nef. Il entendit du bruit, un trottinement léger dans le transept. Il s’arrêta net, sentant la peur panique prête à le submerger à nouveau. S’il allait dans le transept, qu’y trouverait-il ? N’importe qui, une armée même, pouvait se dissimuler dans l’obscurité. Pourtant, si on avait voulu se débarrasser de lui, on aurait pu l’abattre quand il se trouvait en pleine lumière dans le choeur. N’était-ce donc qu’un effet de son imagination ? Il pressa le pas et cria presque de soulagement en ouvrant la porte de la cathédrale et en retrouvant la blancheur de la neige.

 
    CHAPITRE VI
    Le lendemain, Corbett se réveilla bien avant que les cloches de la Cité sonnent l’office de prime. Il avait neigé pendant la nuit, et la matinée s’annonçait grise et brumeuse. Le clerc, qui à présent pouvait s’offrir le luxe de garnir ses fenêtres de carreaux de verre, se félicitait d’avoir installé des vantaux de bois, protection supplémentaire contre le vent toujours impitoyable. Sa chambre était austère, mais spacieuse, et les murs plâtrés s’ornaient de tentures rouges, vertes et bleues en worsted {18} . Un vaste buffet en chêne abritait vaisselle et gobelets. Un banc, un tabouret et une lourde chaise sculptée à haut dossier et appuie-bras où reposait un coussin écarlate entouraient une table sur tréteaux. Corbett avait débarrassé le plancher de la paille et des joncs, source de saleté et de maladie, et acquis à prix d’or un épais et pesant tapis de Perse, qui faisait l’envie de ses rares visiteurs. Mais le meuble principal de la pièce était un grand lit de chêne sculpté, à présent recouvert d’une courtepointe bleu foncé, et fermé par d’amples courtines de serge qui assuraient non seulement une certaine intimité, mais encore une protection contre le froid mordant.
    Le clerc s’empressa d’allumer le brasero, veillant à ce que nulle étincelle ne s’échappe du charbon de bois et ne provoque quelque incendie, puis, avec le même luxe de précautions, il s’occupa de la chaufferette posée sur la table ainsi que du candélabre d’argent dont les quatre bougies tremblotantes donnèrent une faible lumière et une bien maigre chaleur. Ensuite, il tira de sous le lit un coffre renforcé de serrures et fermé à clé qu’il ouvrit pour en extraire ses chausses les plus épaisses, son surcot, ses jambières, une solide paire de bottes, et un baudrier qui datait de sa campagne au pays de Galles. Puis il prit, dans un autre coffre, un long et redoutable poignard gallois et une fine épée qu’il glissa dans leurs gaines. Il se dirigea enfin vers le bassin de toilette et les linges et se lava mains et visage, en pestant à voix basse contre le froid. Il referma soigneusement les coffres et les repoussa sous le lit, puis sortit, sur un dernier regard, après avoir éteint feu et bougies. Il grimpa l’escalier pour se rendre à la soupente de Ranulf.
    Un désordre effroyable y régnait et Corbett eut un sourire sans joie. Il se revit parcourant péniblement l’enceinte de St Paul, la veille, à la recherche de son serviteur ; il avait fini par le retrouver, saoul comme une grive, dans l’une des cuisines extérieures. Ranulf s’était gavé des reliefs du festin et avait bu pichet sur pichet, chantant ses propres louanges ainsi

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