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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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en février dernier pour tourner en dérision avec beaucoup d’esprit ce qu’il nommait «  le retour à la misère esthétique  ».
    Nicolas fut frappé à nouveau de la finesse et des connaissances de l’inspecteur, que personne n’aurait soupçonnées sous sa rude écorce sans l’avoir longtemps fréquenté. Il s’en voulut aussitôt de ce sentiment. Était-ce le marquis de Ranreuil ou Nicolas Le Floch qui parlait ainsi ? Pouvait-il passer d’un ordre à l’autre au gré de ses fugitives impressions ?
    — On murmure, ajouta son ami, qu’une des cibles de cet article était l’abbé Laugier, celui qui, dans son Essai sur l’architecture, avance cette exécrable proposition que «  les pauvres doivent être logés en pauvres  ».
    Nicolas se garda de répondre. Il n’aimait pas alimenter la hargne de Bourdeau, craignant qu’un jour quelque misérable débat soit la pierre d’achoppement qui dissocierait l’attelage constitué depuis tant d’années. D’ailleurs le sujet n’en valait pas la peine.
    Ils pénétrèrent dans un vestibule blanc crème, lui aussi orné des mêmes colonnes et de torchères de bronze à l’antique. D’évidence ce rez-de-chaussée ne comprenait que les pièces de réception, antichambre, salons et bibliothèque. Le bruit de leur arrivée fit venir une femme de chambre, petite noiraude au nez pointu – une musaraigne, s’amusa Nicolas – qui leur demanda sans excès de politesse ce qu’ils désiraient.
    — Veuillez annoncer à Mme de Trabard le commissaire Le Floch et l’inspecteur Bourdeau.
    — Madame ne reçoit pas. Inutile d’insister.
    Elle se mit en travers en écartant les bras.
    — Il semble que vous vous opposiez à l’action des magistrats, dit Bourdeau menaçant.
    — J’obéis à ma maîtresse.
    Les deux policiers se regardèrent et se comprirent. Chacun saisit un bras de l’insolente et, en dépit de ses cris et gesticulations, elle fut tirée et traînée jusqu’au degré, jetée au-dehors, la porte lui étant claquée au nez. Un tour de clé acheva cette exécution.
    — C’est que cette bougresse m’a griffé, s’exclama Bourdeau. A-t-on jamais vu pareille furie ?
    — Il ne faut pas lui en vouloir. Elle obéit avec fidélité à sa maîtresse. C’est charge difficile que d’être femme de chambre : subir tous les caprices, supporter les mauvaises humeurs, et mettre de côté son amour-propre.
    — N’oublions pas, cher avocat, que nombre de secrets particuliers sont détenus par les servantes de cette espèce.
    Il ne semblait pas, se dit à part soi Nicolas, que l’égalité tant prônée par l’inspecteur inclût encore la gent féminine.
    — Après la méthode que nous lui avons infligée, il sera malaisé de lui tirer les vers du nez !
    — Bah ! Nous redoublerons la menace le cas échéant. Cela lui assouplira l’échine. Ces femmes ne connaissent que cela !
    Ils empruntèrent un escalier qui, après un palier, se divisait en deux parties pour rejoindre le premier étage où d’évidence se trouvaient les quartiers des maîtres. Le second palier était éclairé par trois fenêtres donnant sur la façade de la demeure. Deux portes en vis-à-vis ouvraient à n’en pas douter sur les appartements du vicomte et de la vicomtesse de Trabard. Nicolas frappa à celle de gauche. Sans réponse après des coups réitérés, il l’ouvrit. C’était une chambre de grande dimension où régnait un indescriptible désordre.
    — M’est avis, dit Bourdeau, qu’on est passé avant nous.
    — Une mort étrange et une fouille – un vol ? – en règle de la chambre du défunt, cette affaire commence à m’intéresser.
    Nicolas sortit son petit carnet noir et sa mine de plomb. Il convenait de tout noter, d’être précis et de relever les détails qui pouvaient sortir de l’ordinaire.
    — Tu observeras, Pierre, que le lit est défait et ouvert comme si son occupant l’avait quitté en hâte. Premier point.
    Il considéra une commode dont tous les tiroirs gisaient sur le sol, déversant leur contenu de linges. Près de la fenêtre, il en était de même du bureau dont l’intérieur avait été vidé. Une masse de papiers s’étaient envolés tout autour du meuble. Nicolas désigna les feuilles éparses.
    — Vois comme tout cela a été fait en hâte et agitation.
    Ils se mirent en mesure de trier les papiers. Ils n’y découvrirent rien de particulier. Des mémoires de fournisseurs, des factures, des

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