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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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fois par les chefs de clan des montagnes et des îles
alléchés par l’odeur du butin. Ces derniers étaient à la tête de tribus
sauvages ne parlant que leur propre langue et se battant comme des diables. Par
milliers, ils étaient venus grossir les rangs des guerriers dans l’espoir de
devenir riches.
    Les messagers français, leur mission accomplie, étaient
retournés dans leur pays pour annoncer à Philippe de Valois qu’Edouard
d’Angleterre allait sans aucun doute lever le siège de Calais lorsqu’il
apprendrait que les Écossais étaient en train de ravager ses terres du nord.
    L’ambassade française était retournée chez elle, mais sans
Bernard de Taillebourg, qui avait à faire dans le nord de l’Angleterre. Mais,
dès les premiers jours de l’invasion, il avait dû subir une succession de
contrariétés. L’armée écossaise était forte de douze mille hommes, elle était
plus importante que l’armée avec laquelle Edouard d’Angleterre avait défait les
Français à Crécy, mais, une fois la frontière traversée, cette grande armée
avait fait halte pour assiéger une forteresse isolée défendue par une garnison
de trente-huit hommes en tout et pour tout. Les trente-huit hommes avaient tous
péri, certes, mais on n’en avait pas moins perdu quatre jours. On avait perdu
encore plus de temps en négociations avec les habitants de Carlisle, qui avaient
donné de l’or afin que leur ville fût épargnée. Ensuite, le jeune roi d’Écosse
avait gaspillé trois jours supplémentaires en pillant le grand prieuré des
Black Canons à Hexham. Enfin, dix jours après avoir traversé la frontière et
arpenté les landes du nord de l’Angleterre, l’armée écossaise avait tout de
même atteint Durham. La ville avait offert mille livres en or pour être
épargnée, et le roi David lui avait accordé deux jours pour trouver la somme.
Ce qui signifiait que Bernard de Taillebourg avait deux jours pour trouver le
moyen d’entrer dans la ville. Et maintenant, il se retrouvait à courir derrière
sir William Douglas en glissant dans la boue, à demi aveuglé par le brouillard.
    Ils traversèrent une vallée, franchirent un cours d’eau et
gravirent la pente raide d’une colline.
    — De quel côté se trouve la ville ? demanda le
religieux à sir William.
    — Dès que le brouillard se lèvera, je pourrai vous le
dire, mon père.
    — Ils vont respecter la trêve ?
    — Les gens de Durham sont de saints hommes, mon père,
répondit ironiquement sir William, et surtout ils ont peur !
    C’étaient les moines de la ville qui avaient négocié la
rançon. Sir William, pour sa part, avait déconseillé au roi d’accepter. Il
était d’avis que si des moines offraient un millier de livres, le mieux était
de trucider les moines et de s’emparer de deux mille livres. Mais le roi ne
l’avait pas écouté. David Bruce avait passé la plus grande partie de sa
jeunesse en France et il se considérait comme un homme cultivé. Sir William ne
s’embarrassait pas de ce genre de scrupules.
    — Vous ne craindrez rien si vous réussissez à vous
faire ouvrir les portes de la ville, affirma-t-il au prêtre.
    Les cavaliers les avaient rejoints au sommet de la colline.
Sir William prit la direction du sud en longeant la crête sur un sentier bordé
de murs de pierre qui, au bout de quatre cents pas environ, aboutissait à un
hameau désert où quatre masures, si basses que leurs toits de chaume délabrés
paraissaient surgir tout droit de terre, étaient blotties les unes contre les
autres non loin d’un carrefour. Au centre de celui-ci s’élevait une croix de
pierre qui penchait vers le sud, au milieu d’un carré d’herbes folles entouré
d’ornières boueuses.
    Sir William brida son cheval pour s’arrêter devant le
monument et détailla le dragon sculpté qui entourait le pilier. Il manquait un
bras à la croix.
    Quelques hommes mirent pied à terre et allèrent inspecter
les maisons, mais ils n’y trouvèrent rien ni personne. Pourtant, dans l’une des
masures, des braises rougeoyaient encore. Les soldats en profitèrent pour
mettre le feu aux quatre toits de chaume. Mais le feu mit du temps à prendre,
car le chaume était si humide que des champignons prospéraient au cœur des
brins de paille.
    Sir William sortit un pied de ses étriers et entreprit de
renverser la croix brisée, mais elle refusa de bouger malgré ses efforts. À la
vue de l’expression désapprobatrice de Bernard de

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