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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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mort ?
    — Tu lui as à moitié coupé la tête, répondit son ami,
qu’est-ce que tu crois ?
    — Je crois que je vais lui prendre sa bourse, répliqua
Robbie en s’agenouillant à côté du mort.
    L’un des deux hommes atteints par les flèches de Thomas
était toujours vivant. À chaque respiration, un gargouillement sortait de sa
gorge, accompagné de bulles roses qui séchaient sur ses lèvres. C’était celui
qui s’était écroulé sur sa selle. Il gémit lorsque Thomas le fit tomber à
terre.
    — Va-t-il vivre ? s’enquit Robbie, qui s’était approché
pour voir ce que faisait son compagnon.
    — Par le Christ, non ! répondit le jeune archer en
sortant son couteau.
    — Doux Jésus ! s’exclama Robbie en reculant. Tu
avais vraiment besoin de lui trancher la gorge ?
    — Je ne veux pas que le comte de Coutances sache que
nous ne sommes que deux, expliqua Thomas. Je veux que le comte de Coutances
soit frappé de terreur. Je veux qu’il croie que les cavaliers du diable en
personne sont à la poursuite de ses hommes.
    Ils rassemblèrent les quatre cadavres et, après une chasse
épuisante, parvinrent à ramener les quatre chevaux. Des corps et des sacoches,
ils sortirent près de quatre-vingts livres de mauvaises pièces d’argent, trois
bonnes dagues, quatre épées, une bonne cotte de mailles que Robbie réclama pour
remplacer la sienne, et une chaîne en or qu’ils coupèrent en deux avec l’une
des épées de leur butin. Puis Thomas prit les deux épées les moins bonnes pour
les planter au bord de la route et y attacher une paire de chevaux. Il fixa
solidement en travers de leur selle deux des cadavres qui se retrouvèrent
pendants de part et d’autre, les yeux vitreux et la peau striée de sang. Les
deux autres corps, délestés de leurs cuirasses, furent placés sur la route, et,
dans chacune des deux bouches, Thomas introduisit des touffes d’ajoncs. Ce
geste n’avait aucune signification, mais, pour ceux qui trouveraient les corps,
il évoquerait des choses étranges, voire sataniques.
    — C’est pour inquiéter ces scélérats, expliqua Thomas.
    — Avec quatre cadavres, ils auront déjà un coup au
cœur.
    — Oui, mais s’ils y voient la marque du diable, ils en
trembleront de tous leurs membres.
    Le comte de Coutances se gausserait s’il savait que les
seuls renforts de messire Guillaume se réduisaient à deux jeunes gens, mais il
ne pourrait ignorer quatre cadavres assortis de signes étranges. Et il ne
pourrait ignorer la mort.
    Lorsque les corps eurent été disposés, Thomas prit la grande
cape noire, les pièces d’argent et les armes, le meilleur des étalons et le
cheval blême.
    Car le cheval blême appartenait à la Mort.
    Ainsi équipés, Thomas et Robbie avaient de quoi fabriquer
des cauchemars.

 
8
    À l’approche d’Evecque, les deux jeunes gens entendirent
éclater un unique coup de tonnerre. Le village ne pouvait être loin, car ils chevauchaient
à travers un pays où les fermes et les maisons avaient été entièrement
détruites, et Thomas en déduisit qu’ils devaient se trouver sur les terres du
manoir. Le grondement fit lever la tête à Robbie, qui considéra d’un œil
perplexe le ciel clair, assombri cependant de nuages noirs au sud.
    — Ce ne peut être le tonnerre, il fait trop froid,
dit-il. Mais peut-être qu’en France, ce n’est pas pareil ?
    Ils quittèrent la route et suivirent un sentier de ferme qui
serpentait à travers un bois et aboutissait à un bâtiment réduit en cendres,
dont les restes calcinés continuaient à fumer doucement. Brûler ces maisons
était parfaitement inutile, et l’ordre n’en avait peut-être pas été donné par
le comte de Coutances, mais messire Guillaume défiait son ancien suzerain
depuis si longtemps et les soldats étaient tellement accoutumés à perpétrer des
ravages que le pillage et le saccage étaient inévitables. Thomas songea qu’il
n’avait pas agi autrement en Bretagne. Il avait écouté les cris et les
protestations des familles sur le point de voir leur foyer partir en fumée,
puis avait tranquillement mis le feu au chaume. C’était la guerre. Les Écossais
faisaient la même chose aux Anglais, les Anglais aux Écossais, et ici, le comte
de Coutances l’infligeait à ses propres serfs.
    Un deuxième coup de tonnerre résonna, et aussitôt après, un
grand voile de fumée s’éleva dans le ciel à l’est. Thomas le montra à son
compagnon. Robbie, reconnaissant

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