Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
gloussa.
    — Tu es un être bizarre, Thomas.
    —  Melait nats bus repus.
    —  C’est du français ? Car je dois
l’apprendre.
    — Oui, tu vas l’apprendre, lui promit Thomas.
    Enfin, il distingua quelques lueurs à travers les arbres et ils
gravirent en silence la longue pente qui menait à la crête surplombant Evecque.
    Le manoir était entièrement plongé dans le noir. Les rayons
de lune scintillaient sur les douves recouvertes d’un tapis d’algues vertes,
lisse comme de la glace. D’ailleurs, peut-être était-ce vraiment de la
glace ? La clarté blanche de la lune jetait une ombre noire sur l’angle
endommagé de la tour, tandis qu’un feu rougeoyait de l’autre côté, confirmant
les soupçons de Thomas. Il y avait bel et bien un siège devant l’entrée de la
bâtisse.
    Sans doute les hommes du comte avaient-ils creusé des
tranchées à l’abri desquelles ils pouvaient arroser l’entrée de carreaux
d’arbalète, pendant que d’autres forces tentaient de jeter un pont sur les
douves en l’absence de pont-levis. Thomas se souvint des carreaux d’arbalète
crachés depuis les murs de La Roche-Derrien.
    Il frissonna sous le froid glacial. Il se dit que bientôt la
rosée se transformerait en givre et recouvrirait l’univers d’une couche
argentée. De même que Robbie, il portait une chemise de laine sous un gilet de
cuir et une cotte de mailles recouverte d’une cape, mais cela ne l’empêchait
pas de trembler de froid. Il songea avec nostalgie à leur abri et au petit feu
qui y brûlait doucement.
    — On ne voit personne, souffla Robbie.
    C’était vrai, mais Thomas n’en continua pas moins à tenter
de déceler la présence de guetteurs. Peut-être le froid avait-il amené les
soldats à s’abriter sous un toit ? Il chercha à distinguer des ombres à
proximité des flammes vacillantes, tenta de percer l’obscurité aux environs de
l’église pour y détecter un éventuel mouvement, mais tout était calme.
    Il réfléchit. Les ouvrages de siège qui faisait face à
l’entrée étaient certainement gardés, mais le guet se préparait plutôt à
arrêter quelque assiégé qui se glisserait dehors par l’arrière, qu’un éventuel
assaillant. D’ailleurs, qui serait assez hardi pour se risquer à affronter les
eaux glaciales des douves par une nuit pareille ? De plus, les assiégeants
s’ennuyaient probablement à cette heure et leur vigilance avait baissé.
    Un nuage brodé d’argent s’approcha de la lune.
    — On attend que le nuage recouvre la lune, indiqua-t-il
à Robbie, et on y va.
    — Et que Dieu nous bénisse, ajouta le jeune Écossais
avec ferveur en faisant le signe de la croix.
    Le nuage paraissait avancer très lentement. Enfin, il posa
un voile sur l’astre et le paysage faiblement éclairé se fondit dans une
pénombre grise. Une pâle lumière persistait toujours, mais sans doute ne
disparaîtrait-elle pas tout à fait.
    Thomas se leva, ôta les brindilles de sa cape et, suivi de
son ami, se dirigea vers le village en empruntant un sentier qui courait à
travers le versant est de la crête. C’était certainement une piste tracée par
les cochons que l’on emmenait manger les faines dans la forêt de hêtres pour
les engraisser. Cette pensée réveilla en lui le souvenir des cochons de Hookton
parcourant les galets, gavés de têtes de poissons, au grand dam de sa mère qui
protestait que cela dénaturait le goût de leur jambon. Ce jambon de poisson,
comme elle disait, était à mille lieues de valoir le jambon de son Weald natal.
Le jambon de son pays, dans le Kent, était selon elle du vrai jambon, nourri
aux faines et aux glands, et c’était le meilleur.
    Thomas trébucha sur une touffe d’herbe. Il avait du mal à
distinguer le sentier, car l’obscurité était devenue plus épaisse, maintenant
qu’ils étaient plus bas.
    Tout à ses visions de jambon, il en oubliait presque qu’ils
s’approchaient du village. Une frayeur soudaine se saisit de lui. Il n’avait
pas vu de guetteurs, mais… et s’ils avaient des chiens ? Un seul
aboiement, et ils étaient morts. Il n’avait pas apporté son arc, et le regretta
soudain… mais que faire d’un arc ? Tuer un chien ?
    Il se rassura un peu car le sentier éclairé par les feux de
camp était redevenu visible et permettait d’avancer d’un pas sûr.
    — Tu dois être accoutumé à cela, murmura-t-il à son
compagnon.
    — À quoi ?
    — Quand tu fais des incursions au-delà

Weitere Kostenlose Bücher