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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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gauche
tremblait sous l’effort. Incapable de maintenir plus longtemps la tension de la
corde, il la relâcha, puis tira d’un coup sec et la corde vint fouetter son
avant-bras. Un éclair de plumes blanches passa à un pied du tronc d’arbre.
Robbie poussa un juron incrédule, puis rendit l’arc à Thomas.
    — Donc, toute l’astuce, c’est d’apprendre à
viser ?
    — L’astuce, répondit son instructeur, c’est de ne pas
viser. Ça se fait, tout simplement. On regarde la cible et on envoie la flèche.
    Quelques archers, paresseux, ne tendaient la corde que
jusqu’à leur œil et leur décoche était précise, mais leurs flèches manquaient
de force. Les bons archers, les archers qui défaisaient des armées ou brisaient
des rois en armure rutilante, tendaient la corde jusqu’au bout.
    — J’ai appris à une femme, l’été dernier, poursuivit
Thomas et elle est devenue bon archer. Vraiment bon archer. Elle touchait un
lièvre à soixante-dix pas.
    — Une femme !
    — Je lui ai fait utiliser une corde plus longue, de
sorte qu’il fallait moins de force, mais elle était bon archer tout de même.
    Il se remémora la joie de Jeannette à la vue du lièvre qui
s’affaissait dans l’herbe en poussant des cris, le flanc transpercé par la
flèche. Jeannette. Pourquoi pensait-il tant à elle ?
    Ils poursuivirent leur route à travers la contrée saupoudrée
de givre. Les flaques d’eau avaient gelé et les contours des haies dénudées
étaient soulignés d’une frange de blanc scintillant qui disparut peu à peu au
soleil. Ils franchirent deux ruisseaux, puis gravirent une pente traversant
deux forêts de hêtres et débouchant sur un plateau qui, lorsqu’ils y
parvinrent, se révéla un endroit sauvage recouvert d’une terre fine où jamais
la charrue ne s’était enfoncée. Hormis quelques buissons d’ajoncs qui
parsemaient l’herbe, la route courait à travers une plaine morne surmontée d’un
ciel vide. Mais, contrairement à toute attente, ce désert, loin d’être un
simple plateau qui les menait rapidement à l’abri d’une vallée boisée,
s’éternisait. Au fur et à mesure de leur progression, les deux amis sentaient
monter en eux la sensation désagréable d’être deux lièvres à découvert livrés
au regard avide des busards. Ils quittèrent donc la route pour aller marcher au
milieu des ajoncs, de façon à jouir d’un semblant de couverture.
    Thomas était aux aguets, surveillant l’horizon et se
retournant sans cesse. C’était un pays pour cavaliers, un plateau d’herbe rase
où l’on pouvait galoper à bride abattue, mais sans le moindre bosquet, sans le
moindre creux pour servir de refuge à deux hommes à pied. Et ce plateau
paraissait s’étirer à l’infini.
    À midi, ils parvinrent à la hauteur d’un cercle de pierres
dressées vers le ciel, hautes comme des hommes, et recouvertes d’une épaisse
couche de lichen. Le cercle atteignait quarante coudées de diamètre. Ils
s’adossèrent à une pierre tombée au sol pour prendre un repas composé de pain
et de fromage.
    — C’est les invités des noces du diable, pas
vrai ? dit Robbie.
    — Tu parles des pierres ?
    — Nous en avons aussi en Écosse, précisa Robbie en
enlevant des morceaux de coquille d’escargot sur la pierre. Il y a des gens qui
ont été changés en pierres par le diable.
    — Dans le Dorset, dit Thomas, les gens disent que c’est
Dieu qui les a changés en pierres.
    Robbie plissa le front à cette idée.
    — Pourquoi Dieu ferait-il une chose pareille ?
    — Pour les punir de danser le sabbat.
    — Mais non, pour ça, ils vont simplement en enfer,
répliqua Robbie en grattant paresseusement la terre avec son talon. Nous, nous
creusons sous les pierres quand nous avons le temps. Pour voir s’il y a de
l’or, tu comprends ?
    — Vous en avez déjà trouvé ?
    — Oui, parfois, dans les tertres. Des pots, et des
perles de verre. Des saletés, de toute façon. Nous les jetons en général. Et
nous trouvons des pierres de lutin, bien sûr.
    Robbie parlait des mystérieuses pointes de flèches en pierre
censées avoir été tirées par des arcs de lutins.
    Il s’étira pour mieux profiter de la caresse du faible
soleil qui était à son zénith dans le ciel d’hiver.
    — L’Écosse me manque.
    — Je n’y suis jamais allé.
    — C’est le pays de Dieu, déclara Robbie avec
enthousiasme.
    Il était encore en train de vanter les merveilles de son
pays

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