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L'ange de la mort

L'ange de la mort

Titel: L'ange de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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autres objets liturgiques se trouvant sur l’autel.
    — En effet.
    — Moi aussi, j’ai jeté un coup d’oeil à ce calice ensuite. Avez-vous décelé des traces de poison dans le vin consacré ?
    — Non.
    — Alors comment aurais-je pu en verser dans un calice dont Montfort se serait servi, mais qui n’aurait montré ensuite aucun signe d’empoisonnement ? Il y a là une contradiction, Messire, qu’à mon avis vous devriez essayer de résoudre avant d’insinuer que j’ai glissé du poison dans un calice pendant la messe, quelle que fût mon animosité envers Montfort.
    Corbett le dévisagea. L’aspect assez efféminé et même enfantin du jeune homme n’était qu’un masque. En fait, c’était probablement le plus perspicace de ceux qu’il avait interrogés et le problème qu’il soulevait semblait insoluble. Si le calice avait été empoisonné, pourquoi Corbett n’en avait-il trouvé aucune trace ? Il réfléchit quelques instants à ce point délicat avant de poursuivre son interrogatoire :
    — Mon père, ne peut-on imaginer que dans la confusion et le chaos qui suivirent la mort de Montfort, quelqu’un ait posé un autre calice sur l’autel ?
    Le chanoine éclata de rire.
    — Que dites-vous ? Qu’il y aurait deux calices identiques ? Mais celui-là appartenait en propre à Montfort. Il n’existe pas dans notre inventaire ou dans les biens de cette église de calices qui lui soient semblables. Ainsi, d’après vous, pendant que l’on s’affairait dans le choeur autour du corps de Montfort et qu’ensuite on l’emportait dans la sacristie, quelqu’un serait venu enlever le calice contenant le vin empoisonné pour le remplacer par un autre ? Sans que nul ne remarque rien ? Cet individu aurait donc eu un calice tout prêt à échanger. Cela me semble parfaitement invraisemblable !
    Corbett fixa le plafond : oui, c’était invraisemblable, mais Blaskett avait fait une allusion qui avait éveillé un souvenir dans sa mémoire. Il n’arrivait pas à mettre le doigt dessus pour le moment. Quelque chose sur cet autel ne concordait pas avec le reste. Il revint au jeune prêtre :
    — Je vous remercie d’avoir attiré mon attention sur cette contradiction. J’en ai fini, aussi vous serais-je reconnaissant de prier vos compagnons de revenir.
    Peu après, les chanoines, visiblement agacés d’être convoqués ici et là, selon le bon vouloir d’un homme tel que Corbett, entrèrent l’un après l’autre et se rassirent à la table. Le clerc leur posa encore quelques questions anodines concernant essentiellement la fortune de Montfort, avant de s’adresser à Hervey :
    — William, lorsque nous aurons terminé cet interrogatoire, vous voudrez bien rédiger un mandat au nom du roi et aller à Westminster y faire apposer les sceaux appropriés ; ce mandat ordonnera aux shérifs et baillis de l’Essex de fouiller le manoir de Cathall et d’envoyer immédiatement à la Chancellerie tous les renseignements obtenus sur Sir Walter de Montfort ou ses propriétés de l’Essex.
    Le clerc opina et Corbett affronta le cercle des visages hostiles. Il s’adressa à Plumpton :
    — Mon père, vous avez un serviteur ?
    Le sacristain répondit affirmativement.
    — Et Montfort ?
    — Étrange que vous demandiez cela, coupa John de Eveden, le bibliothécaire. Il était si mystérieux. Il avait bien des serviteurs dans la cathédrale qui exécutaient ses moindres volontés, mais il n’avait aucun valet attitré, comme nous.
    « Cela s’accordait bien à sa personnalité », songea Corbett en hochant la tête. Un homme qui protégeait jalousement sa vie privée et était assiégé par les rumeurs de scandale n’aurait jamais prêté le flanc aux commérages d’un valet.
    — Pourquoi cette question ? reprit Ettrick d’une voix péremptoire et aiguë. Expliquez-vous ! Nous sommes des personnes intelligentes, Messire. Nous pouvons vous répondre intelligemment si vous nous questionnez intelligemment.
    — Je ne mets pas votre intelligence en doute, se récria Corbett fermement. Mais j’aimerais interroger tous les serviteurs qui ont le droit d’entrer et de sortir du chapitre et de la cathédrale sans avoir besoin d’une autorisation.
    Cela lui fut rapidement accordé. Blaskett fut chargé par ses compagnons de convoquer les serviteurs et d’organiser leurs entretiens avec Corbett. Ce dernier, entre-temps, expédia Hervey à Westminster tout en gardant les notes

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