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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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des établissements de la place – le bénéficiaire est en blanc – serviront à solder le compte que vous savez…
    Il prit un air dégoûté.
    — Ne marchandez pas. On ne discute pas avec la canaille. Voilà, monsieur, vous savez tout. Ma confiance vous accompagne. À vous revoir, monsieur le marquis, à vous revoir.
    Il se leva et sortit rapidement, passant sans un regard devant Nicolas, debout et incliné.
    — Alors, dit Sartine qui devisait avec Le Noir dans le vestibule, le ministre a-t-il ajouté des éléments que nous devrions connaître ?
    C’était bien là sa manière, il ne pouvait s’en empêcher.
    — Non, dit Nicolas, le propos était personnel.
    Vergennes avait souhaité cet entretien en tête à tête, il avait sans doute ses raisons et ce n’était pas au commissaire d’en révéler la teneur. Il aurait eule sentiment de violer la volonté qui s’était exprimée et il ne le ferait pas. Sartine grimaça et pirouetta, frustré dans sa soif de tout savoir et, par conséquent, de tout contrôler.
    — Il ne me reste qu’à faire mes préparatifs et enjoindre à l’inspecteur Bourdeau de poursuivre nos investigations.
     
    Les trois hommes discutèrent un moment. Le Noir regagna son bureau, Sartine son carrosse non sans avoir remis à Nicolas une note à détruire, lui précisant les conditions de la rencontre à Londres avec le maître chanteur. Le commissaire aux Affaires extraordinaires en prit connaissance sur le chemin du Grand Châtelet avant d’en disperser au vent les minuscules fragments. Bourdeau l’avait attendu. Son air crispé marquait sans doute le déplaisir éprouvé d’avoir été tenu à l’écart de cette conférence. Il fit mine de ne point interroger son ami.
    — Une idée m’est venue. Ne crois-tu pas qu’il conviendrait de vérifier auprès de l’intendant de la grande écurie à Versailles si, la nuit du meurtre, des voitures de cour sont sorties et par qui elles ont été utilisées ? Je pense qu’un cahier doit recevoir ce genre de renseignements. Cela autoriserait quelques présomptions sur l’identité du visiteur mystérieux de cette nuit-là. En es-tu d’accord ?
    — La proposition est excellente. Nous connaissons le responsable, il n’a rien à refuser à la police qui l’a jadis tiré d’un mauvais pas dans lequel il se trouvait plus victime que coupable.
    Profitant de la satisfaction de Bourdeau, Nicolas décida d’aller à l’essentiel.
    — Tu t’en charges ainsi que de la suite de l’enquête, avec tous pouvoirs. C’est l’instruction de M. Le Noir. Et cela tout au long de mon absence de Paris.
    — Ton absence ! Quelle absence ?
    Fallait-il tout lui révéler ? L’amitié qu’il portait à Bourdeau se révoltait à l’idée de lui dissimuler la nature de la mission dont on venait de le charger. Déjà il déchiffrait sur le bon vieux visage les affres de sentiments multiples. L’amertume de ne pas savoir, la crainte de nouveaux périls menaçant le commissaire et le dépit de n’être point en mesure, comme si souvent, de faire un rempart de son corps à son chef et ami.
    — Le comte de Vergennes, sous le couvert d’une mission diplomatique, me dépêche à Londres auprès de notre ambassadeur. Ceci pour la montre et, accessoirement, pour tancer un incapable que seules la brigue et la faveur ont placé à ce niveau de responsabilités. La vérité est plus secrète : il s’agit de négocier l’achat et la destruction des derniers libelles que tu sais.
    — Et, seul et isolé, tu vas te jeter dans la gueule du loup au risque que les Anglais se vengent sur toi de toutes les avanies que tu leur as fait subir et que la raclure des maîtres chanteurs te fasse un mauvais parti. Ah ! Ils sont beaux nos puissants de quatre jours d’ordonner de telles curées où l’on envoie son meilleur chien à la bête noire.
    — Allons, point d’inquiétude, je serai pourvu des immunités nécessaires. Demeure serein et poursuis notre enquête, resserre la surveillance autour de la rue d’Enfer et sur les autres suspects et interroge à nouveau notre marchand de ferraille. J’attends beaucoup de la mission de Gremillon, s’il a rattrapéDiego Burgos. Nous devrons conclure à mon retour de Londres où je ne compte pas demeurer plus que deux ou trois jours. Avec le voyage en malle rapide et la traversée en paquebot, je devrais être de retour dans une dizaine de jours.
    Bourdeau avait les yeux embués et ses lèvres

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