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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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se relevant au fur et à mesure qu’il cherchait sa
respiration.
    Le roi l’éperonna, mais il était incapable d’avancer plus
vite. Il fit la grimace, et ce geste ouvrit la blessure de sa joue, de sorte
que le sang jaillit de sa visière ouverte et se répandit sur son surcot
déchiré. Le cheval trébucha de nouveau. Devant eux se trouvaient un ruisseau et
un petit pont de pierre. Le roi s’étonna que quelqu’un eût pu construire un
pont en maçonnerie sur un si petit cours d’eau. Alors qu’il se faisait cette
réflexion, les jambes avant de son cheval fléchirent et il roula par terre,
miraculeusement détaché de sa monture mourante. Sans s’être rompu un os, il se
releva et courut vers le pont où l’attendaient trois de ses hommes en selle,
dont l’un tenant par la bride un étalon sans cavalier. Mais il n’avait pas
encore rejoint ses hommes que déjà les flèches fusaient et atteignaient leurs
cibles en faisant faire un écart aux chevaux. L’étalon hennit, se dégagea de la
poigne de l’homme et partit au galop vers l’est, le ventre percé et dégoulinant
de sang. Un autre cheval s’écroula avec une flèche plantée profondément dans la
croupe, deux dans le ventre et une dans la jugulaire.
    — Sous le pont ! hurla le roi.
    Sous l’arche, ils trouveraient un abri, un lieu où se
cacher, et lorsqu’il aurait été rejoint par une douzaine d’hommes, ils
pourraient trouver une échappatoire. Le crépuscule n’était pas loin. Il leur
suffirait d’attendre l’obscurité et de marcher ensuite pendant toute la nuit,
et ils pourraient atteindre l’Écosse à l’aube.
    Ainsi quatre Écossais, dont un roi, se recroquevillèrent-ils
sous le pont de pierre en retenant leur souffle. Les flèches avaient cessé de
tomber, leurs chevaux étaient tous morts et le roi se prenait à espérer que les
archers étaient partis à la recherche d’une autre proie.
    — Nous allons attendre ici, chuchota-t-il aux siens.
    On entendait des cris sur les hauteurs, des martèlements de
sabots sur la pente, mais aucun son près du petit pont. Il frissonna en
évaluant l’amplitude du désastre. Son armée était perdue, ses grands espoirs
étaient réduits à néant, la fête de Noël n’aurait pas lieu à Londres et
l’Écosse était offerte à ses ennemis. Un groupe d’hommes des clans vint
patauger à travers le ruisseau, et soudain six cavaliers anglais firent leur
apparition en abattant leurs épées. Le sang tourbillonna et se mêla à l’eau
autour des pieds cuirassés du roi, qui recula dans l’ombre tandis que les
hommes d’armes éperonnaient leurs destriers et se dirigeaient vers l’ouest à la
recherche d’autres fugitifs. Lorsque les sabots résonnèrent sur le pont, les
quatre Écossais retinrent leur souffle et évitèrent même de se regarder jusqu’à
ce que le bruit eût disparu. Une trompette se mit à jouer sur la crête et ses
notes jetèrent des accents de haine, de triomphe et de mépris. Le roi ferma les
yeux pour retenir ses larmes.
    — Il vous faut voir un médecin, Sire, dit quelqu’un.
    Et le roi, en ouvrant les yeux, vit que c’était l’un de ses
serviteurs qui avait parlé.
    — Il n’y a pas de remède pour cela, répondit le roi,
faisant allusion à l’Écosse.
    — Votre joue va guérir, affirma le serviteur d’un ton
rassurant.
    David regarda son fidèle comme s’il avait parlé en quelque
langue étrangère et tout à coup, de façon horrible et sans crier gare, sa joue
grièvement blessée commença à le faire souffrir. De toute la journée, il
n’avait ressenti aucune douleur, mais à présent, il souffrait le martyre. Le
roi sentit les larmes jaillir. Non de douleur, mais de honte. Et au moment où
il clignait des yeux pour chasser ses larmes, il y eut des cris, des ombres et
des éclaboussures et des hommes qui sautaient du pont. Les assaillants étaient
armés d’épées et de lances, et ils plongèrent sous l’arche tels des chasseurs
de loutres.
    Le roi poussa son cri de défi et s’élança sur l’homme qui
lui faisait face, et sa rage était si grande qu’il en oublia de lever son épée,
et il cogna sur l’homme avec son poing cuirassé. Il sentit les dents de
l’Anglais s’écraser sous le coup, vit le sang jaillir, puis se retrouva
incapable de bouger car on le maintenait fermement. L’homme qui gisait sous
lui, à demi noyé, les dents cassées et la lèvre éclatée, se mit à rire.
    Car il avait fait un prisonnier. Et

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