Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
sur le visage de Bezard. Un grand silence pesa sur le bureau de permanence et le temps se figea. Puis tout se remit en marche. Bezard se leva, s’approcha de Nicolas et lui parla à l’oreille. Bourdeau fut appelé et reçut des instructions qu’il transmit sur-le-champ à Rabouine. Lambroie fut brutalement entraîné à l’extérieur. N’eussent-été ses mains entravées qu’au passage il aurait achevé le geste menaçant qu’il esquissa à l‘encontre du caissier. Était-ce un avertissement ?
    — Alors, monsieur Bezard, des éclaircissements ?
    — J’ignore si vous êtes au fait du fonctionnement de la Caisse. Elle garantit des effets de commerce. Elle est devenue peu à peu une banque qui reçoit et distribue des espèces. Ne vous illusionnez pas sur la modestie de l’atelier de Lambroie ; c’est un industrieux qui fait des affaires avec des nations étrangères, en particulier l’Espagne. La Caisse lui avance des fonds et il les lui rembourse à terme avec les sommes en monnaie qu’il reçoit de ses commanditaires à Madrid et à Barcelone. Je n’ai rien saisi au discours de monsieur l’inspecteur. Ce fatras ne m’inspire guère qu’incompréhension et surprise.
    Il avait repris une sorte d’assurance. Nicolas eut le sentiment qu’il avait choisi une stratégie de retraite, qu’il s’en tiendrait là coûte que coûte et qu’on n’obtiendrait rien de plus. Devait-on le maintenir libre de ses mouvements en le faisant étroitement surveiller ou le mettre au secret pour user sa résistance et éviter surtout qu’il ne prévienne ses complices ? Mieux valait que ceux-ci s’interrogeassent sur sa disparition, qui demeurerait secrète. On jetterait ainsi le trouble dans l’organisation, ou du moins pouvait-on l’espérer.
    — Monsieur Bezard, votre discours devrait me conduire à vous remettre en liberté, tout en contrôlant vos assertions. Mon indulgence et ma compréhension des situations m’y incitent…
    Il riait de voir Bourdeau lui faire des signes de dénégation.
    — Cependant, il paraît que vous vous moquez du monde en débitant ce conte bleu.
    — Mais… Monsieur le commissaire… Ma sincérité.
    — Est soumise à caution. Vous irez donc rejoindre M. Lambroie dans les sombres entrailles de cette vieille maison. Cela vous incitera sans doute à trouver d’autres arguments pour votre défense. N’oubliez pas de vous rappeler que la complicité de faux monnayage est passible des peines les plus terribles de notre droit. Certes le bourreau, M. Sanson, notre ami, que je vous recommande, est un philosophe et un philanthrope. Lorsqu’il exécute les arrêts de nos cours, c’est avec conscience et art… Je dirais même avec douceur et compassion, car il est bon chrétien. Toutefois le résultat, comme vous le pensez bien, est le même que si la tâche était gâchée par quelque méchant apprenti. Avez-vous une famille, monsieur Bezard ?
    — Hélas, monsieur le commissaire, dit Bezard en tremblant, je suis veuf.
    — Des enfants ?
    — Point.
    — Parfait. Personne ne va donc s’inquiéter outre de votre disparition.
    Ce fut une loque humaine que Rabouine entraîna.
    — Ce personnage est selon moi plus malin qu’il n’en offre l’image. Une autre peur le tient sans doute.
    —  Et toi sauve-toi, race à potence, car tôt ou tard, faut que tu danses , chantonna Bourdeau.
    — La potence est le moindre mal qu’on lui souhaite s’il devait être convaincu de ce dont il est soupçonné. Je ne crois pas un mot de ce qu’il nous a raconté. Il s’est empressé de trouver quelque chose de plausible à nous faire accroire.
    — Une chose m’intrigue, dit Bourdeau. Imagine qu’on apporte des quantités de piastres à la Caisse d’escompte, crois-tu que ces bureaux et ceux qui lestiennent soient assez niais et inexpérimentés pour recevoir des pièces sans les vérifier ? Sonnantes et trébuchantes !
    — La seule certitude, c’est que les fausses piastres se retrouvent à la Caisse. Par qui, nous le savons ; pourquoi et pour qui, nous l’ignorons.
    — Il me vient une pensée, Nicolas. Ne serait-ce pas préférable de transférer nos prisonniers à la Bastille plutôt que les maintenir ici où, l’expérience du passé nous le prouve, rien n’est assuré ? Si l’affaire que nous traitons est aussi grave que nous l’imaginons, nul doute qu’on tentera d’en supprimer les témoins, même et surtout s’ils participent du même

Weitere Kostenlose Bücher