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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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infligé Taillebourg. Quand ils m’ont…
parlé, je leur ai dit que vous aviez vu le livre.
    — Cela n’a pas dû leur plaire, commenta Mordecaï.
    Il avait sorti une cordelette de la poche de sa robe et
était en train de nouer l’extrémité autour d’un morceau de bois qui émergeait
d’une poutre non ébarbée.
    — L’idée qu’un juif s’intéresse au Graal n’a pas dû
leur plaire. Ils ont sans doute cru que je voulais l’utiliser comme pot de
chambre ?
    Thomas ne put s’empêcher de sourire en dépit de l’impiété de
ces paroles.
    — Je regrette, Mordecaï.
    — De leur avoir parlé de moi ? Aviez-vous le
choix ? Les gens parlent toujours sous la torture, Thomas, c’est pourquoi
la torture est si utile. Et c’est bien pourquoi la torture sera toujours
utilisée aussi longtemps que le soleil continuera à tourner autour de la terre.
Et vous me croyez plus en danger maintenant ? Je suis juif, Thomas, juif.
Bien, que vais-je faire de cela ?
    Il parlait de la cordelette, qu’il souhaitait à l’évidence
attacher au plancher. Mais il ne voyait aucun point d’ancrage possible.
    — Qu’est-ce ?
    — C’est un remède, répondit le médecin en regardant
alternativement la cordelette et le sol d’un air perdu. J’ai toujours été
maladroit en la matière. Un marteau et un clou, qu’en pensez-vous ?
    — Un clou en U, conseilla Thomas.
    Le valet faible d’esprit de Jeannette fut expédié, muni
d’instructions précises, à la recherche d’un tel clou. Il parvint à en dénicher
un, que Mordecaï demanda à Thomas de planter dans le sol. Mais ce dernier,
tendant sa main recroquevillée aux doigts recourbés comme des serres, s’en
déclara incapable. Le médecin en fut donc réduit à enfoncer lui-même le clou à
coups de marteau maladroits. Puis il tendit la corde et l’attacha de sorte
qu’elle s’étende du sol au plafond.
    — Voici ce que vous allez faire, dit-il en admirant son
œuvre. Vous allez tirer dessus comme sur une corde d’arc.
    — Je ne peux pas ! s’écria Thomas, saisi de
frayeur, en tendant encore ses mains recroquevillées.
    — Qu’êtes-vous donc ? demanda Mordecaï.
    — Ce que je suis ?
    — Ne répondez point à côté. Je sais que vous êtes un
Anglais et je présume que vous êtes un chrétien, mais hormis cela,
qu’êtes-vous ?
    — J’étais un archer, répondit Thomas avec amertume.
    — Et vous en êtes toujours un, répliqua le vieux
médecin d’un ton sec, et si vous n’êtes point un archer, vous n’êtes rien.
Alors vous allez tirer sur cette corde ! Et vous allez tirer jusqu’à ce
que vos doigts puissent se refermer dessus. Exercez-vous. Exercez-vous.
Qu’avez-vous d’autre à faire de votre temps ?
    Thomas s’exécuta, et au bout d’une semaine, il put tendre
deux doigts en face du pouce et faire résonner la corde comme une corde de
harpe. Au bout d’une nouvelle semaine, il put plier les doigts des deux mains
autour de la corde et la tendre avec une telle vigueur qu’elle se rompit. La
force lui revenait et les brûlures avaient guéri, laissant des cicatrices là où
le tisonnier avait entaillé sa peau. Mais les plaies de sa mémoire ne
guérissaient pas. Il évitait de parler de ce qui lui avait été infligé. Il ne
voulait pas s’en souvenir. Cela ne l’empêchait pas de s’exercer avec
acharnement, s’évertuant à tirer sur la corde jusqu’à la rompre. Ensuite, il
apprit à tenir un bâton et s’entraîna au combat avec Robbie dans le jardin. Et
lorsque les jours rallongèrent, à la fin de l’hiver, il entreprit des
promenades au-delà des murs de la ville. Un moulin à vent était perché sur une
colline, non loin de la porte est. Les premiers jours, il peina pour grimper la
pente avec ses orteils brisés par l’étau et ses pieds raides, transformés en
masses informes. Mais lorsque le mois d’avril eut fini de remplir les prairies
de coucous, il marchait d’un pas assuré.
    Will Skeat l’accompagnait souvent. Même si son vieux maître
était avare de paroles, il était d’agréable compagnie. Lorsqu’il parlait,
c’était pour maugréer après le temps ou se plaindre des étranges habitudes
françaises en matière de nourriture, ou, plus souvent, parce qu’il n’avait pas
de nouvelles du comte de Northampton.
    — Crois-tu que nous devrions envoyer un nouveau message
à Sa Seigneurie, Tom ?
    — Peut-être la première lettre ne lui est-elle pas
parvenue ?
    — Je

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