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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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par quelque respiration de géant. C’est alors qu’une flamme jaillit des
fenêtres de l’église et alla en s’amplifiant comme si les portes de l’enfer
venaient de s’ouvrir, comme si le brasier de l’enfer emplissait la nef.
    Le rougeoiement des flammes ne dura qu’un instant. Aussitôt
après, le toit de l’église se souleva. Thomas vit distinctement les poutres
noires éclater comme des côtes sous la hache du boucher.
    — Doux Jésus ! jura-t-il.
    — Dieu du Ciel ! fit Robbie, les yeux écarquillés.
    Les flammes, la fumée et l’air bouillonnaient au-dessus du
chaudron de l’église ouverte sur le ciel, et les barils de poudre continuaient
à exploser les uns après les autres, en propulsant chacun une nouvelle vague de
feu et de fumée dans le ciel.
    Tous les chiens du village s’étaient mis à aboyer
furieusement et à hurler à la mort. Les hommes, les femmes et les enfants,
quant à eux, s’étaient jetés à bas de leur lit pour observer l’enfer de
l’incendie. Le vacarme des explosions qui roulait à travers les prés était
répercuté en écho par les murailles du manoir, chassant des centaines d’oiseaux
de leur gîte dans les bois. Des débris venaient s’écraser dans les douves,
projetant des éclats de glace fine qui reflétaient l’incendie et donnaient
l’impression que la bâtisse étaient entourée d’un lac de feu crépitant.
    — Jésus ! souffla Robbie, saisi de stupeur.
    Puis les deux amis coururent se réfugier vers le bois de
hêtres, sur le versant est du pâturage.
    Alors qu’ils gravissaient en trébuchant le sentier qui
menait à l’abri de la forêt, Thomas se mit à rire.
    — Voilà qui va m’expédier tout droit en enfer, dit-il
en s’arrêtant sous les arbres et en faisant le signe de la croix.
    — Pour avoir fait brûler une église ? demanda
Robbie en souriant, avec, dans les yeux, le reflet des flammes qui dansaient.
Tu devrais voir ce que nous avons fait aux Black Canons de Hexham ! Par le
Christ, la moitié de l’Écosse se retrouvera en enfer rien que pour ça.
    Mais mieux valait ne pas s’attarder. Quelques instants plus
tard, ils avaient retrouvé les ténèbres du bois. L’aube n’était pas loin. Une
lueur pointait à l’est où un gris pâle, blême comme la mort, bordait le ciel.
    — Il faut nous enfoncer plus avant dans la forêt, dit
Thomas, il faut nous cacher.
    La chasse aux saboteurs ne tarda pas à commencer. À la pique
du jour, tandis que la fumée maintenait un grand manteau noir au-dessus
d’Evecque, le comte de Coutances envoya vingt cavaliers et une meute de chiens
à la poursuite de ceux qui avaient détruit son entrepôt de poudre. Mais l’air
était froid, la terre durcie par le gel, et l’odeur à peine perceptible de la
proie s’évanouit rapidement.
    Le lendemain, le comte, dans son courroux, ordonna une
attaque. Ses troupes avaient préparé des gabions, de grands cylindres d’osier
tressé remplis de terre et de pierres, dans le dessein de combler les douves
avec ces gabions, et de se ruer ensuite sur le pont ainsi formé pour se lancer
à l’assaut du corps de garde. Le pont-levis qui y donnait accès avait été
enlevé au début du siège, offrant à la vue une voûte cintrée qui paraissait
inviter à l’assaut, car bloquée uniquement par une barricade de pierre assez
peu élevée.
    Les conseillers du comte lui rappelèrent avec sagesse qu’ils
ne disposaient pas de gabions en nombre suffisant, que le fossé était plus
profond qu’il ne le pensait, que le temps n’était pas favorable, que Vénus
était dans l’ascendant et Mars dans le déclin ; qu’en bref, il serait
judicieux d’attendre que les astres lui sourient et que la garnison soit
affamée et désespérée. Mais rien n’y fit. Le comte avait perdu la face. Il
ordonna donc de donner l’assaut et ses hommes firent de leur mieux.
    Ils restèrent protégés aussi longtemps qu’ils portaient les
gabions, car ces paniers remplis de terre pouvaient résister à n’importe quel
carreau d’arbalète. Mais, les gabions sitôt jetés dans le fossé, les
assaillants furent exposés aux carreaux des six arbalétriers de messire
Guillaume couverts par le muret de pierre élevé devant l’entrée voûtée du
manoir.
    Le comte avait lui aussi ses arbalétriers, protégés par des
pavois portés par un deuxième guerrier pendant qu’ils armaient laborieusement
leur machine. Mais les hommes qui lançaient les gabions

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