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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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chaud, j’ai pris l’air. À ce moment, je retrouve dans l’hôtel Diego Burgos, habillé.
    — Habillé !
    — Oui, habillé. Il me précise d’ailleurs d’emblée que, du bruit l’ayant réveillé, il s’est aussitôt vêtu. Nous retournons à l’écurie, puis sans un mot il se fait seller un cheval et s’enfonce dans la nuit pour reparaître deux heures plus tard, annonçant que la police va venir constater les faits et ordonnant d’avoir à ne rien déranger.
    — Vers quelle heure ?
    — Environ trois heures et demie du matin.
    — Le compte y est, dit Bourdeau.
    — Dernier point, et non le moindre, reprit Nicolas, quelle était la position du corps du vicomte lorsque averti par Grégoire vous l’avez découvert ?
    — Allongé en tenue de nuit, la tête, enfin… dirigé vers le fond du box , les pieds nus, par conséquent vers les planches de fermeture. L’odeur était atroce avec quelque chose que je n’ai pas défini.
    — Quelle intéressante remarque ! Auriez-vous autre chose à nous indiquer ?
    — Rien, monsieur le commissaire. Que va-t-il advenir de Bucéphale ?
    — Je l’ignore, mais je ferai ce qui sera possible pour lui épargner un mauvais sort. Merci, monsieur, de votre témoignage. Veuillez nous envoyer Grégoire.
     
    Le garçon d’écurie les rejoignit, l’air gauche et intimidé. Nicolas observa qu’une de ses mains était serrée.
    — Mon ami, voulez-vous nous raconter tout ce qui s’est passé cette nuit.
    — J’faisions notre ronde comme à l’accoutumée, quand j’tendions du raffut dans l’écurie. J’suis couru y voir de plus près. Le corps de no’t maître et Bucéphale qui faisait du pétard. J’avions vu tout de suite que c’était point beau. Ah ! non, point beau.
    — La porte du box était-elle ouverte ?
    — Pas du tout. Fermée on ne peut plus. Ça m’a étonné, que j’me dis qu’on ne s’enferme guère avec l’étalon comme ça.
    — Alors, qu’avez-vous fait ?
    — J’avions pris mes jambes à mon cou et j’étions allé chercher M. Decroix.
    — Quelle heure était-il ? demanda Bourdeau.
    — En’t minuit et la demie.
    — As-tu une montre ?
    — Non, d’habitude je me fie aux cloches qui sonnent dans les couvents des alentours.
    — Vous n’avez rien d’autre à nous confier, dit Nicolas l’air sévère. Il ne faut jamais dissimuler aux magistrats, vous le savez n’est-ce pas ?
    Grégoire baissait la tête, un peu lamentable. Il leva la main serrée, la tendit à Nicolas, l’ouvrit. Sur la paume calleuse, une pièce d’argent brillait.
    — Où avez-vous trouvé cela ?
    — Sur le sol, dans les débris de paille et de crottin.
    Nicolas prit la pièce.
    — Merci, Grégoire, vous êtes un brave garçon.
    Soulagé, le valet s’éloigna. Nicolas regarda Bourdeau.
    — Un vicomte à quia , un étalon en fureur, un Espagnol fourbe, des portes ouvertes et fermées, une pièce d’argent. Bucéphale est le bien nommé.
    — Le cheval d’Alexandre !
    — Oui, celui qui a tranché le nœud gordien. Je présume que celui qu’on nous impose sera tout aussi difficile à dénouer.

II
    CRIME ?
    « Les chaînes impures dont je suis lié m’attachent par tant de nœuds à la profondeur du gouffre, que je demeure toujours immobile. »
    Massillon
    Nicolas élevait la pièce d’argent qui brillait au soleil. Il la retourna plusieurs fois, examinant sur les deux faces ses gravures usées et ses bords rognés.
    — Tiens donc ! Comme c’est curieux ! Une pièce espagnole, une piastre d’argent de huit réals . D’un côté je lis PHILIPPUS V D.G. et des armoiries, de l’autre HISPANIARUM REX 1725 . Un peu ancienne, mais c’est fréquent. Est-ce une pièce perdue ? Quand l’a-t-elle été ? À qui appartenait-elle ? Il faudra donner réponse à ces trois questions. Pour l’heure, allons présenter nos devoirs à la vicomtesse de Trabard.
    — Et Burgos ?
    — Il ne perd rien pour attendre. Le gibier mariné est plus tendre !
     
    Approchant de l’Hôtel de Trabard, Nicolas fut derechef surpris par l’aspect inhabituel de son architecture.
    — Notre homme était décidément un esclave de la mode. Considère les colonnes doriques sans bases qui décorent le porche d’entrée. Cela ne te rappelle rien ?
    — Que si : le noviciat du couvent des Capucins et aussi le portail des Frères de la charité. Ont-ils fait assez scandale ? Il y a même eu un article du Journal de Paris

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