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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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toucher à un seul sou des bénéfices de la cathédrale. Toutes les questions financières étaient de mon ressort. Il me faisait implicitement confiance.
    — Avait-il de la fortune ?
    — Oui, beaucoup.
    — Quelles en étaient les sources ?
    Luce haussa les épaules :
    — Il avait un manoir à Cathall, près du village de Leighton dans l’Essex, mais je n’ai jamais vu ses comptes. Il les tenait lui-même.
    — Des maisons ?
    — Oui, une grande près de Holborn, mais, je le répète, il s’occupait de tout cela lui-même. Ses comptes étaient bien distincts de ceux de la cathédrale.
    — Connaissiez-vous ses amis ? Une femme, en particulier ?
    Luce réfléchit, les yeux plissés.
    — Certes, des commérages, des rumeurs de scandale ont circulé. Je me doute de ce que les autres ont pu vous raconter. J’ai vu cette personne, une créature vêtue de façon vulgaire et ostentatoire, qui le rencontrait souvent dans la cathédrale, mais cela n’a rien de scandaleux, n’est-ce pas ?
    — Non, répliqua sèchement Corbett. Bien. Il ne me reste plus qu’à entendre Messire Blaskett.
    Le jeune secrétaire entra, l’air nerveux ; l’anxiété creusait son visage poupin au teint mat et aux traits réguliers. Il avait enfoui ses mains dans les manches de son habit, comme pour en dissimuler le tremblement. C’est du moins ce que soupçonna Corbett qui le pria de prendre place.
    — Vous étiez le secrétaire du doyen ?
    Baskett répondit affirmativement.
    — C’est vous qui aviez la responsabilité du courrier, je crois ?
    — En effet, c’est moi qui expédiais et contrôlais tous les documents, protocoles, traités et contrats concernant cette cathédrale.
    — Depuis combien de temps occupez-vous ce poste ?
    — Un an.
    — Quelles étaient vos relations avec le doyen ?
    Blaskett baissa la tête et contempla la table. Corbett l’observait.
    — Je vous ai posé une question : quelles étaient vos relations avec Montfort ? Sir Philip Plumpton a insinué qu’il ne se comportait pas comme il l’aurait dû, en tant qu’homme, et à plus forte raison en tant que prêtre.
    Blaskett leva les yeux, battant des cils. Des cils remarquablement longs, nota Corbett, des yeux de fille qui s’emplissaient de larmes à présent. Aurait-il eu la force d’âme d’organiser et de mener à bien un assassinat doublé de sacrilège ?
    — Le doyen, expliqua le secrétaire en choisissant ses mots, était quelqu’un de singulier, de très secret, qui avait d’étranges exigences. Cela fait un an que j’occupe ce poste et je n’ai jamais lu ni rédigé un seul document pour son compte qui pourrait lui être reproché. Pourtant...
    Il s’interrompit.
    — Je ne veux pas dire du mal d’un mort, mais autour de lui régnait comme une atmosphère de corruption. Il se montrait très amical envers moi ; parfois, quand j’étais occupé à écrire, il me caressait les cheveux. J’ai protesté une fois et Plumpton, qui aime à espionner les conversations, a surpris la querelle qui s’est ensuivie.
    — Et ensuite, comment ont évolué vos relations ?
    — Elles sont devenues distantes et protocolaires. Je pense que s’il n’était pas mort...
    Blaskett réfléchit un instant.
    — Je crois que s’il avait vécu, j’aurais été relevé de mes fonctions, j’aurais perdu non pas ma prébende, mais mon poste de secrétaire.
    — Sauriez-vous quelque chose qui pourrait m’aider à résoudre l’énigme de sa mort ? Qui l’a tué ? Quand et comment ?
    — Non.
    Corbett baissa les yeux sur le parchemin où étaient indiquées les positions de chaque célébrant lors de la messe fatidique.
    — Mon père, dois-je vous rappeler que vous fûtes la dernière personne à boire du vin consacré avant que le calice ne fût redonné au doyen ?
    Le regard scrutateur de Corbett s’attarda sur le jeune homme.
    — D’aucuns affirmeraient que cela vous offrait l’occasion d’y verser du poison.
    Blaskett eut un petit rire de dérision.
    — Pour un haut magistrat de la Chancellerie royale, lança-t-il méchamment, vous avez l’esprit particulièrement lent. Vous nous avez posé cette question à tous, et pourtant vous êtes passé à côté d’un fait essentiel.
    — Lequel ?
    La voix de Corbett s’était durcie.
    — Après que l’on eut interrompu l’office divin et transporté le corps de Montfort dans la sacristie, je crois savoir que vous avez examiné le calice et les

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