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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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sourit derrière sa barbe et opina du chef.
    — Mignonne, dit-il en grattant les poux de sa barbe. La
mignonne plaît à Beggar.
    — Je pense que tu pourras avoir la mignonne quand j’en
aurai fini avec elle, répondit sir Geoffrey avec un horrible sourire.
    Il détacha sa cravache et la fit claquer. Thomas vit que la
longue lanière de cuir était terminée par un petit crochet de fer.
L’Épouvantail adressa un sourire cruel au jeune homme, puis ramena sa cravache
et l’agita d’un geste menaçant.
    — Mets-la nue, Beggar, dit-il. Les gars ont bien mérité
un peu de bon temps.
    Il souriait toujours lorsque Thomas lança la lourde verge de
son arc dans les dents du cheval de sir Geoffrey. Comme le jeune homme l’avait
prévu, l’animal se cabra, hennit, et l’Épouvantail, pris par surprise, tomba à
la renverse. Il chercha à se rétablir, mais en vain. Ses hommes, censés le
protéger, étaient si captivés par le spectacle des prisonniers en train de se
consumer que pas un n’eut le temps de sortir un arc ou une lame pour empêcher
Thomas d’extraire l’être malfaisant de sa selle et de le maintenir au sol en
pointant son couteau sur sa gorge.
    — Je tue des gens depuis quatre ans, dit Thomas, et ils
ne sont pas tous français.
    — Thomas ! cria Eléonore.
    — Attrape-la, Beggar, attrape-la ! cria sir
Geoffrey.
    Il tenta de se relever, mais Thomas était un archer et avec
les années passées à tendre son grand arc noir, il avait acquis une force
extraordinaire dans les bras et la poitrine. À défaut de pouvoir le renverser,
l’Épouvantail lui cracha dessus.
    — Attrape-la, Beggar ! brailla-t-il.
    Ses hommes accourus à sa rescousse s’arrêtèrent à la vue du
couteau pointé sur sa gorge.
    — Mets-la nue, Beggar ! Vite, ôte-lui ses
vêtements, à la mignonne ! On l’aura tous ! continua à beugler sir
Geoffrey, faisant fi de la lame qui menaçait son gosier.
    — Il y en a un qui sait lire par ici ? demanda le
père Hobbe, en hurlant pour surmonter les glapissements de l’Épouvantail.
    Cette question saugrenue saisit tout le monde, y compris
Beggar qui, déjà, avait arraché le bonnet d’Eléonore et posé son énorme bras
autour de son cou, tandis que sa main droite s’acharnait sur le col de sa robe.
    — Il y en a un qui sait lire ? répéta le père
Hobbe en brandissant le parchemin qu’il avait extrait d’un sac attaché sur le
dos de la jument de Thomas. J’ai ici une missive de Sa Seigneurie l’évêque de
Durham qui est avec notre doux seigneur le roi de France. Elle est adressée à
John Fossor, le prieur de Durham. Il faut être anglais et avoir combattu avec
notre roi pour être porteur d’une telle lettre. Nous la transportons sur nous
depuis la France.
    — Ça ne prouve rien ! s’entêta sir Geoffrey en
envoyant un nouveau crachat en direction de Thomas, qui n’en appuya la lame que
plus fort sur sa gorge.
    — Et dans quelle langue est écrite cette missive ?
intervint une voix.
    Un nouveau cavalier se fraya un chemin parmi les hommes de
l’Épouvantail. Il ne portait ni surcot ni jupon, mais l’emblème dessiné sur son
écu usé par les batailles représentait une coquille Saint-Jacques sur une
croix, ce qui signifiait qu’il n’appartenait pas aux sbires de sir Geoffrey.
    — En quelle langue ? répéta-t-il.
    — En latin, répondit Thomas sans lâcher la pression de
son couteau.
    — Dis à sir Geoffrey de se relever, et je lirai la
missive, ordonna le nouveau venu à Thomas.
    — Dites-lui d’abord de lâcher ma femme ! répliqua
vertement ce dernier.
    Le cavalier parut surpris de recevoir un ordre de la part
d’un simple archer, mais il ne protesta pas et s’avança vers Beggar.
    — Lâche-la, dit-il.
    Voyant que le géant n’obéissait pas, il dégaina à demi son
épée.
    — Tu veux que je te coupe les oreilles, Beggar ?
C’est ce que tu veux ? Plus d’oreilles ? Après, plus de nez, et
après, plus de queue. C’est ce que tu veux, Beggar ? Tu veux être tondu
comme une brebis en été ? Te retrouver raccourci comme un lutin ?
    — Lâche-la, Beggar, grommela sir Geoffrey d’un ton
rogue.
    Le colosse s’exécuta et recula. Le nouveau venu se pencha
pour prendre la missive des mains du père Hobbe.
    — Lâchez sir Geoffrey, ordonna-t-il à Thomas, car nous
allons vivre en paix entre Anglais aujourd’hui, au moins pour la journée.
    Le cavalier était un vieil homme d’au moins une

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