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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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sinon une satisfaction de principe sur l’expédition de Londres. Sans doute son aïeul se serait-il régalé du récit de son entrevue avec l’ambassadeur Adhémar. Peut-être Vergennes ne lui avait-il pas rapporté par le menu la mission dont il avait investi Nicolas.
    Nicolas étouffait. Il ouvrit la glace et se pencha pour bénéficier du courant d’air. Le ciel était plombé, gris ardoise avec de curieuses volutes jaunâtres. On ne distinguait plus le soleil. Après la porte de la Conférence, le moindre recoin des murailles abritait des mendiants affalés, accablés par la puanteur de l’air. Nicolas prit soudain conscience d’un fait qu’il avait déjà noté sans en tirer toutes les conséquences : l’afflux de provinciaux sans travail de plus en plus nombreux dans la ville. Il savait par des rapports que l’agitation du début du règne concernant le commerce des grains se poursuivait par accès.
     
    Il arriva rue Montmartre un peu assombri par sa réflexion. L’Hôtel de Noblecourt avait revêtu l’aspect et l’animation des  grands jours . Dès le porche on pouvait apercevoir les mines curieuses et enjouées des mitrons de la boulangerie qu’égayait l’arrivée des invités. Nicolas se réjouissait de l’occasion, procurée à Noblecourt par ce souper, de divertir la mélancolie qui depuis quelque temps le submergeait.
    Ayant mis le nez dans l’office d’où émanaient de suaves arômes, il en fut chassé à coups de torchon par Catherine qui entendait conserver le secret du menu. Marion, d’une voix éteinte, soutint l’énergique action de la cuisinière tandis que Poitevin haussait les épaules, l’air impuissant et désolé.
     
    Après avoir fait toilette, il rejoignit le salon de Noblecourt où, de toute éternité, était dressée la table du festin. Les invités étaient déjà arrivés et Aimée d’Arranet se jeta dans les bras de Nicolas avec une fougue qui l’émut. Son appartenance à la maison de Madame Élisabeth, sanctuaire dévot s’il en fût, n’avait en rien diminué la spontanéité de la jeune femme qui souvent faisait fi des convenanceset des règles de la bienséance. C’était à la fois son défaut et sa qualité. Ce mouvement ravit et gêna Nicolas.
    — Ah ! s’écria Noblecourt, voici notre voyageur…
    Il s’arrêta soudain après avoir considéré l’assemblée. Il se reprit, constatant que tous les assistants de près ou de loin, avec ou sans les détails, connaissaient le voyage de Nicolas.
    — Comment avez-vous trouvé Londres après toutes ces années ?
    — Bien, augmenté en dimension et en splendeurs. Mais ses habitants peu amènes avec ceux de notre nation.
    — L’Anglais était peu populaire à Paris lors de la dernière paix de 1763. À chacun son tour.
    — Comment l’ambassadeur vous a-t-il reçu ? demanda La Borde, d’évidence au fait d’une partie de sa mission.
    — Il s’est dépensé en discourtoisie et limité en politesse.
    — Méfiez-vous désormais des Polignac. C’est leur ami. Ils se sont évertués pour le faire nommer en dépit de la réticence de Vergennes qui, en ces temps de négociation, eût souhaité un autre choix.
    — On rapporte, intervint Aimée, que la reine voulait s’en débarrasser, excédée de sa suffisance et de ses chansons.
    — Il fait pleuvoir les épigrammes, reprit La Borde, sur son extrême médiocrité et l’obscurité des origines. Mais je ne savais pas qu’on jabotait ainsi chez Madame !
    — Moquez-vous, croyez-vous ce travers réservé aux hommes ? N’avons-nous pas le droit de juger des choses et des gens ?
    — Bien paré, madame, voilà un coup de pointe menaçant !
    — Et le brouillard, et ce soleil comme un œuf au plat, vous a-t-il poursuivi tout au long de votre voyage ? demanda Noblecourt.
    — En permanence. Les Anglais s’en inquiètent tout autant que nous le faisons. Les récoltes sont compromises et le bétail, si important dans ce pays, menacé.
    — Hélas, chez nous aussi, dit Bourdeau. D’autant plus que la crainte de la hausse du pain reparaît. Il y a des accès de fièvre comme en 1774.
    — Le temps étrange qui persiste a des conséquences sur le travail des champs, j’ai pu l’observer en Picardie. Si les récoltes sont mauvaises, le prix du grain haussera. Et Paris, à ce qu’il m’a semblé à mon arrivée, reçoit encore des provinciaux sans travail.
    — Et quand le grain…, reprit Bourdeau, le déficit

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