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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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été de s’emparer du siège du lieutenant général de police. Au dernier moment, il avait hésité et s’était effacé devant un Le Noir faussement modeste. Les suspects étant assis sur des bancs, Nicolas et Bourdeau, revêtus des robes de leur fonction, demeuraient debout.
    La vicomtesse de Trabard ne portait pas le deuil de son époux disparu. Elle relevait la tête, souveraine, toisant les magistrats avec une sorte de défi dans le regard. Decroix, le palefrenier, restait égal à lui-même, serein en apparence, mais le mouvement spasmodique de son pied droit trahissait une tension intérieure qu’il ne parvenait à masquer. Nicole, la femme de chambre, se pressait les joues entre les mains, comme atterrée.
    Nicolas demanda à Bourdeau si tout ce qu’il avait ordonné était prêt. Ce dernier lui assura qu’il pouvait y compter et que tout se déroulerait comme il l’avait prévu.
    Sartine fit un signe impatient à Le Noir qui prit la parole.
    — Avant que ne soient soumises au lieutenant criminel d’éventuelles inculpations, nous entendrons le commissaire Le Floch qui établira les faits concernant le trépas de feu le vicomte de Trabard et procédera à l’interrogatoire des suspects. Monsieur le commissaire, nous vous écoutons.
    — Nous voici donc réunis, devant vous, messeigneurs, pour tenter de déterminer dans quelles conditions a péri le vicomte de Trabard et, dans le cas d’un meurtre, quels en sont les instigateurs et auteurs. Nous sommes au terme d’une enquête difficile dont les éléments diffus ont été malaisés à mettre en place de cohérente façon. En ce jour nous commençons à entrevoir une lueur diffuse de vérité qui devrait nous éclairer. Je dis nous éclairer, et là encore, je demande qu’on pardonne cette prétention de penser pouvoir illuminer de raison un tableau aussi sombre et dont bien des éléments nous échappent et peut-être viendront au jour dans l’avenir.
    Il fit une pause. Sartine s’agita à cet instant sur son fauteuil. Ce n’était pas sans un certain plaisir que Nicolas maniait ces phrases ambiguës dont seuls lui-même, Bourdeau et les deux magistrats étaient à même de saisir la périlleuse portée.
    — Je dois faire observer au préalable, avant de poursuivre, que tous les suspects ici présents se sont évertués depuis le début de l’enquête d’en brouiller le cours par des mensonges répétés, de feintes assertions et des tentatives d’orienter l’autorité sur de fausses pistes.
    Nicolas reprit son souffle et remarqua que la vicomtesse de Trabard et Decroix s’étaient assis loin l’un de l’autre autant qu’il était possible. Chacun, le regard vide, fixait une direction opposée.
    — Reprenons les faits, si d’aucuns les avaient oubliés. Dans la nuit du 13 au 14 juillet 1783, aux environs de minuit, le valet chargé à l’Hôtel de Trabard, rue d’Enfer, d’effectuer une ronde nocturne découvrait le corps de son maître atrocement mutilé par les sabots de l’étalon Bucéphale. L’homme avait été alerté par l’agitation inhabituelle des autres chevaux de l’écurie. Ces points semblent acquis et l’ouverture du corps de la victime les a confirmés. Cependant, sur la base solide de ces constatations, le mystère s’épaissit de telle sorte que chacun de ceux qui aujourd’hui comparaissent, la veuve de la victime, sa femme de chambre et le maître-palefrenier du domaine, peut être légitimement soupçonné d’avoir mis la main en préméditation et action du meurtre du vicomte de Trabard.
    Il y eut dans la grande salle un long murmure de protestations étouffées.
    — Une question, monsieur le commissaire, dit Le Noir. Comment se fait-il qu’un des suspects, le secrétaire de la victime, soit absent ?
    Nicolas sourit. Bien sûr, le lieutenant général feignait d’ignorer un fait qu’il connaissait.
    — Plaise à vous, monseigneur, d’apprendre que ledit Diego Burgos, tout aussi suspect que ceux que nous entendons aujourd’hui, s’est enfui, a été rejoint par nos gens alors qu’il venait de périr de l’étrange maladie consécutive aux brouillards mortifères qui accablent nos campagnes.
    — Soit, poursuivez.
    — Le vicomte de Trabard a été victime de son cheval, affolé par ce que nous savons.
    Il fit quelques pas et disposa sur le bureau un cornet de papier que Le Noir déversa et dont il considéra le contenu avec curiosité avant de le pousser vers Sartine.
    — J’y

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