Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
pataugerions encore. Je ne dis pas que tout est réglé, mais ce qu’elle nous a permis d’apprendre éclaire d’un jour nouveau le tableau de l’enquête. On a cherché à nous envoyer sur une fausse piste.
    — Qui donc ?
    — C’est bien la question. Le drôle avait prétendu s’être promené sur les boulevards.
    Une idée fugace traversa l’esprit de Nicolas sans qu’il parvînt à la fixer.
    — Je suis d’avis de tous les arrêter. Quelques jours de cachot leur attendriront le cœur et les inciteront à dégoiser.
    — Ce n’est pas encore mûr, dit Nicolas après un temps de réflexion. Des éléments me manquent pour étayer l’accusation. Il y a coupable, demi-coupable et coupable à demi. Le tout ne fait pas l’unité.
    Il songea aux propos sibyllins de Noblecourt. Le temps de silence méditatif qui suivit fut rompu par l’arrivée de Gremillon consterné.
    — Quelle mauvaise affaire, sergent, vous tire ainsi la mine ?
    — Une bien mauvaise. Un message du gouverneur de la Bastille nous informe de la mort de Bezard, de la Caisse d’escompte.
    — Comment ? Mort ! Et dans quelles conditions ?
    — Je l’ignore. Aucun détail ne nous a été fourni.
    — Voilà qui est fâcheux. Cet homme était-il un simple comparse ou le bout d’une chaîne ?
    — M’est avis, dit Bourdeau, de nous y transporter sur-le-champ et d’enquêter au plus près.
     
    Une demi-heure plus tard, venant de la rue Saint-Antoine, la voiture des policiers abordait l’entrée de la prison d’État. Franchi le pont-levis de l’avancée, elle pénétrait dans la cour du gouverneur où son adjoint leur présenta le capitaine des portes. Celui-ci avait autorité sur l’ensemble des porte-clés. Passés un nouveau pont-levis et les portes de la forteresse, ils furent conduits par un dédale de couloirs et d’escaliers obscurs jusqu’au cachot de Bezard. La lourde porte de chêne plein bardée de fer leur fut ouverte et ils découvrirent la scène qu’une haute meurtrière éclairait d’un jour pauvre.
    La première impression de Nicolas fut celle d’un désordre considérable. Une table et un escabeau gisaient les pieds en l’air. Près de la couchette dont le paillasson avait glissé, le corps du caissier était étendu sur le dos, au milieu d’une mare de sang. En s’approchant le commissaire constata que la gorge avait été tranchée. Un rasoir apparaissait près du corps, ouvert. L’expression que reflétait le visagedu caissier était celle de l’horreur ou de la souffrance.
    Nicolas se retourna. Un nouveau personnage venait d’apparaître qui se présenta comme le magistrat, commissaire de la Bastille.
    — Mais c’est l’ami Cheron, qui est aussi en charge du quartier.
    — Le commissaire Le Floch apparaissant, mon rôle s’efface. Je vous résume le cas. Le prisonnier, Bezard, a appelé cette nuit le geôlier. Il a fait un tel raffut que celui-ci a fini par se déplacer pour s’enquérir de ce qui se passait. Il a trouvé le prisonnier se roulant sur le sol, hurlant de douleur.
    — N’était-il pas enchaîné ?
    — Point. Que pouvait-il faire dans ce cachot fermé à triple serrure ? Il écumait, les yeux rouges, agité de tremblements.
    — Je suppose que dans ce cas on fait immédiatement appel au chirurgien-major de la prison ?
    — Vous connaissez les instructions, je présume ? Le chirurgien ne doit jamais découcher de son logement du château. S’il doit s’absenter, il doit en avertir le gouverneur.
    — L’a-t-il fait ?
    — D’évidence, il s’est absenté et n’a point reparu. Il ne semble pas que les instructions aient été observées et d’ailleurs le marquis de Launay était lui aussi absent. Pour le reste, les précautions sont nombreuses pour contrôler et surveiller les soins que ce chirurgien est conduit à dispenser. C’est lui qui rase les prisonniers.
    — De quoi souffrait Bezard ?
    — D’une hernie étranglée.
    — Qu’a-t-on fait pour le soulager ?
    — On s’est mis en quête du médecin titulaire. On a fini par retrouver chez le secrétaire du gouverneur le pli par lequel il informait le marquis de l’endroit où on le pouvait quérir. De fait il était convié à une soirée chez le comte de Cagliostro, rue Saint-Claude, sur le boulevard. On est allé le chercher d’urgence. Un capucin est venu avec un mot de sa part qui le mandatait et lui donnait créance auprès de nous comme le meilleur empirique de la

Weitere Kostenlose Bücher