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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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convoitise. Il était donc tentant de le
déclarer félon.
    Le manoir abritait douze hommes, trois femmes et huit
chevaux, ce qui signifiait que les chevaux, sauf un, devraient porter deux
cavaliers.
    À la tombée de la nuit, alors que la pluie tombait doucement
sur les champs gorgés d’eau, messire Guillaume ordonna de poser des madriers à
l’emplacement du pont-levis et de bander les yeux des chevaux, qui furent
guidés un par un à travers le pont de fortune. Les assiégeants, engourdis par
le froid et la pluie, restèrent aveugles et sourds, alors que les guetteurs
placés aux postes avancés avaient été mis à cette place dans le but exprès
d’empêcher une telle fuite.
    Après avoir enlevé leur bandeau aux chevaux, les fugitifs se
mirent en selle et se dirigèrent vers le nord. Ils ne furent arrêtés qu’à une
seule reprise par un guet qui leur demanda leur nom. « Par le diable, pour
qui nous prenez-vous ? » répliqua messire Guillaume, d’une voix si
menaçante que le guet renonça à les questionner davantage.
    Ils atteignirent Caen à l’aube sans avoir été autrement
inquiétés. Ce ne fut que lorsqu’un guetteur vit les madriers en travers du
fossé que les assiégeants comprirent que les oiseaux s’étaient envolés, ce qui
n’empêcha pas le comte de perdre du temps à fouiller le manoir. Il trouva des
meubles, de la paille et des marmites, mais pas de trésor.
    Une heure plus tard, une centaine d’hommes en cape noire
firent irruption à Evecque. Leur chef ne portait pas de bannière et leurs écus
ne portaient pas d’armoiries. Ils paraissaient rompus à la bataille, à l’instar
de ces gens qui gagnaient leur vie en louant leurs lances et leurs épées au
plus offrant. Ils descendirent de leur monture à côté du pont de fortune et
deux d’entre eux, dont l’un était un religieux, traversèrent la cour.
    — Qu’est-ce qui a été pris ? demanda le religieux
d’un ton bref.
    Le comte de Coutances se tourna vers l’homme, qui portait une
robe de dominicain et lui demanda avec emportement :
    — Qui êtes-vous ?
    — Vos hommes se sont-ils livrés au pillage ?
Qu’ont-ils pris ? répéta le dominicain avec impatience.
    — Rien, affirma le comte.
    — Où est la garnison ?
    — La garnison ? Elle s’est échappée.
    Dans sa rage, Bernard Taillebourg cracha par terre. Guy
Vexille leva la tête vers la tour sur laquelle la bannière du comte avait pris
le relais de celle de messire Guillaume.
    — Quand se sont-ils échappés ? Et où sont-ils
allés ? demanda-t-il.
    À son ton, le comte redressa vivement la tête. En effet,
Vexille ne portait pas d’écusson sur son surcot noir.
    — Qui êtes-vous ? répéta-t-il.
    — Votre égal, répondit froidement l’homme en noir, et
mon seigneur le roi voudra savoir où ils sont partis.
    Tous l’ignoraient. Mais il apparut, aux dires des soldats,
que certains, la nuit même, avaient entendu un martèlement de sabots dans la
direction du nord. Messire Guillaume et les siens se seraient donc dirigés vers
Caen, emportant avec eux le Graal, s’ils le possédaient réellement. En
conséquence, Taillebourg ordonna à ses hommes de se remettre en selle sur leurs
chevaux fatigués.
    Ils atteignirent Caen en début d’après-midi, mais le Pentecôte voguait déjà sur le fleuve, à mi-chemin de la mer, poussé vers le nord par un
vent changeant incapable de lutter contre la marée montante. En pestant, Pierre
Villeroy s’évertuait en vain à contenir la marée, mais messire Guillaume le
pressait, s’attendant à voir apparaître ses ennemis à tout moment. Il n’était accompagné
que de deux hommes d’armes, car les autres n’avaient pas souhaité suivre leur
seigneur vers une nouvelle allégeance. À vrai dire, messire Guillaume lui-même
n’éprouvait que peu d’enthousiasme pour cette loyauté forcée.
    — Crois-tu qu’il me plaise de me battre pour Edouard
d’Angleterre ? grommela-t-il, s’adressant à Thomas. Mais ai-je le
choix ? Mon propre seigneur s’est retourné contre moi. Il ne me reste donc
plus qu’à jurer fidélité à votre Edouard. Ainsi, au moins, conserverai-je la vie.
    Telle était la raison qui le conduisait à Dunkerque. De là,
il rejoindrait les lignes anglaises qui assiégeaient Calais et ferait
allégeance au roi Edouard.
    Les chevaux avaient dû être abandonnés à quai. Messire
Guillaume n’emportait donc à bord du Pentecôte que son armure, quelques
vêtements

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