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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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soubresauts convulsifs. Il pleura
silencieusement, laissant les larmes rouler sur ses joues. Ses mains, son corps
tout entier étaient douloureux. Il ignorait où il se trouvait ; il savait
simplement qu’il avait été ramené à La Roche-Derrien et transporté au sommet
d’un escalier très raide, jusqu’à cette petite chambre mansardée aux murs
grossièrement plâtrés, où un crucifix était suspendu à la tête du lit. Une
fenêtre grillagée et opaque laissait filtrer une lumière sale et brune.
    Robbie poursuivit son récit. C’était lui qui avait eu l’idée
de falsifier le livre du père Ralph, et c’était Jeannette qui l’avait recopié.
Robbie avait donné libre cours à son imagination.
    — J’ai écrit des phrases en écossais, fanfaronna-t-il,
j’ai mis que le Graal était en Écosse. Tu vas voir comment ils vont fouiller
les bruyères, ces bâtards !
    Il riait, mais cela ne l’empêchait pas de noter que son ami
n’écoutait pas. Il continua à l’entretenir, jusqu’à l’entrée d’une autre personne
qui vint essuyer les larmes sur les joues de Thomas. C’était Jeannette.
    — Thomas ? Thomas ? prononça-t-elle d’une
voix douce.
    Il essaya de lui dire qu’il avait vu son fils et qu’il lui
avait parlé, mais il ne trouva pas les mots. Guy Vexille lui avait prédit qu’il
souhaiterait la mort sous la torture, et il avait dit vrai. Thomas constata
avec surprise que c’était toujours vrai ; qu’en lui ôtant sa fierté, on
l’avait laissé sans rien. Son pire souvenir n’était pas la douleur, ni
l’humiliation de ses supplications, mais la gratitude qu’il avait éprouvée
envers Taillebourg lorsqu’il avait arrêté de le tourmenter. Là était la chose
honteuse entre toutes.
    — Thomas ? répéta Jeannette.
    Elle s’agenouilla près du lit et lui caressa la joue.
    — Tout va bien, dit-elle d’une voix apaisante. Tu es
chez moi. Personne ne va te faire du mal ici.
    — Il se peut que…
    Cette nouvelle voix fit trembler Thomas de peur. Puis il
tourna la tête et vit Mordecaï. Mordecaï ? Il croyait le vieux médecin au
chaud, dans le sud !
    — Il se peut que je doive réparer les os de vos doigts
et de vos orteils, dit le docteur, et cela va vous faire souffrir.
    Il posa son sac sur le sol et expliqua sa présence.
    — Bien le bonjour, Thomas. Vraiment, je déteste les
bateaux. Nous avons attendu la nouvelle voile, et quand ils eurent fini de la
coudre, ils décidèrent qu’il n’y avait pas assez de calfatage entre les
planches, et quand cela fut fait à leur satisfaction, ils décidèrent que le
gréement devait être réparé, et c’est ainsi que ce vieux rafiot n’a toujours
pas bougé. Ah, ces marins ! Tout ce qu’ils savent faire, c’est dire qu’ils
vont prendre la mer au lieu de la prendre réellement. Mais je ne devrais pas me
plaindre, cela m’a donné le temps de réfléchir à des choses et d’autres pour le
livre de votre père, et j’y ai pris grand plaisir ! Et maintenant,
j’apprends que vous avez besoin de moi. Mon cher Thomas, que vous ont-ils
fait ?
    — Ils m’ont blessé, répondit Thomas, et ce furent ses
premiers mots depuis qu’il avait franchi le seuil de la maison de Jeannette.
    — Eh bien, il nous faut donc vous guérir, déclara
Mordecaï avec le plus grand calme.
    Il souleva la couverture qui cachait le corps meurtri du
malade. Jeannette eut un mouvement de recul, mais le vieux médecin se contenta
de sourire.
    — J’ai vu bien pire après le passage des dominicains,
bien pire, émit-il.
    Ainsi Thomas fut-il de nouveau soigné par Mordecaï. Le temps
se déroula au rythme des nuages qui passaient derrière la fenêtre opacifiée, du
soleil qui grimpait toujours plus haut dans le ciel et du pépiement des oiseaux
qui venaient prendre des brins de chaume pour construire leurs nids. Il y eux
deux jours de douleurs épouvantables lorsque Mordecaï apporta un appareil pour
recasser et éclisser les doigts et les orteils du blessé, mais la douleur cessa
au bout d’une semaine, ses brûlures guérirent et la fièvre passa.
    Jour après jour, Mordecaï examinait ses urines et déclarait
qu’elles devenaient plus claires.
    — Vous avez la force d’un bœuf, jeune Thomas !
    — Oui, et sa stupidité !
    — Vous êtes juste un peu bravache, l’apaisa le vieux
juif, vous êtes jeune et bravache.
    — Quand ils… commença le jeune archer, puis il battit
des cils au souvenir de ce que lui avait

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