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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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d’autres femmes, il y en a des
centaines ! (Dégoûté, le saint homme fit le signe de croix.) Quelle est la
mission que vous avez reçue du roi ? Que devez-vous trouver ? Je vous
ordonne de me le dire.
    — Elle était enceinte, dit Thomas, les yeux fixés sur
la haute voûte, et je devais l’épouser.
    Son âme était aussi vide et sombre que l’espace qui
s’élevait au-dessus de lui.
    — Je vous ordonne de me le dire ! s’emporta le prieur.
Au nom de Dieu, je vous l’ordonne !
    — Si le roi désire que vous sachiez ce que je cherche,
répondit le jeune homme en français, quoique le moine eût utilisé l’anglais, le
roi se fera un plaisir de vous le dire.
    Le prieur dirigea sur le chœur un regard furieux. La langue
française, langue des aristocrates, l’avait réduit au silence. Perplexe, il se
demanda qui était cet archer.
    Deux hommes d’armes s’avancèrent sur les dalles en faisant
crisser légèrement leurs cottes de mailles, désireux d’aller remercier saint
Cuthbert de leur avoir permis de survivre. Le gros de l’armée anglaise était en
route vers le nord. Après avoir pris un repos de quelques heures, elle s’était
lancée à la poursuite de l’ennemi défait ; mais quelques chevaliers et
hommes d’armes étaient entrés dans la ville où ils gardaient les prisonniers de
prix qui avaient été placés dans la résidence de l’évêque, au château.
    Le prieur se dit que, finalement, le trésor que recherchait
Thomas de Hookton n’était plus si important. Après tout, un roi avait été
capturé avec la moitié des comtes d’Écosse et leurs rançons mettraient leur
maudit pays sur la paille. Cependant, il ne pouvait chasser de son esprit le
mot thésaurus. Un trésor… et l’Église avait besoin d’or.
    Il se leva.
    — Vous oubliez que vous êtes mon hôte, dit-il
froidement.
    — Je ne l’oublie pas, rétorqua Thomas.
    Les moines lui avaient attribué un coin dans les quartiers
réservés aux hôtes, ou plutôt dans leurs écuries, car il y avait des hommes
plus importants à loger dans les chambres mieux chauffées.
    — Non, je ne l’oublie pas, répéta-t-il d’un ton las.
    Le prieur leva la tête et ses yeux se perdirent dans les
hauteurs sombres du plafond.
    — Peut-être, insinua-t-il, peut-être en savez-vous plus
long sur le meurtrier de frère Collimore que vous ne le prétendez ?
    Thomas s’abstint de répondre. Les paroles du religieux
n’avaient aucun sens, et ce dernier le savait, car ils s’étaient trouvés
ensemble sur le champ de bataille lorsque le vieux moine avait été assassiné,
et la douleur qu’il éprouvait de la perte d’Eléonore n’était pas feinte. Mais
le prieur était en colère, et déçu, et il parlait sans réfléchir. C’était là
l’effet que produisait sur les gens la perspective d’un trésor ; c’était
connu.
    — Vous resterez à Durham, ordonna le prieur, jusqu’à ce
que je vous donne la permission de partir. J’ai donné des instructions pour que
votre cheval soit maintenu à l’intérieur de mes écuries. Vous me
comprenez ?
    — Je vous comprends, répondit le jeune archer.
    Il suivit des yeux le religieux qui s’éloignait. Des hommes
d’armes entraient dans la cathédrale en faisant cliqueter leurs lourdes épées
contre les piliers et les tombes. Dans l’ombre, derrière l’un des autels
latéraux, l’Épouvantail, Beggar et Dickon surveillaient Thomas. Ils le
suivaient depuis la fin de la bataille. Sir Geoffrey portait à présent une
cotte de mailles élégante dont il avait dépouillé le cadavre d’un Écossais. Il
s’était interrogé pour savoir s’il se joindrait à la curée, mais s’était
contenté de dépêcher un sergent et une demi-douzaine d’hommes avec ordre de
s’emparer de tout ce qui leur tomberait sous la main lorsque le pillage
commencerait en Écosse. Car il était prêt à parier que si le trésor de Thomas
avait éveillé l’intérêt d’un roi, il était intéressant en soi. Aussi avait-il décidé
de suivre l’archer.
    Thomas, inconscient de tout cela, s’inclina, les yeux clos.
Il se dit que jamais plus il ne serait le même. Les muscles de son dos et de
ses bras, mis à rude épreuve par le tir tout le jour durant, étaient en feu,
tandis que les doigts de sa main droite avaient été mis à vif par la corde.
Lorsqu’il fermait les yeux, une image revenait sans cesse. C’était celle des
Écossais se ruant sur lui, soulignée par la ligne

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