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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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cadavre.
    — Ça fait deux mois qu’il pisse sur ces murs sans en
être plus avancé pour autant, mais si vous voulez mourir à Evecque, les gars,
je vous souhaite bonne chance.
    En passant devant les murs de l’Abbaye-aux-Dames, Thomas eut
une soudaine vision de Jeannette. La jeune femme avait été sa maîtresse avant
de rencontrer Edward Woodstock, le prince de Galles. Comment lutter contre un
aussi prestigieux rival ? C’était ici, à l’Abbaye-aux-Dames, que Jeannette
et le prince avaient vécu durant le bref siège de Caen. Où était-elle à
présent ? Était-elle retournée en Bretagne ? Était-elle toujours à la
recherche de son fils ? Pensait-elle parfois à lui ? Ou
regrettait-elle d’avoir fui le prince de Galles, persuadée que la bataille de
Picardie serait perdue ? Peut-être s’était-elle remariée entre-temps. Sans
doute avait-elle emporté une petite fortune en joyaux en fuyant l’armée
anglaise, et une riche veuve d’à peine plus de vingt ans était un parti fort
intéressant.
    Robbie interrompit brutalement la songerie de Thomas en lui
demandant :
    — Que se passerait-il s’ils découvraient que tu n’es
pas écossais ?
    Le jeune homme leva les deux doigts de sa main droite, ceux
qui tendaient la corde de son arc.
    — Ils me couperaient ça.
    — C’est tout ?
    — Ils commencent toujours par ça.
    Ils cheminèrent vers le sud en traversant un paysage de
petites collines aux pentes raides, de champs étroits, de bois touffus où
s’enfonçaient de petites routes. Thomas ne connaissait pas Evecque, et bien que
ce ne fût pas très éloigné de Caen, les paysans à qui il demanda son chemin
n’en avaient jamais entendu parler. Il contourna la difficulté en s’enquérant
de la direction qu’avaient prise les soldats durant l’hiver, et obtint sa
réponse : on lui montra le sud.
    Ils passèrent leur première nuit dans une masure sans toit
qui, de toute évidence, avait été abandonnée lorsque les Anglais avaient
traversé le pays.
    Ils se réveillèrent à l’aube. Thomas tira quelques flèches
dans un arbre, uniquement pour s’entraîner. Il était en train d’arracher les
pointes de métal du tronc lorsque Robbie ramassa son arc.
    — Peux-tu m’apprendre à m’en servir ?
demanda-t-il.
    — Ce que je peux t’apprendre prendra dix minutes. Mais
le reste, il te faudra toute ta vie pour l’apprendre. J’ai commencé à tirer mes
premières flèches quand j’avais sept ans et ce n’est qu’au bout de dix ans que
j’ai commencé à être un bon archer.
    — Ça ne peut être aussi difficile que tu le dis,
protesta l’Écossais, j’ai déjà tué un cerf avec un arc.
    — Oui, mais c’était un arc de chasse.
    Thomas donna une flèche à son ami et désigna un saule qui
s’était entêté à conserver ses feuilles.
    — Tire dans le tronc.
    Robbie éclata de rire.
    — Je ne peux pas le manquer !
    Le saule était à trente pas à peine.
    — Eh bien, fais voir !
    Robbie banda l’arc et jeta un coup d’œil à son instructeur
lorsqu’il s’aperçut à quel point cette opération requérait de la force. Ce
grand arc en bois d’if était deux fois plus raide que les arcs de chasse qu’il
avait utilisés en Écosse.
    — Seigneur Jésus ! jura-t-il à mi-voix en tirant
la corde vers son nez.
    Il s’aperçut que son bras gauche tremblait légèrement sous
l’effet de la tension de l’arme. Il vérifia sa cible en laissant glisser son
regard le long de sa flèche et s’apprêtait à tirer lorsque Thomas leva la main.
    — Tu n’es pas encore prêt.
    — Du diable si je ne le suis pas ! protesta-t-il,
bien que sous la forme de grognements inarticulés, car l’arc faisait appel à
toutes ses forces pour être maintenu en position tendue.
    — Non, tu n’es pas prêt, insista Thomas, ta flèche dépasse
de l’arc de quatre pouces. Il te faut la tirer en arrière jusqu’à ce que la
pointe de la flèche touche ta main gauche.
    — Oh, doux Jésus ! gémit Robbie.
    Puis il prit une inspiration, s’arma de courage et tira
jusqu’à ce que la corde eût dépassé son nez, son œil, et se fût approchée de
son oreille droite. La pointe de la flèche toucha sa main gauche, ce qui
l’empêchait maintenant de s’aider de la flèche pour vérifier l’emplacement de
la cible. Il fronça les sourcils de contrariété et contourna cette nouvelle
difficulté en dirigeant légèrement l’arc vers la droite. Son bras

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