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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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cinquantaine
d’années, pourvu d’une masse de cheveux blancs qui avaient l’air de ne jamais
avoir rencontré ni brosse ni peigne. Il était fort, grand et ventru, juché sur
un cheval robuste sans housse, pourvu d’un simple tapis de selle. Par-dessus
une longue cotte de mailles rouillée et déchirée par endroits, il portait une
cuirasse où manquaient deux attaches. Une longue épée pendait sur sa cuisse
droite. Thomas avait l’impression de se trouver en face d’un franc tenancier [1] qui s’était rendu à la guerre avec un harnachement de bric et de broc prêté par
ses voisins. Pourtant, les archers de sir Geoffrey, qui, en le reconnaissant,
avaient ôté leurs coiffures et leurs heaumes, le traitaient avec déférence. Sir
Geoffrey lui-même paraissait s’incliner devant l’homme à cheveux blancs qui
lisait le message en fronçant les sourcils.
    —  Thésaurus , hein ? dit-il comme se parlant
à lui-même. Et une drôle d’affaire cependant ! Un thésaurus ,
vraiment !
    Thésaurus était un mot latin, mais il avait prononcé
les autres mots en français normand, convaincu qu’un archer n’était pas capable
de comprendre.
    — La perspective d’un trésor enflamme les hommes, et
même les consume, fit remarquer Thomas dans la même langue, qui lui avait été
enseignée par son père.
    — Doux Seigneur qui êtes aux cieux, vous parlez donc
français ! Quel miracle ! Thésaurus, cela signifie trésor,
n’est-ce pas ? J’ai perdu un peu du latin de ma jeunesse. C’est un prêtre
qui me l’a inculqué, et il semble qu’il se soit échappé depuis. Un trésor,
hein ? Et vous parlez français !
    Le cavalier semblait heureusement surpris que Thomas
s’exprimât dans la langue des aristocrates, mais sir Geoffrey, qui, de son
côté, n’y comprenait goutte, parut en concevoir quelque inquiétude. En effet,
cela laissait entrevoir que ce blanc-bec était de meilleure naissance qu’il ne
l’avait pensé.
    Le vieil homme rendit la missive au père Hobbe, puis se
dirigea vers l’Épouvantail.
    — Vous cherchiez querelle à un Anglais, sir Geoffrey,
et, qui plus est, à un messager de notre seigneur le roi. Comment
expliquez-vous cela ?
    — Je n’ai rien à expliquer… monseigneur, répondit
l’interpellé.
    Le dernier vocable avait été ajouté de mauvaise grâce.
    Sa Seigneurie poursuivit d’un ton doux :
    — Je devrais vous ficeler, puis vous empailler et vous
monter sur un piquet pour effrayer les corneilles, afin qu’elles ne s’en
prennent pas à mes agneaux nouveau-nés. Je pourrais vous exposer à la foire de
Skipton, sir Geoffrey, à titre d’exemple pour les autres pécheurs.
    Il parut réfléchir à cette idée pendant quelques instants,
puis secoua la tête.
    — Remontez donc sur votre cheval et allez vous battre
contre les Écossais au lieu de chercher noise à vos compagnons anglais !
    Il se tourna sur sa selle et éleva la voix pour se faire
entendre de tous, archers et hommes d’armes.
    — Vous allez tous descendre de cette colline ! Et
vivement, avant que les Écossais ne fondent sur vous ! Vous avez envie de
partager le sort de ces vauriens ?
    Il désigna les trois prisonniers écossais, désormais réduits
à l’état de formes carbonisées. Puis il fit signe à Thomas et lui demanda en
français :
    — Vous venez réellement de France ?
    — Oui, monseigneur.
    — Dans ce cas, mon cher, faites-moi la grâce de vous
entretenir avec moi.
    Ils se mirent en route vers le sud en laissant derrière eux
une croix brisée, des hommes calcinés et des cadavres hérissés de flèches, au
milieu de la brume qui était en train de se dissoudre, à Durham, où se trouvait
l’armée d’Écosse.
     
    Bernard de Taillebourg enleva le crucifix de son cou et baisa
la forme tourmentée du Christ fixée sur la petite croix de bois.
    — Dieu soit avec vous, mon frère, murmura-t-il au vieil
homme couché sur le banc de pierre recouvert d’une paillasse et d’une
couverture pliée.
    Une deuxième couverture très fine était jetée sur le vieil
homme aux cheveux blancs et clairsemés.
    — Il fait froid, articula frère Hugh Collimore d’une
voix faible, tellement froid…
    Il parlait en français, mais son accent paraissait barbare à
Taillebourg, car c’était la langue parlée par les Français de Normandie et les
souverains normands d’Angleterre.
    — C’est que l’hiver arrive, expliqua Taillebourg. On le
sent au vent.
    — Je me

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