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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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fois, il ignorait certains dessous des affaires en question et des éléments qu’un service bien organisé avait les moyens de recueillir.
    — Si M. le comte de Vergennes a souhaité cette réunion sur la base de ce que je lui ai communiqué, c’est pour ordonner un plan de bataille afin de contrer une redoutable offensive dont l’origine pour une fois n’est pas anglaise.
    — En est-on assuré ? osa Le Noir, aussitôt foudroyé d’un furieux regard de Sartine.
    — Je n’affirme rien que je n’en sois assuré.
    Vergennes eut un mouvement d’impatience qui fit craquer son fauteuil.
    — Certes oui, et ne nous appesantissons pas sur ce point. Sachez si vous l’ignorez…
    Le Noir leva les yeux au ciel comme un martyr face aux lions.
    — … que l’ambassadeur anglais chargé des négociations requiert notre aide à la suite de la mort suspecte d’un de ses secrétaires, accepte que nos médecins pratiquent une ouverture contradictoire et autorise une perquisition de nos gens…
    — Voilà en effet qui n’est pas banal, dit Sartine, derechef fusillé des yeux par Vergennes qui ne goûtait pas qu’on l’interrompît.
    — Et par conséquent, disais-je, ce n’est pas au moment où la cour de Saint James a recours à nous dans les conditions les plus ouvertes qu’elle se hasarderait à fomenter d’autres menées. Ce n’est pas l’heure ou pas encore !
    — Reste, avança Sartine, qui ne s’en laissait pas conter et que la position du ministre n’impressionnait pas, que la menace se précise à plusieurs niveaux, d’où qu’elle vienne.
    Nicolas s’agitait. Il trouvait qu’on glosait sans aborder le fond des affaires en cours.
    — Qu’en pense le marquis de Ranreuil ? reprit Vergennes, non point qu’il souhaitât l’entendre, mais pour échapper à une homélie probable de Sartine.
    — Quelques points, monseigneur. Saisi par la reine de la disparition du vicomte de Trabard, l’un de ses entours, pour enquêter sur sa mort subite, je découvre qu’il a été assassiné et qu’il dissimulait des papiers compromettants pour de grands noms qui furent ensuite adressés à M. Le Noir en forme de chantage. Je vous passe les détails.
    — Tirez ! Tirez ! s’exclama Vergennes du ton du feu roi devant le cadavre de M. de Chauvelin.
    — Des espèces fausses, notamment des piastres, me lancent sur la piste d’un faux monnayage en liaison avec le domaine de Trabard, rue d’Enfer. Dans cet imbroglio, se trouvent mêlés le notaire du de cujus , le vicaire de Saint-Sulpice frère du vicomte et l’ordre des Prémontrés.
    — Les moines ! Il ne manquait plus qu’eux.
    — Enfin le secrétaire à tout va du vicomte s’est enfui. Nous le recherchons. Des soupçons pèsent surlui. Il est impossible de déterminer l’emploi du temps de la vicomtesse la nuit du meurtre de son époux.
    — Tout ceci intervient, reprit Sartine, il faut le noter, à un moment où l’inquiétude est grande à Paris. Le peuple et le négoce s’interrogent sur la monnaie. Déjà, en avril, il y a eu disette de numéraire dans la caisse des arrérages et peu avant des rumeurs sur l’ effacement des pièces de monnaie. Tout cela n’est pas sain.
    — Et, renchérit Le Noir, sur fond d’inquiétude du peuple qui conjecture de l’épaisseur des brouillards et de la qualité de l’air.
    — Bon, on s’affole souvent pour rien, dit Vergennes. On s’évertuera, n’est-ce pas monsieur Le Noir, à calmer cette effervescence, il y va de notre crédibilité. Nous sommes tenus comme dans un piège par le recours obligé à l’emprunt. Nous devons restaurer la confiance intérieure, fût-ce sur des rumeurs, pour convaincre l’extérieur, et nos créanciers. Le déficit nous l’impose, l’exige même. Que le taux des intérêts monte et nous ne pourrions y suffire.
    La voix du ministre s’était peu à peu éteinte comme si la fin de son propos s’était adressée à lui-même. Nicolas, ému, prit soudain conscience de la gravité d’une crise des finances royales dont il entendait, sans toujours y prêter attention, parler de longue main par M. de La Borde.
    — Que l’enquête soit menée à son terme, reprit Vergennes d’une voix ferme. Pour ce qui est du chantage, intolérable, qui s’exerce derechef au détriment de la couronne et d’autres, j’entends qu’on agisse sans délai. Si l’entreprise n’est pas a priori d’origine anglaise, c’est en tout cas d’Angleterre quenous

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