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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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lorsque Thomas s’endormit doucement. Celui-ci s’assoupit, mais fut
réveillé par un coup de pied de son compagnon.
    L’Écossais était perché sur le rocher.
    — Qu’est-ce qu’il y a ? s’enquit le jeune archer.
    — Du monde.
    Thomas grimpa à côté de lui et aperçut quatre cavaliers à environ
une demi-lieue au nord. Il redescendit de son perchoir, ouvrit son balluchon
pour en sortir une gerbe de flèches et banda son arc.
    — Peut-être ne nous ont-ils pas vus, dit-il avec
optimisme.
    — Si, répliqua brièvement Robbie.
    En retournant se poster sur la pierre, Thomas vit que les
cavaliers avaient quitté la route et s’étaient arrêtés. L’un d’eux se jucha sur
les étriers pour mieux voir les deux étrangers au milieu du cercle de pierres.
Ils portaient des cottes de mailles sous leurs capes.
    — Je peux en prendre trois, dit Thomas en tapotant son
arc, si tu te charges du quatrième.
    — Allez, sois bon envers un pauvre Écossais, mendia
Robbie en tirant l’épée de son oncle, laisse-m’en deux. Il me faut garnir ma
bourse, ne l’oublie pas.
    Même s’il se trouvait au loin, prêt à se battre contre
quatre cavaliers au fin fond de la Normandie, il n’en était pas moins
prisonnier de lord Outhwaite, et tenu de payer sa rançon, fixée à deux cents
livres seulement. Celle de son oncle, en revanche, atteignait dix mille livres,
et le clan Douglas, en Écosse, devait avoir bien du mal à rassembler la somme.
    Les cavaliers ne les quittaient pas des yeux. Sans doute se
posaient-ils des questions à propos de ces étrangers, mais sans les craindre le
moins du monde. Car, après tout, ils étaient à cheval, en cuirasse et armés,
tandis que les intrus étaient à pied. Par conséquent, ceux-ci ne pouvaient être
que des vilains. Et des vilains ne menaçaient en rien des cavaliers en armure.
    — Une patrouille d’Evecque ? s’interrogea Robbie à
haute voix.
    — Certainement.
    Le comte de Coutances avait sans doute des hommes qui
sillonnaient la région à la recherche de vivres. Ou alors, c’étaient des
renforts chevauchant à la rescousse du comte. Mais, quels qu’ils fussent, tout
étranger perdu au milieu de cette campagne ne pouvait être qu’une proie pour
leurs armes.
    — Ils arrivent, annonça Robbie en les voyant se mettre
en ligne.
    Les cavaliers, prévoyant que les inconnus tenteraient de
s’échapper, avaient formé la ligne pour les prendre au collet.
    — Ce sont les quatre cavaliers, hein ? poursuivit
le jeune Écossais. Je ne me souviens jamais du quatrième.
    — La mort, la guerre, la peste et la famine, lui
rappela Thomas en plaçant sa première flèche sur la corde.
    — C’est la famine que j’oublie toujours.
    Les soldats, à un quart de lieue des deux amis, avançaient
au petit galop sur la terre fine et solide, l’épée tirée. Thomas conservait son
arme baissée, de sorte qu’ils ne se préparent pas à recevoir les flèches.
Maintenant, le bruit des sabots était audible. Il pensa aux quatre cavaliers de
l’apocalypse, l’effrayant quatuor de cavaliers dont l’apparition présagerait la
fin des temps et la dernière grande bataille entre les deux et l’enfer. La
guerre apparaîtrait chevauchant un cheval couleur de sang, la famine serait sur
un étalon noir, la peste ravagerait le monde sur une monture blanche, tandis
que la mort viendrait en montant un cheval blême.
    Tout à coup, Thomas eut la vision de son père assis raide
sur son siège, la tête rejetée en arrière, entonnant en latin : et ecce
equus pallidus. Le père Ralph prenait un malin plaisir à prononcer ces mots
pour tourmenter sa gouvernante et maîtresse, la mère de Thomas. Celle-ci, bien
que ne sachant pas le latin, comprenait que ces mots évoquaient la mort et
l’enfer et pensait, à bon droit comme la suite devait le révéler, que son
prêtre de concubin invoquait l’enfer et la mort sur Hookton.
    — Et voici un cheval blême, dit Thomas.
    Robbie lui jeta un regard perplexe.
    — « Et je vis : c’était un cheval blême.
Celui qui le montait, on le nomme “la Mort”, et l’Hadès le suivait. »
    — Hadès ? Est-ce l’un des cavaliers ?
s’enquit Robbie.
    — L’Hadès, c’est l’enfer, et c’est ce que ces bâtards
vont bientôt connaître ! jeta Thomas.
    Il souleva son arc et l’arma, en proie à une soudaine
bouffée de colère et de haine envers les quatre hommes. Et la corde entonna son
chant, une note violente et

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