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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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ses lambeaux de toile.
    — Je déteste les bateaux, gémit-il. Ce sont des
machines contre nature. Pauvre Skeat ! Il semble en voie de guérison, je
le reconnais, mais je ne puis me vanter d’avoir fait autre chose que laver la
plaie et empêcher les gens de mettre des charmes à base de pain moisi et d’eau
bénite sur sa tête. Je trouve que la religion et la médecine ne font pas bon
ménage. Skeat vit, je pense, parce que cette pauvre Eléonore a fait ce qu’il
fallait quand il a été blessé.
    Eléonore avait remis le morceau de boîte crânienne sur le
cerveau exposé à l’air, appliqué un cataplasme de mousse et de toiles
d’araignées, puis bandé la plaie.
    — J’ai été fort attristé, pour Eléonore, ajouta-t-il.
    — Moi aussi, répondit Thomas. Elle était enceinte. Nous
allions nous marier.
    — Elle était mignonne, vraiment très mignonne.
    — Messire Guillaume a dû être attristé ?
    Mordecaï dodelina de la tête.
    — Quand il a reçu votre lettre ? C’était avant le
siège, naturellement… (Il fronça les sourcils, s’efforçant de se souvenir.)
Attristé ? Non, je ne crois pas. Il a grogné, c’est tout. Il aimait
Eléonore, assurément, mais c’était l’enfant d’une servante, pas… C’est triste.
Enfin, quoi qu’il en soit, ainsi que vous l’avez dit, votre ami sir William est
vivant. Le cerveau est une étrange chose, Thomas. Sir William comprend, à mon
avis, quoiqu’il ne puisse se souvenir. Sa parole est difficile, et ce n’est pas
étonnant, et, étrangement, il ne reconnaît personne avec ses yeux. Lorsque
j’entre dans une pièce, il m’ignore, mais il me suffit de parler pour qu’il me
reconnaisse. Nous nous sommes tous accoutumés à parler dès lors que nous
l’approchons. Vous vous y accoutumerez vous aussi. (Mordecaï sourit.) Mais
c’est bon de vous voir.
    — Ainsi, vous voyagez jusqu’à Calais avec nous ?
    — Que nenni, pas jusqu’à Calais, pauvre de moi !
(Il frissonna.) Mais je ne pouvais rester en Normandie. Je craignais fort que
le comte de Coutances, faute de messire Guillaume, ne se réjouisse de faire un
exemple avec un juif. Non, de Dunkerque, je redescendrai dans le sud. D’abord à
Montpellier, je pense. Mon fils y étudie la médecine. Et de Montpellier,
peut-être me rendrai-je en Avignon.
    — Avignon ?
    — Le pape est très hospitalier pour les juifs, expliqua
Mordecaï en se rattrapant au plat-bord, car le Pentecôte avait frémi
sous l’effet d’une petite rafale de vent, et nous avons besoin d’hospitalité.
    Tandis que le navire quittait l’embouchure du fleuve et que
les vagues froides s’étiraient vers le gris de l’horizon, Thomas s’entretint
avec messire Guillaume. Mordecaï avait laissé entendre que ce dernier s’était
montré indifférent à l’annonce de la mort d’Eléonore, mais ce ne fut pas ce qu’il
sembla à Thomas lorsqu’il évoqua le souvenir de sa fille. Messire Guillaume,
dont le visage défiguré par les cicatrices était plus dur et plus sombre que
jamais, parut prêt à fondre en larmes en entendant les détails de la mort
cruelle de sa fille.
    — Sais-tu autre chose sur les hommes qui l’ont
tuée ? demanda-t-il comme Thomas achevait son récit.
    Le jeune archer ne put que répéter ce que lui avait dit lord
Outhwaite après la bataille à propos du religieux français nommé Taillebourg et
de son étrange valet.
    — Taillebourg, répéta messire Guillaume d’un ton bref,
voilà un homme de plus à faire périr, n’est-ce pas ? (Il se signa.)
C’était une enfant illégitime, murmura-t-il comme pour lui-même, mais c’était
une gentille fille. Tous mes enfants sont morts à présent.
    Il regarda l’océan, ses longs cheveux blonds et sales
soulevés par la brise.
    — Nous avons une vaste mission à accomplir, tous les
deux : il nous faut tuer nos ennemis et trouver le Graal.
    — D’autres que nous sont à sa recherche, fit observer
Thomas.
    — Nous devons le trouver les premiers, gronda messire
Guillaume. Mais nous allons d’abord à Calais, afin que je fasse allégeance à
Edouard, et ensuite, nous nous battrons. Par Dieu, Thomas, nous nous battrons.
    Il se retourna et considéra ses deux hommes d’armes d’un air
renfrogné, comme évaluant à quel point sa fortune et ses gens avaient été
réduits par le destin. Puis, à la vue de Robbie, il sourit :
    — Ton Écossais me plaît.
    — Il sait se battre, confirma Thomas.
    — C’est

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