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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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il serait riche.
    Il avait capturé le roi.

 
DEUXIÈME PARTIE
Le siège d’Hiver

Angleterre et Normandie, 1346-1347

 
5
    Il faisait sombre dans la cathédrale. Si sombre que les
couleurs vives peintes sur les piliers et les murs s’étaient fondues dans le
noir. La seule lueur visible provenait des cierges allumés sur les autels
latéraux et derrière la grille du chœur où vacillaient les flammes, éclairant
les moines en robe noire qui chantaient. Leurs voix tissaient une atmosphère
envoûtante dans la pénombre, s’entremêlaient, montaient et redescendaient,
jouant une musique qui eût mouillé les yeux de Thomas s’il avait encore eu des
larmes à verser. Libera me, Domine, de morte aeterna, psalmodiaient les
moines au milieu de la fumée des cierges qui s’élevait jusqu’au faîte de la
cathédrale. Délivre-moi, Seigneur, de la mort éternelle. Sur les dalles du
chœur se trouvait le cercueil ouvert dans lequel reposait le frère Hugh
Collimore, les mains croisées sur sa tunique et les yeux clos. À l’insu du
prieur, une pièce de monnaie païenne avait été placée sous sa langue par l’un
des moines, de crainte que le diable n’emporte l’âme de Collimore si le convoyeur
qui faisait traverser la rivière vers l’au-delà aux âmes des défunts n’était
pas payé.
    Requiem aeternam dona eis, Domine , chantaient les
moines, demandant au Seigneur de donner au frère Collimore le repos éternel.
Pendant ce temps, dans la ville bâtie en contrebas de la cathédrale, dans les
petites maisons accrochées au flanc du rocher, on pleurait les hommes de Durham
qui avaient laissé leur vie dans la bataille. Mais ces pleurs n’étaient rien
comparés aux larmes qui seraient versées lorsque la nouvelle du désastre
parviendrait en Écosse. Le roi avait été fait prisonnier, ainsi que sir William
Douglas et les comtes de Fife, de Menteith, de Wigtown ; le comte de Moray
avait péri, tout comme le Constable d’Écosse, le maréchal et le chambellan du
roi. Ils avaient tous été massacrés, et leurs cadavres avaient été dénudés et
couverts de moqueries par leurs ennemis. Ils étaient entourés de centaines de
compagnons dont la chair blanche, réduite en charpie, servait à présent de
régal aux renards et aux loups, aux chiens et aux corbeaux. Les étendards
écossais maculés de sang garnissaient le maître-autel de la cathédrale de
Durham et les rescapés de la grande armée de David, en fuite, étaient
pourchassés par les Anglais ivres de revanche, partis ravager et piller les
plaines basses, reprendre ce qu’on leur avait volé et se servir. Et lux
perpetua luceat eis, psalmodiaient les moines, priant pour que la lumière
éternelle éclaire le moine trépassé, tandis que, sur la crête, les autres morts
gisaient dans les ténèbres traversées par le vol des chouettes blanches.
    — Vous devez me faire confiance, chuinta le prieur, au
fond de la cathédrale.
    Des quantités de petites flammes vacillaient sur les autels latéraux
où des prêtres, dont beaucoup étaient des réfugiés des villages voisins
saccagés par les Écossais, disaient des messes pour les défunts. Le latin de
ces prêtres ruraux, souvent exécrable, était une source d’amusement pour le
clergé de la cathédrale et pour le prieur assis à côté de Thomas sur un banc de
pierre.
    — Je suis votre supérieur en Jésus, insista le prieur
qui, devant le mutisme de son jeune compagnon, fut saisi soudain d’une sainte
colère. Le roi en personne vous l’a ordonné ! C’est ce que dit la lettre
de l’évêque ! Aussi dites-moi ce que vous recherchez.
    — Je veux qu’on me rende ma femme ! répondit
Thomas.
    Il se réjouissait de l’obscurité régnant dans l’édifice, car
elle cachait ses yeux rougis.
    Eléonore était morte, le père Hobbe était mort, et le frère
Collimore était mort. Tous trois avaient été poignardés, et nul ne savait par
qui, même si un moine avait parlé d’un homme de complexion sombre, un valet qui
était venu avec le prêtre étranger. Thomas se souvint du messager qu’il avait vu
à l’aube. Eléonore était encore vivante, à l’aube, et ils ne s’étaient pas
encore querellés, et maintenant, elle était morte et c’était de sa faute. Sa
faute. Le chagrin prit le dessus, le submergea, et sa plainte monta en enflant
dans la nef de la cathédrale.
    — Taisez-vous ! lui intima le prieur, choqué par
le bruit.
    — Je l’aimais !
    — Il y a

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