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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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n’étaient plus protégés
dès lors qu’ils étaient délestés de leur charge, et huit d’entre eux périrent
avant que leurs compagnons d’armes aient eu le temps de s’apercevoir qu’en
réalité, le fossé était trop profond et que le nombre de gabions était loin de
suffire. Ce ne fut qu’après que deux porteurs de pavois et un arbalétrier
eurent été sévèrement blessés que le comte admit enfin qu’il perdait son temps
et rappela ses troupes. Puis il voua messire Guillaume aux cent diables avant
d’aller s’enivrer.
    Thomas et Robbie survécurent. Le lendemain de leur mémorable
exploit, Thomas abattit un cerf, et le surlendemain, Robbie découvrit un
cadavre de lièvre pourrissant dans une haie. En extrayant le corps, il trouva un
piège, sans doute posé par un serf de messire Guillaume qui avait été contraint
d’abandonner sa proie. Il lava le piège dans un ruisseau et le posa à son tour
dans une haie, et, le lendemain matin, trouva un lièvre pris au collet.
    Ils ne se risquaient pas à dormir deux nuits de suite au
même endroit, mais les abris ne manquaient pas dans les fermes désertées et
brûlées. Ils passèrent la plus grande partie des semaines suivantes dans la
région du sud d’Evecque, où les vallées étaient plus profondes, les collines
plus hautes et les bois plus épais. Ils pouvaient se dissimuler sans difficulté
dans ce paysage et s’employer à alimenter le cauchemar du comte.
    Des rumeurs se mirent à courir au sein du camp des
assiégeants. On relatait la présence d’un grand homme vêtu de noir, chevauchant
un cheval clair ; l’apparition de cet homme monté sur son cheval clair, en
quelque endroit que ce fût, était immanquablement suivie de la mort de
quelqu’un. Cette mort était administrée par une longue flèche, une flèche anglaise.
Mais l’homme à cheval était sans arc ; il brandissait un épieu surmonté
d’un crâne de cerf. Or, chacun connaissait la nature de la créature qui
chevauchait le cheval blême ainsi que la signification du crâne fiché sur une
pique. Sitôt rentrés au campement, les hommes qui avaient vu l’apparition
racontaient leur aventure à leurs femmes, et les femmes couraient la crier au
chapelain du comte, qui la répétait à ce dernier. Le comte renvoyait son
chapelain en déclarant qu’il refusait de prêter l’oreille à ces contes, mais
les cadavres étaient bel et bien réels. Quatre frères venus de la lointaine
ville de Lyon pour gagner de quoi remplir leur bourse en s’enrôlant dans
l’armée des assiégeants firent leurs paquets et repartirent. D’autres
menaçaient de les imiter. La Mort rôdait à Evecque.
    Le chapelain décréta que les gens avaient subi un coup de
lune et se rendit dans la périlleuse région du sud en chantant des prières à
tue-tête et en jetant de l’eau bénite à tout-va. Le voyant revenir sans une
égratignure, le comte tança ses gens en les traitant d’imbéciles, et, dès le
lendemain, deux hommes périrent, mais à l’est, cette fois. Les contes ne firent
que gagner en ampleur. Le cavalier était désormais accompagné de chiens de
chasse géants aux yeux rougeoyants, et il n’avait plus besoin d’apparaître pour
être la cause de tous les malheurs. Qu’un cheval bronche, qu’un homme se rompe
un os, qu’une femme renverse les aliments qu’elle venait de préparer, qu’une
corde d’arbalète casse, et aussitôt, on y voyait la main de l’homme mystérieux
qui chevauchait un cheval blême.
    La belle assurance des assiégeants s’évanouit. On évoqua à
mots couverts le mauvais sort. Six hommes d’armes partirent pour le sud afin
d’aller louer leurs services en Gascogne. Ceux qui restèrent ne cessaient de
grommeler qu’ils faisaient l’œuvre du diable. Quels que fussent les efforts du
comte de Coutances, rien ne put rendre à ses hommes leur ardeur guerrière.
    Il essaya de couper des arbres pour empêcher le mystérieux
archer de tirer dans le camp, mais il y avait trop d’arbres et trop peu de
haches, et les flèches continuaient de pleuvoir. Il dépêcha un messager à
l’évêque de Caen qui écrivit une bénédiction sur un morceau de vélin et la
renvoya, mais elle n’eut aucun effet sur le cavalier à la cape noire dont
l’apparition présageait la mort. Aussi le comte, fermement convaincu, à
l’inverse de ses gens, qu’il accomplissait l’œuvre de Dieu, et craignant
d’échouer au cas où il encourrait Son courroux, en

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