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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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bas de la boue tenace des rues parisiennes. Les escarpins à talons de bois portaient des boucles à corde argentées. Le visage était commun ; des yeux effrayés, qui passaient de droite à gauche, fixaient tour à tour les deux policiers immobiles et sérieux.
    — Monsieur, vous avez été conduit au Grand Châtelet, au bureau de permanence des commissaires. Vous avez été invité par l’un de nos agents alors que vous rendiez visite à M. Lambroie.
    — Quel mal y avait-il ? Je souhaitais acheter un loquet.
    — Un loquet ? Par exemple !
    Nicolas se devait de feindre. Après tout l’homme disait peut-être la vérité.
    — Oui, monsieur, un loquet.
    — Il nous faut commencer par vous demander votre nom, votre position et votre adresse. Pour l’instant, vous allez apporter, avec la plus entière bonne volonté j’en suis convaincu, votre concours à une enquête de la police.
    — Soit. Mais sur quel objet porte-t-elle, s’il n’est pas exagéré de s’en enquérir ?
    — Ici, monsieur, considérez que c’est moi qui pose les questions. Qui êtes-vous ?
    Rabouine fit un geste pour attirer l’attention de Nicolas. Il lui donna une lettre ouverte et un petit pistolet de poche.
    — Nous avons fouillé le suspect…
    — Comment, le suspect ? Que signifie ?
    — … le suspect. Dans ses poches, nous avons découvert cette missive et l’arme que voilà.
    Bourdeau brandit l’objet et l’homme s’agita.
    — J’ai été plusieurs fois attaqué la nuit par des voleurs. J’ai choisi de me défendre.
    — Il y a le guet, monsieur.
    — Le guet arrive toujours trop tard…
    — Voyons un peu cette lettre.
    Nicolas déchiffra l’adresse écrite d’une main malhabile.
    À Monsieur
    Monsieur Louis Bezard
    Rue des Marais à l’angle des Petits-Augustins
    — Voilà une belle adresse ! Et que dit cette missive ?
    — Monsieur, vous abusez !
    — J’exerce mes fonctions de commissaire. Lisons : « La prochaine livraison aura lieu le 25 du mois courant. Votre présence requise au plus tôt pour le règlement prévu. » Bien, pas de signature. Un message anonyme, cela demande une explication, monsieur Bezard.
    — C’est une commande de loquets et une requête pour le règlement d’une précédente commande.
    — Bien voilà ! Tout est simple, il suffit de parler. Le pistolet pour la sûreté et les loquets pour les placards sans doute de votre demeure ? Auriez-vous, monsieur, la tentation de vous moquer de nous ?
    — Monsieur le commissaire, puisque je suppose que commissaire il y a, je vous conseillerais de me libérer au plus vite, car il pourrait vous en cuire. Je me plaindrai de vos pratiques à qui de droit, j’ai les moyens de le faire. Vous ignorez à qui vous avez affaire.
    — Je serais heureux de l’apprendre. Si vous saviez combien de fois on m’a chanté sur cet air-là !
    — Sachez que je suis Louis Bezard, caissier principal à la Caisse d’escompte de Paris.
    — Vous m’en voyez fort aise car cette précision ne manque pas d’intérêt. Elle nous incite à poursuivre notre entretien. La finance requiert, par les temps actuels, toute notre considération.
    Nicolas alla parler à l’oreille de Rabouine qui s’éclipsa sur-le-champ.
    — À quel étage logez-vous rue des Marais ?
    L’homme demeura silencieux.
    — Peu importe. Nous trouverons seuls.
    Rabouine revint accompagné de Lambroie. Le sursaut que ce dernier ne put réprimer à la vue de Bezard n’échappa nullement à Nicolas.
    — Voici votre ami, M. Lambroie. C’est un bavard, mais bavard à un point que vous n’imaginez pas ! Il parle d’abondance.
    Le ferrailleur se risqua bien de protester, mais une rude bourrade de Bourdeau fit avorter sa tentative.
    — Oui, renchérit l’inspecteur, il n’a pas hésité à nous cracher la crème de son discours. Et celui-ci était des plus édifiants. Ah bast ! Un beau local que son atelier cul-de-sac du Dragon ! Et quelle cave ! Gardée par des armées de rats. Imaginez-vous la scène. Et du métal, du métal à profusion. Et une grosse machine à cylindre. Un instrument de torture à marteler, à frapper, comme il en demeure encore quelques étages en dessous de nous. De quoi fabriquer des loquets, des milliers de loquets, lesquels vous sont si indispensables.
    Au fur et à mesure que se dévidait l’ironique discours de Bourdeau, Lambroie semblait s’affaisser alors que toute la gamme des émotions pénibles se reflétait

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