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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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question.
    — Je n’aime pas ces frocards encapuchonnés, murmura Bourdeau.
    — Personne ne s’est inquiété, d’autant plus qu’il est arrivé en carrosse de cour.
    — En carrosse de cour ? Un capucin ?
    — Oui ! Ce qui, évidemment, a désamorcé toute méfiance, la fonction dudit Bezard aidant, et a ajouté à l’incroyable impéritie des sous-fifres durant une nuit où l’autorité n’a point paru.
    — Que s’est-il alors passé à l’arrivée ?
    — Les règles encore une fois n’ont pas été suivies à la lettre. Le chirurgien ne doit jamais entrer dans la chambre d’un prisonnier sans qu’il ne soit accompagné d’un officier ou, du moins, d’un porte-clés.
    — Cela n’a pas été le cas ?
    — Non ! On a prétendu ensuite avoir observé à la lettre le règlement. Le chirurgien titulaire étant absent, il n’y avait aucune raison d’appliquer les consignes pour un autre que lui.
    — Ensuite ?
    — On ne sait. Il y a eu un long silence, puis un bruit de lutte. On s’est précipité. Trop tard. On a trouvé le religieux assommé à coups de tabouret et le prisonnier la gorge ouverte, un rasoir près de lui.
    — D’où provenait-il ?
    — On l’ignore.
    — Peut-être l’a-t-il subtilisé au chirurgien major ou appartenait-il à l’empirique. A-t-on mis aux arrêts le porte-clés ?
    — Point.
    — Je le veux voir. Et le frère chirurgien ?
    — À l’infirmerie.
    — J’entends l’interroger. Que ce corps soit immédiatement transporté à la basse-geôle afin de procéder à son ouverture.
    Avant de sortir du cachot, Nicolas observa le dallage avec l’attention sourcilleuse qu’il portait toujours à ce genre d’investigation. Il ramassa un fragment que Bourdeau, sans besicles, ne put distinguer et qui fut enfermé au creux du carnet noir.
    Une longue course faite de montées et de descentes, de passages voûtés, humides et puants, d’escaliers aux degrés inégaux, les conduisit à l’infirmerie. Le plus grand désordre y régnait : le chirurgien assommé par Bezard avait quitté les lieux, ayant recouvré aussitôt connaissance.
    — Guast ! dit Nicolas, l’oiseau s’est envolé ; je m’en doutais. C’est ici la cour du roi Pétaud !
    — Que voulez-vous, dit Cheron, sous notre bon roi, la Bastille est une coque vide, une vingtaine de prisonniers, tout au plus. Dans ces conditions, les consignes cèdent et l’insouciance s’installe.
    — Bon, dit Bourdeau, tout est simple. Notre homme a été tué et cette prison a manqué à son devoir, qui est de garder et de protéger ceux que le roi lui confie.
    Une sourde rage avait saisi Nicolas, qui coupa court et demanda à entendre le porte-clés.
    Une nouvelle pérégrination suivit. Bourdeau, essoufflé et pourpre, n’en pouvait plus et se tenait les côtes. Dans la salle de police, assis sur un banc,le geôlier attendait, tête basse. Nicolas le considéra un moment.
    — Est-il demeuré seul depuis l’événement ?
    — Non.
    — Qu’on le fouille.
    On trouva vingt piastres espagnoles dans la poche de sa culotte.

XII
    EN CASCADE
    « Le moyen de découvrir est de chercher toujours. »
    Snobée
    Nicolas secoua l’homme.
    — D’où provient cet argent ? Ton unique chance est d’être sincère. Sinon je te promets…
    Il laissa la menace en suspens.
    — Ce n’était qu’une gentillesse, de quoi boire une chopine.
    — Une gentillesse ! Pardi, le lieu s’y prête. Explique-moi cela.
    — Le moine a repris connaissance. Il voulait sortir au plus vite, ayant des patients à visiter. Je l’ai accompagné pour lui faciliter la sortie. C’est tout. Il a repris sa voiture. Et pour me remercier, il m’a offert ces pièces.
    — Remercier ! Le mot est faible. Un équipage donc ?
    — Oui, cela n’a pas laissé de me surprendre.
    — Au moins, te souviens-tu du visage du moine ? demanda Bourdeau.
    — Non, son capuchon était rabattu.
    — Pardi, le bon apôtre !
    Il n’y avait plus rien à faire. L’oiseau s’était envolé et le mal était fait. Il ne restait rien à glaner à la Bastille. Ils remontèrent dans leur voiture. Bourdeau observait Nicolas perdu dans ses pensées.
    — À quoi songes-tu ?
    — Aux épices et à leur épicerie.
    — Et le pourquoi de cette pensée-là ?
    — C’est que, vois-tu, les cierges sont vendus par les épiciers et fondus par les ciriers.
    — Et donc ?
    — Et que leur saint patron se nomme

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